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Crimée: les larmes d'un soldat russe devant une base ukrainienne

Crimée: les larmes d'un soldat russe devant une base ukrainienne

Un soldat russe pleure, appuyé contre un arbre, à cinquante mètres d'une base militaire ukrainienne que son unité encercle à Bakhtchissaraï, en Crimée.

"Comprenez-le, il a honte de ce qui se passe ici", explique Goulia, dont le fils est de l'autre côté du petit mur, à l'intérieur de cette base située au sud de Simféropol, la capitale de la péninsule.

"C'est terrible de se battre entre nous", ajoute cette femme qui clame fièrement qu'elle est "citoyenne d'Ukraine".

"Nous ne sommes pas contre vous, n'ayez pas peur", lance-t-elle à l'adresse des camarades du jeune militaire aux yeux bleus qui ne cherche même pas à cacher ses larmes.

Refusant de dire son nom ou à quelle unité il appartient, il hoche timidement la tête en signe d'assentiment lorsque le journaliste de l'AFP lui demande s'il est russe.

Non loin de là, un camion militaire est garé en travers de l'allée menant à la base, dont le portail d'entrée métallique gris est barré d'un énorme "Stop".

Pour les officiers ukrainiens qui en sortent brièvement, il ne fait d'ailleurs guère de doute que la vingtaine de soldats visibles, kalachnikov en bandoulière, en tenue de camouflage sans aucune marque de reconnaissance et faisant nonchalamment les cent pas, appartiennent à l'armée russe.

"Il n'y a qu'à voir leurs uniformes", déclare ainsi à l'AFP le lieutenant-colonel Vladimir Dokoutchaïev.

Son supérieur, le commandant de la base, se montre plus explicite encore, révélant qu'un des négociateurs envoyés pour parlementer avec lui la veille, juste après que ces mystérieux assaillants eurent pris position à cet endroit, "s'est présenté comme étant un capitaine de la Fédération de Russie".

"Ils ont avancé deux exigences", raconte le colonel Sergueï Stechenko, de la Marine ukrainienne : "déposer nos armes à l'armurerie" et que ces installations soient désormais placées sous la gestion commune des Ukrainiens et de "forces de la Fédération de Russie".

"On ne peut pas le faire, nous avons prêté serment à l'Ukraine. On doit rester fidèle au peuple ukrainien. C'est notre terre", souligne l'officier, coiffé d'une chapka malgré un soleil de plomb.

"Ils n'ont aucune attitude belliqueuse (...) Ils ne veulent pas tirer sur nous et nous ne voulons pas tirer sur eux", poursuit l'officier. Mais "s'ils se mettent à ouvrir le feu, nous riposterons (...) Nous avons assez d'armes et de munitions".

"Personnellement, je ne comprends pas pourquoi" on en est arrivé à une telle situation, "on espère que cela se règlera de manière pacifique", conclut-il, sans souhaiter préciser combien d'hommes, des professionnels, pas des appelés, il a sous son commandement.

De l'extérieur, il est tout juste possible d'apercevoir un blindé au milieu d'une cour. Sur la route, de Bakhtchissaraï à Simféropol, à une trentaine de kilomètres plus au nord, quelques camions de transport de troupes circulent et un blindé s'est immobilisé. Cinq soldats en sont sortis et se sont déployés en cercle.

Les Ukrainiens ont dénoncé lundi l'arrivée massive de militaires russes en Crimée, conquise par la Russie à la fin du XVIIIe siècle et rattachée à l'Ukraine en 1954, du temps où ces deux pays étaient des "républiques soeurs" au sein de l'URSS.

Et ce qui se déroule actuellement à Bakhtchissaraï est loin d'être un cas isolé, nombre d'autres bases de l'armée ukrainienne sur cette presqu'île connaissant un sort identique.

bds/gmo/bir

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