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Paul Simon & Sting au Centre Bell : double dose

Paul Simon & Sting au Centre Bell : double dose
PC

MONTRÉAL – Deux géants de la musique pop, Sting et Paul Simon, ont trouvé ensemble un équilibre afin de proposer une panoplie de leurs succès composés au fil des dernières décennies. D’un côté, l’élégance et la sveltesse à l’anglaise et de l’autre, la bonhomie et le casual à l’américaine. À mi-chemin, un raffiné concert de 150 minutes livré au Centre Bell de Montréal, vendredi soir.

Projet plutôt étonnant, ce spectacle est né d’une proposition faite à Sting par Simon, l’un de ces jours à New York : partir ensemble en tournée. L’idée assez simple en théorie aurait pu donner des résultats décevants sur scène. Pas facile de créer un concert qui respecte à la fois les amateurs et le travail de deux monstres vivants de la musique qui décident de sauter subitement sur une même scène pour partager leurs œuvres réciproques.

Cela dit, le jeu en valait la chandelle.

Sting (62 ans) et Simon (72 ans) ont ouvert la soirée côte à côte pour interpréter les pièces Brand New Day, Boy In Bubble et Fields of Gold.

Ensuite, c’était au tour de Sting (avec sa basse) de proposer notamment Every Little Thing She Does Is Magic (une pièce de son ancien groupe The Police) et Englishman in New York, dans une formule relativement fidèle à l’originale avec la clarinette, à laquelle le groupe a ajouté la trompette et le saxophone. Sont également passées I Hung My Head, Driven to Tears et Walking on the Moon, cette dernière étant un brin reggae et bonifiée par de beaux arrangements rock, question de respecter l’esprit du vieux band anglais.

Vous avez deviné, Paul Simon est arrivé par la suite avec sa guitare pour offrir à son tour des chansons de son cru. Mais avant, question de créer une transition plus séduisante, Sting et Simon ont chanté ensemble Mother and Child Reunion, écrite par l’Américain. Sans cérémonie, Sting a ainsi laissé la scène à son compagnon le temps qu’il interprète 50 Ways to Leave Your Lover (groovy, jazzy, sympa, l’audience a adoré), Dazzling Blue (très feutrée) et la fameuse Graceland, portée par un souffle rock-country qui évoquait un trip parfait aux States.

Rien d’étonnant de constater alors que chaque artiste trimbale son propre groupe de musiciens, qui se retrouvent à jouer tous ensemble pour quelques chansons, lorsque le jeu s’y prêtre.

Belle fragilité

Une dizaine de minutes plus tard, Fragile (écrite par Sting) était superbement présentée par les deux hommes, la voix du Britannique (généralement plus d’attaque que son comparse) se mélangeant merveilleusement bien à celle de Simon. Une autre agréable transition.

Toujours la guitare acoustique au cou, Sting a chanté America (du très populaire duo Simon and Garfunkel) avec délicatesse. Plus tard, la très rock Message in a Bottle (moment fort) emballait les spectateurs. L’immortelle Roxanne (une autre de The Police) est ensuite arrivée dans des habits rafraîchis : les Montréalais sont complètement charmés. Visiblement, ces deux chansons sont encore et toujours aussi efficaces. Même constat pour le morceau suivant, The Boxer (une autre Simon and Garfunkel), offert en duo. Excellent folk-country soyeux pimenté par des airs mexicains à la trompette.

Simon a enchainé avec Hearts and Bones (doucereux party de guitares qui confirme de nouveau le talent des musiciens), That Was Your Mother, Diamonds on the Soles of Her Shoes et You Can Call Me Al. C’est surtout à cette période du spectacle que nous avons senti que la musique de Simon, très folk-rock’n’roll-R’n’B, a aussi fait de la place aux influences africaines, jamaïcaines et louisianaises au cours de sa carrière.

Love & Trouble

Au rappel, on a entendu Bridge Over Troubled Water, sur laquelle Sting a suggéré une réinterprétation sensible (quelle voix quand même) de la partie de Garfunkel.

Quant à Simon, qui était aussi au micro à ce moment, on n’a pu qu’apprécier son immense talent de mélodiste. Pour les deux autres pièces (Every Breath You Take et Late in the Evening) les deux hommes ont réitéré avec la formule duo.

Juste avant la tombée de rideau, ils ont chanté – avec guitares acoustiques seulement -, la géniale et décontracte When Will I Be Loved? signé The Everly Brothers, l’un des beaux moments du concert.

Grosse machine qui fonctionne

Malgré le fait que cette tournée n’a commencé qu’au début du mois de février, le rendu général est quasi impeccable. La douzaine de musiciens, ainsi que la très talentueuse choriste, font du solide travail, tout en s’amusant.

Malgré le fait aussi que Sting et Simon dénotent, de prime abord, peu d’affinités communes excepté l’immensité de leur répertoire, les deux géants donnent l’impression que ça colle. Même passion pour la musique, même instinct de créateur, peut-être. Bref, nos craintes étaient dissipées après le premier tiers du concert : on a heureusement senti cette complicité indispensable à ce genre de production.

Quelques blagues et petites lignes préparées, certes, quelques gestes d’inconfort aussi, mais qui contribuent néanmoins à construire un univers dans lequel on se plaît à voyager. Autre point positif à ce show totalisant plus de trente chansons, plusieurs vieux classiques sont ragaillardis d’arrangements sophistiqués et brillants qui créent de jolis ponts entre le passé et le présent.

Dans l’ensemble, les vieux routiers offrent un très bon show.

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