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Ukraine: la Crimée sous contrôle pro-russe, panique sur les marchés

Ukraine: la Crimée sous contrôle pro-russe, panique sur les marchés

L'Ukraine a accusé lundi la Russie d'augmenter sa présence militaire en Crimée contrôlée de facto par des commandos armés, les Occidentaux multipliant les menaces d'isolement contre Moscou dans cette crise qui a semé un vent de panique sur les marchés financiers.

Face à l'un des plus graves conflits entre l'Occident et la Russie depuis la chute du mur de Berlin en 1989, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a appelé lundi à garantir "l'indépendance, l'unité et l'intégrité territoriale de l'Ukraine", exhortant la Russie à "s'abstenir de tout acte qui pourrait mener à une nouvelle escalade".

L'Union européenne a menacé de remettre en cause ses relations avec la Russie en l'absence de "désescalade" en Ukraine tandis que le Conseil de sécurité de l'ONU devait se réunir une nouvelle fois pour discuter de la crise.

"En l'absence de mesures de désescalade de la part de la Russie, l'UE devrait décider des conséquences sur les relations bilatérales entre l'UE et la Russie", ont indiqué les ministres européennes des Affaires étrangères dans une déclaration, obtenue par l'AFP, à l'issue d'une réunion d'urgence.

Les autorités ukrainiennes ont accusé la Russie de continuer à faire arriver massivement des militaires en Crimée, avec l'atterrissage en 24 heures de dix hélicoptères de combat et huit avions de transport, sans que l'Ukraine ne soit prévenue, contrairement aux accords entre les deux pays qui prévoient que Kiev soit informé 72 heures à l'avance de tels mouvements de troupe.

La Russie a déjà augmenté de 6.000 soldats sa présence en Crimée, péninsule du sud de l'Ukraine, qui abrite la flotte russe de la mer Noire, d'après le ministère ukrainien de la Défense.

Moscou a désormais un "contrôle opérationnel complet" sur la Crimée, a estimé dimanche à Washington un responsable américain, sous couvert de l'anonymat. Lundi, toutes les bases militaires ukrainiennes étaient encerclées par des soldats non-identifiés agissant pour le compte des autorités pro-russes, selon le ministère ukrainien de la Défense.

Selon les militaires ukrainiens, la marine russe leur a posé un ultimatum de se désarmer d'ici mardi matin, faute de quoi elle lancerait des assauts, ce que la Russie a démenti.

Le Premier ministre russe Dmitri Medvedev a lancé le projet de construction d'un pont reliant son territoire à la Crimée.

La Russie avançait par ailleurs ses pions dans d'autres régions ukrainiennes. Quelque 300 manifestants pro-russes ont pris d'assaut dans l'après-midi l'administration régionale de Donetsk (est de l'Ukraine), fief du président déchu Viktor Ianoukovitch.

En déplacement à Kiev, le ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague, a mis en garde la Russie sur le "prix à payer" pour son action en Ukraine, après avoir rencontré les nouvelles autorités au pouvoir après la destitution le 22 février du président Viktor Ianoukovitch.

"Cela ne peut pas être la manière dont les relations internationales doivent se régler au XXIe siècle. Ce n'est pas acceptable et il y aura des conséquences et un prix à payer", sur le plan économique et diplomatique, a-t-il jugé.

Le vice-président des Etats-Unis Joe Biden a appelé lundi Moscou à un repli de ses forces en Ukraine et à un "dialogue politique avec le gouvernement ukrainien".

Les marchés financiers russes ont été pris d'un mouvement de panique, inquiets des conséquences sur l'économie déjà chancelante de la Russie des possibles sanctions qui pourraient être imposées à Moscou, évoquées par le secrétaire d'Etat américain John Kerry dimanche.

La Bourse de Moscou a terminé la séance sur un plongeon de plus de 10%, le rouble est tombé à un record de faiblesse face à l'euro comme au dollar. La crise ukrainienne a fait aussi vaciller la Bourse de New York, le Dow Jones et le Nasdaq abandonnant 1% en première partie de séance.

A Genève, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a dénoncé les menaces de "sanctions" et de "boycottage" et justifié l'action de la Russie en Ukraine, jugeant que les ultranationalistes menaçaient "la vie et les intérêts régionaux des Russes et des populations parlant russe".

Son ministère a été plus direct encore, jugeant dans un communiqué "inadmissibles" les menaces de M. Kerry, qui doit se rendre mardi à Kiev pour réaffirmer le "soutien fort des Etats-Unis à la souveraineté, l'indépendance et l'intégrité territoriale de l'Ukraine". Il sera précédé par le numéro deux de l'ONU, Jan Eliasson.

Dimanche, les dirigeants des pays les plus industrialisés ont annoncé la suspension de leurs préparatifs en vue du sommet du G8 à Sotchi (Russie) en juin.

Une équipe du Fonds monétaire international (FMI) doit de son côté arriver mardi à Kiev pour discuter d'un plan d'aide avec les nouvelles autorités qui ont requis l'assistance financière de l'institution.

Jouant la carte de l'apaisement, le porte-parole de la chancelière allemande Angela Merkel a indiqué que cette dernière estimait qu'il n'était "pas trop tard" pour trouver une solution politique à la crise en Ukraine, et qu'il n'y avait "pas d'option militaire".

L'Otan a, elle, appelé dimanche Moscou et Kiev à rechercher une "solution pacifique" à la crise à travers le "dialogue" et le "déploiement d'observateurs internationaux", selon son secrétaire général, Anders Fogh Rasmussen.

"La Russie ne veut pas la guerre avec l'Ukraine", a répondu dimanche soir le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Grigori Karassine.

Sur le terrain, la situation restait tendue en Crimée entre les deux camps, même si aucun affrontement n'a été rapporté dans cette péninsule russophone du sud de l'Ukraine.

Plusieurs sites stratégiques de la péninsule, bases militaires, aéroports ou bâtiments officiels ont fait l'objet de blocages par des hommes en armes, dont l'uniforme ne porte aucun signe distinctif mais qui sont selon toute vraisemblance des soldats russes.

Coup dur pour les autorités de Kiev, l'amiral Denis Berezovski, commandant en chef de la marine ukrainienne, nommé il y a quelques jours par le président par intérim Tourtchinov, a annoncé dimanche qu'il prêtait allégeance aux autorités locales pro-russes de Crimée.

Des hommes armés et cagoulés bloquaient lundi matin l'entrée au QG de la marine ukrainienne à Sébastopol pour empêcher le nouveau commandant nommé par Kiev d'y accéder.

bur-neo/gmo/bir

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