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Après l'escalade verbale sur l'Ukraine, Kerry et Lavrov à Paris pour esquisser une sortie de crise

Après l'escalade verbale sur l'Ukraine, Kerry et Lavrov à Paris pour esquisser une sortie de crise

Après plusieurs jours d'une escalade verbale d'une intensité sans précédent entre Moscou et Washington depuis la chute de l'Union soviétique, les chefs des diplomatie américaine et russe tentaient mercredi d'esquisser un plan de sortie de crise en Ukraine lors d'entretiens à Paris.

Au terme d'un déjeuner de travail du Groupe de soutien international (GIS) au Liban, John Kerry et Sergueï Lavrov se sont retrouvés pour un café sur la terrasse ensoleillée du palais présidentiel, avec leurs homologues français et allemand, Laurent Fabius et Frank-Walter Steinmeier, a constaté un journaliste de l'AFP. Ils ont alors parlé de l'Ukraine, selon une source diplomatique. Ils doivent se revoir dans l'après-midi.

Selon un diplomate américain, John Kerry a demandé à Sergueï Lavrov que la Russie et l'Ukraine aient des "entretiens directs".

Les deux hommes, rompus aux discussions sensibles et qui ont appris à se connaître lors de négociations difficiles -- de la guerre en Syrie au dossier du nucléaire iranien --, cherchent des solutions alors que la situation s'enlise sur le terrain. En Crimée, soldats ukrainiens et membres des forces russes se font en effet face dans les bases et aéroports militaires de la péninsule du sud de l'Ukraine depuis le déploiement le 28 février de milliers d'hommes armés vêtus d'uniformes sans écusson militaire mais que la population comme les journalistes sur place définissent aisément comme des soldats russes.

Avant d'arriver à Paris, le ministre russe des Affaires étrangères avait déclaré que la Russie "ne permettra pas un bain de sang" en Ukraine.

Alors que les Occidentaux cherchent une solution diplomatique, le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a annoncé que Paris et Berlin voulaient proposer un "plan de sortie" de crise qui pourrait être discuté dès mercredi à Paris.

Ce plan, a détaillé M. Fabius, revient sur certains points de l'accord du 21 février conclu à Kiev après plusieurs journées d'affrontements violents entre autorités et manifestants pro-européens: "un gouvernement d'union, le fait que les Russes se retireraient, le fait que s'il y a des milices extrémistes, elles seraient dissoutes, et le fait que la Constitution de 2004 s'applique et qu'on aille vers une élection présidentielle".

Également présent à Paris, le ministre ukrainien des Affaires étrangères Andriï Dechtchitsa a martelé le souhait des nouvelles autorités de régler "pacifiquement" la crise avec la Russie.

"Nous ne voulons pas combattre les Russes. Nous voulons maintenir un bon dialogue, de bonnes relations avec le peuple russe. Nous apprécions tous les contacts possibles", a déclaré le ministre ukrainien à la presse.

Parallèlement, les Européens ont présenté un plan d'aide massif d'au moins 11 milliards d'euros sur deux ans en faveur de l'Ukraine, à la veille du sommet européen extraordinaire sur la crise dans ce pays.

Mardi, les chefs de l'Etat russe et américain avaient multiplié les propos acerbes, le président Barack Obama estimant que Vladimir Poutine ne "trompait personne" avec ses déclarations sur l'Ukraine alors que le maître du Kremlin fustigeait les Occidentaux et ses "entraîneurs" qui ont formé des "unités de combat" en Ukraine, en référence aux contestataires du célèbre Maïdan de Kiev, théâtre de la contestation jusqu'à la chute du président Viktor Ianoukovitch.

Sur le terrain, les forces russes ont investi mercredi la base de lancement de missiles d'Evpatoria, un site militaire hautement stratégique en Crimée, faisant monter la tension.

Après des jours de confrontation silencieuse où les forces russes se contentaient généralement d'encercler les casernes et les bases et de jauger les soldats ukrainiens, cette intrusion sur un site hautement symbolique constitue une étape de plus dans la crise qui se joue dans cette péninsule baignée par les eaux de la mer Noire.

Le sort d'une seconde base, près de Sébastopol qui abrite la flotte russe de la mer Noire, a lui mis en lumière l'aspect parfois surréaliste, voire ubuesque de la crise en Crimée. Cette base, que des forces russes avaient encerclée puis pénétrée dès le 28 février, a été attaquée par des manifestants... pro-russes.

L'attaque a été repoussée sans violences par les soldats ukrainiens sous l'oeil des forces russes, selon les témoignages recueillis mercredi par l'AFP.

Mais des signes montrent que Washington cherche également une porte de sortie pour la Russie. L'idée, mentionnée par Barack Obama lors de l'appel téléphonique à Vladimir Poutine samedi, est de répondre point par point aux inquiétudes formulées par Moscou au sujet de la situation chez son voisin, selon un haut responsable de la Maison Blanche.

Alors que les Ukrainiens et les Occidentaux craignaient une opération militaire de grande envergure en Ukraine, M. Poutine a estimé mardi que l'envoi de troupes russes n'était "pas nécessaire pour le moment".

Pour leur part, les Etats-Unis vont intensifier les entraînements aériens conjoints avec la Pologne et augmenter leur participation à la protection de l'espace aérien des pays baltes.

Environ 16.000 soldats russes, dont au moins 5.000 arrivés ces derniers jours, occupent la Crimée où ils cernent la plupart des sites stratégiques (navires de guerre, casernes, bâtiments de l'administration).

Moscou encaisse difficilement les conséquences économiques de sa politique en Ukraine. La Russie a dû vendre lundi des devises étrangères pour un montant record de 11,3 milliards de dollars en une journée, le "lundi noir", afin de soutenir le rouble soumis à de fortes pressions en raison du conflit en Ukraine.

Parallèlement, les sénateurs russes travaillent sur un projet de loi permettant de confisquer les biens des entreprises européennes et américaines si des sanctions étaient imposées à la Russie.

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