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France: Buisson, au coeur du scandale, un conseiller de l'ombre controversé

France: Buisson, au coeur du scandale, un conseiller de l'ombre controversé

Conseiller de l'ombre, l'historien et politologue Patrick Buisson, au centre d'un scandale en France pour avoir espionné Nicolas Sarkozy, est une figure complexe et controversée, partisan d'une fusion des droites jusqu'à l'extrême.

L'ancien président (2007-2012) était fasciné par cet homme de 64 ans érudit, paradoxal - "catholique de tradition", il a signé une somme sur l'érotisme pendant l'Occupation allemande - qui rêvait d'inspirer aussi la future campagne présidentielle de 2017.

Aujourd'hui, il est qualifié à droite de traître pour avoir enregistré des conversations professionnelles et personnelles de Nicolas Sarkozy, à l'insu de ce dernier, et qui sont diffusées au grand jour depuis mercredi par des médias.

Si au sein du principal parti d'opposition UMP, beaucoup lui imputent une responsabilité majeure dans la défaite de 2012, pour cause de rapprochement avec les thèses du Front national, il avait aussi réussi "à décomplexer une grande partie de l'électorat UMP", avait relevé en 2012 la présidente de ce parti d'extrême droite, Marine Le Pen.

"Sarkozy, je ne l'ai pas fini", avait confié sûr de lui le conseiller à l'été 2013 à un journaliste.

Le scandale Buisson lui ne semble en tout cas pas prêt de s'achever, à en croire Henri Guaino, autre ex-conseiller UMP de Nicolas Sarkozy, selon lequel il y aurait encore en réserve des centaines d'heures d'enregistrement réalisées par Patrick Buisson au moyen d'un petit dictaphone caché dans une poche de son costume...

Grand, marchant légèrement voûté, physique austère - crâne chauve, lunettes - c'est "un homme d'intuition", selon un de ses anciens clients sondeurs, qui admire sa capacité à être "intéressé par les choses iconoclastes".

En 2005, il avait surpris et séduit Nicolas Sarkozy en prophétisant un non massif au référendum constitutionnel européen, quand presque tous prévoyaient la victoire du oui.

A l'Elysée, après la victoire de 2007, il était un visiteur régulier du président mais sans bureau ni fonction dans l'organigramme. Tous alors sollicitaient ses conseils, son éclairage, se rengorgeait-il en privé.

Sa qualité d'e-conseiller de l'ancien chef de l'Etat vaut aujourd'hui à Patrick Buisson de se retrouver au coeur d'une affaire de sondages commandés par l'Elysée sans appel d'offres, notamment à sa société Publifact. Cette affaire fait l'objet d'une enquête judiciaire.

Docteur en Histoire - sa thèse portait sur les relations France-Algérie -, Patrick Buisson est un ancien journaliste d'extrême droite. Il a fait ses armes de 1981 à 1987 à l'hebdomadaire "Minute", où il avait la dent dure contre la gauche du président François Mitterrand.

Dans ce journal, il relatait avec un regard très favorable la percée du président du Front national, Jean-Marie Le Pen, passé à cette époque d'un relatif anonymat aux premiers rôles.

Intellectuel hypercultivé, Patrick Buisson se faisait le chantre de l'union des droites, jusqu'à l'extrême.

Discours sur l'identité nationale, sécurité, immigration, suspension des accords de Schengen, référendum pour réformer l'assurance-chômage: autant de trouvailles martelées dans les meetings sarkozystes, attribuées à cette éminence grise ("l'Hémisphère droit de Sarkozy" avait un jour titré le journal Le Monde).

Dans les adresses du candidat Sarkozy "aux petits, aux sans-grade", beaucoup voyaient aussi une partition signée de cet expert friand d'enquêtes d'opinion.

L'un de ses objectifs en 2012 était de reconquérir les classes moyennes paupérisées, exilées aux marges périurbaines qui se tournent vers le Front national.

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