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La Corée du Nord entre confrontation et conciliation

La Corée du Nord entre confrontation et conciliation

Main tendue ou poing fermé, la Corée du Nord envoie des messages contradictoires sur ses intentions. Dernier épisode en date: la grâce d'un missionnaire australien et le tir de missiles Scud annoncés ce lundi.

"Le Nord présente un double visage avec d'un côté des gestes de conciliation et de l'autre des provocations inconsidérées", s'est agacé le ministère sud-coréen de la Défense par la voix de son porte-parole, Kim Min-Seok.

De plus en plus isolée depuis l'arrivée au pouvoir fin 2011 de Kim Jong-Un, héritier de l'unique dynastie communiste de l'Histoire, la Corée du Nord semble enfin disposée au dialogue après des mois d'invectives, de menaces et de gesticulations militaires.

Aux tir de fusée (décembre 2012), essai nucléaire (février 2013) et actes de sabotage économique (fermeture de l'usine intercoréenne de Kaesong en avril 2013) succèdent les gestes de conciliation.

La Corée du Nord a rouvert le site de Kaesong en septembre et consenti à organiser en février des réunions de familles séparées par la guerre de Corée (1950-53), renonçant à exiger l'annulation des manoeuvres annuelles américano-sud-coréennes.

Le Nord n'a pas procédé à de nouveaux tirs de fusée -- considérée par les Occidentaux comme un missile balistique -- ni d'essai nucléaire après les deux derniers qui lui ont valu des sanctions renforcées au Conseil de sécurité des Nations unies.

Et le régime a annoncé lundi la libération d'un missionnaire australien arrêté le mois dernier après avoir été accusé de propagande religieuse.

Une mesure exceptionnelle dont n'a toujours pas bénéficié un ressortissant américain, Kenneth Bae, détenu depuis novembre 2012 pour avoir tenté de "renverser" le régime.

Par ailleurs des diplomates et des membres de la Croix-Rouge japonais étaient attendus lundi à Pyongyang pour rencontrer leurs homologues nord-coréens.

Ce rendez-vous entre deux Etats fortement antagonistes, dont les relations restent infestées par les contentieux non réglés de la colonisation japonaise (1910-45), témoigne lui aussi des bonnes dispositions apparentes du Nord qui qualifiait jusqu'à des dates récentes le Premier ministre japonais Shinzo Abe de "Hitler asiatique".

En sus des dossiers bilatéraux dont il devrait être question (enlèvements de citoyens japonais durant la Guerre froide, compensations et excuses du Japon pour son occupation de la péninsule coréenne), Pyongyang cherche à relancer les négociations sur son programme nucléaire qui pourraient déboucher sur un allègement des sanctions.

Or le Japon est partie prenante de ces négociations à Six (les deux Corées, la Russie, le Japon, la Chine et les Etats-Unis).

Mais la politique nord-coréenne se distingue par son inconstance, ses volte-face et ses contradictions. Tout équilibre est fragile sur la péninsule, toute promesse volatile.

"La Corée du Nord reste plus imprévisible que jamais", notait ainsi Mark Fitzpatrick, chercheur à l'Institut international d'études stratégiques (IISS), après la purge au sommet engagée en décembre par Kim Jong-Un qui a éliminé plusieurs "ennemis de l'intérieur", dont son propre oncle Jang Song-Thaek.

Eclatante illustration de cet entre-deux permanent, Pyongyang a fait coïncider lundi l'annonce de la libération du missionnaire australien avec le tir de deux missiles à courte portée, après des tirs de même nature la semaine dernière.

Et tandis que s'achevaient les réunions de familles fin février -- les premières depuis 2010 -- le Nord faisait brièvement pénétrer un patrouilleur dans les eaux territoriales sud-coréennes.

Le missionnaire John Short, 75 ans, avait été arrêté à la mi-février après avoir distribué des "tracts bibliques" dans un temple bouddhiste de Pyongyang.

Epuisé et éprouvé à son arrivée lundi à Pékin, l'Australien a confessé ses "crimes", selon l'agence officielle nord-coréenne KCNA. "J'ai conscience d'avoir commis des actes indiscutablement hostiles (...) et je demande pardon", selon ses aveux signés présentés par Pyongyang.

Si la Corée du Nord a avancé une mesure de clémence "humanitaire", Yang Moo-Jin, professeur à l'Université des études nord-coréennes de Séoul, y voit un calcul stratégique.

"Retenir quelqu'un de l'âge et de la nationalité de Short n'aurait apporté aucun bénéfice politique, cela aurait même pu être un fardeau", estime-t-il.

La Corée du Sud a pour sa part donné lundi le coup d'envoi de deux jours d'exercices à tirs réels mobilisant les trois armées pour tester ses défenses orientales contre une invasion nord-coréenne.

burs-gh-gab/abk

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