Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Orphelins de Chavez, les Vénézuéliens en attendent plus de Nicolas Maduro

Orphelins de Chavez, les Vénézuéliens en attendent plus de Nicolas Maduro

Face à face dans la rue, les manifestants pro-et anti gouvernement au Venezuela s'opposent sur l'aptitude du président Nicolas Maduro à résoudre les difficultés économiques du pays, mais tous semblent se rejoindre autour d'un constat: Hugo Chavez, décédé il y a un an, aurait probablement fait mieux.

Un an après le décès du charismatique président Hugo Chavez, dont les 14 années de pouvoir ont creusé les clivages au sein de la société, "pro" et "anti" gouvernement se démènent pour défendre leur camp alors que la situation économique du pays se dégrade.

Depuis un mois, sous l'impulsion des étudiants, des manifestations visent chaque jour le gouvernement de Nicolas Maduro, accusé de mauvaise gestion. Elu en avril 2013, l'héritier politique de Hugo Chavez répond quasi-systématiquement en convoquant ses partisans dans la rue.

"Pendant cette année sans Chavez, cela va de mal en pis avec l'insécurité, les pénuries, l'inflation, les problèmes avec les devises. Cela peut-il être pire?", s'interroge Anabella, une avocate de 44 ans, en énumérant les maux dénoncés par ce mouvement soutenu par l'opposition.

"Cela fait trois mois que je ne trouve pas de papier toilette, Je dois utiliser des serviettes. Qui profite de tout cela, dites moi?, proteste Lucy Oliveira, une publicitaire de 40 ans, en marge d'un rassemblement dans l'est de Caracas, où se trouvent les quartiers les plus aisés.

"Chavez est mort depuis un an, mais il est encore présent dans mon coeur. Même si Maduro n'est pas et ne sera jamais Chavez, il a poursuivi le legs de notre commandant (...) Le plus important est que la révolution continue", semble répondre Angel Huice, gardien de 54 ans tout de rouge vêtu, dans le cortège d'une manifestation "chaviste".

"Sans la révolution il n'y a pas de vie, sans la révolution nous serions de nouveau exclus", poursuit-il en référence aux nombreux programmes sociaux financés par la rente pétrolières instaurés par Hugo Chavez.

Divisés quant à la capacité de M. Maduro à sortir le pays de l'ornière, ces Vénézueliens semblent toutefois s'accorder sur un point: Hugo Chavez aurait probablement fait mieux que cet ancien chauffeur de bus venu à la politique par le syndicalisme.

Assis sur un trottoir après avoir affronté les forces de l'ordre à coups de pierres sur la Placa Altamira, foyer de nombreux heurts en février, Daniel Iglesias, étudiant en journalisme de 22 ans, reprend son souffle.

"Nous n'avons été bien ni avec Chavez ni avec Maduro, mais au moins Chavez avait un projet", concède-t-il.

A quelques mètres de là, un autre jeune de 20 ans au visage dissimulé sous une capuche monte la garde devant une barricade improvisée à l'aide de poubelles, pneus et planches de bois.

"Pour moi Maduro est pire que Chavez, qui n'aurait pas laissé le pays plonger dans cette situation. Il avait du coeur pour le Venezuela".

Au moment où l'impatience gagne les rangs des protestataires, les militants chavistes appellent à l'indulgence pour l'ex-ministre des Affaires étrangères, bombardé en quelques mois à la tête de ce pays de 30 millions d'habitants.

En pleine marche pro-gouvernement, l'étudiant Whitnyson Colmenares avoue faire une confiance aveugle dans le choix du président défunt.

"Ce qui se passe, c'est que nous nous sommes habitués à Chavez, mais il faut laisser du temps au président. Je suis sûr qu'il va y arriver, sinon le commandant ne lui aurait pas laissé la main", assure-t-il.

"Il apprend à être président. Qu'il le fasse bien ou mal, Maduro est pour la révolution et pour cela il faut le suivre. Ce qui m'importe c'est que la révolution soit au pouvoir".

L'inflation et les pénuries "sont causées par l'opposition qui n'a de cesse de nous attaquer", plaide de son côté Yanistra Hernandez, une fonctionnaire de 46 ans, reprenant à son compte le discours officiel. Plus discrètement, elle reconnaît toutefois que Chavez, à la différence de Maduro, "savait toujours comment résoudre les problèmes".

De son côté, Justina Aliendre, qui tient une échoppe dans le quartier du 23 janvier, un bastion chaviste, regrette que la vie quotidienne les Vénézuéliens se soit dégradée et qu'il faille désormais "faire la queue pour tout".

Quand à Maduro, sentence-t-elle, "il tente d'imiter (Chavez), mais il n'a pas" son charisme.

pc/mb/ag/bir

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.