Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Crimée : en état de siège, le quartier du Parlement à Simféropol arbore le drapeau russe

Crimée : en état de siège, le quartier du Parlement à Simféropol arbore le drapeau russe

Le quartier du Parlement de Crimée semblait en état de siège samedi avec la mise en batterie de deux mitrailleuses pointées vers l'extérieur et le déploiement de dizaines d'hommes en uniforme à ses abords, dans un territoire du Sud de l'Ukraine dont les pro-russes prennent chaque jour un peu plus le contrôle.

Kalachnikov à la main, les "soldats", casqués et encagoulés, qui ont pris position dans tout le centre de Simféropol, la capitale, ne portent aucun signe distinctif.

Ils sont appuyés par des dizaines de militants pro-russes sans armes apparentes, mais ayant une façon toute militaire de s'exprimer.

Des centaines de personnes, dont certaines portant à bout de bras un immense drapeau russe, ont défilé toute la journée dans les rues, scandant "Russie ! Russie !", "Crimée, lève toi !" ou encore "Le fascisme ne passera pas !".

En première ligne, on pouvait voir un homme mal rasé, en treillis et coiffé d'un bonnet, l'oreille collée à un téléphone portable, le même "officier à la retraite" qui était la veille le "porte-parole" du groupe de "civils" arrivés dans la nuit à proximité immédiate de l'aéroport avec une dizaine de jeunes gens en uniforme militaire...

La colonne est passée, avenue de la Victoire, devant le ministère de l'Intérieur, dont l'accès est, lui aussi, désormais contrôlé par des "volontaires", membres de milices d'autodéfense favorables à un retour dans le giron de la Russie de cette péninsule qui a fait partie de l'Empire russe (à partir de la fin du XVIIIe siècle), puis de la République fédérative de Russie au sein de l'URSS, et ce jusqu'en 1954.

Mais, image désormais presque incongrue, le drapeau ukrainien bleu et jaune flottait encore au sommet de ce bâtiment en milieu d'après-midi...

Sur la place Lénine, à nouveau accessible ce samedi après avoir été interdite d'accès pendant deux jours par la police en raison de la prise par un commando du siège du gouvernement qui y a hissé les couleurs russes, une demi-douzaine de "soldats" et de "militants" pro-russes battaient le pavé sous un pâle soleil.

Aucun véhicule blindé n'était en revanche visible et les commerces étaient normalement ouverts en dehors du périmètre de sécurité mis en place autour de l'immense bâtisse blanche abritant l'Assemblée.

Mais des témoins ont fait état du déplacement d'un convoi de transport de troupes (une vingtaine de blindés et de camions) vendredi soir sur la route menant de Sébastopol, où se trouve la grande base navale russe de la flotte de la mer Noire, à Simféropol.

Ces véhicules militaires avaient des plaques d'immatriculation russes, a dit l'un d'eux.

A Moscou, réuni en session extraordinaire, le Conseil de la Fédération (chambre haute du Parlement), a approuvé, à l'unanimité, la demande présentée peu auparavant par le président Vladimir Poutine d'autoriser "le recours aux forces armées russes sur le territoire de l'Ukraine, jusqu'à la normalisation de la situation politique dans ce pays".

En outre, un correspondant de l'AFP arrivé par la route de Kiev a dû franchir, à Armiansk, à l'entrée de la Crimée, à environ 150 km au nord de Simféropol, un poste de contrôle improvisé près duquel montaient la garde une centaine de cosaques pro-russes venus de Kouban. Une ville de Russie toute proche de cette presqu'île un peu plus petite que la Belgique et peuplée en majorité de russophones.

"Ce sont des salauds ! Je me demande qui les manipule, on devrait les arrêter car ils sont armés", s'emporte Dmitri Pavlovitch, un officier à la retraite âgé de 76 ans, une canne à la main.

Mais son point de vue n'est pas le moins du monde partagé par les dizaines d'autres badauds rassemblés en face du Parlement au sommet duquel des hommes armés ont remplacé dans la nuit de mercredi à jeudi les couleurs de l'Ukraine par celles de Russie.

"S'ils n'étaient pas là, ce serait bien pire, ce serait comme à Kiev", où 83 personnes, dont une quinzaine de policiers, ont été tuées en trois jours dans des violences qui ont entraîné la semaine dernière la destitution du président Viktor Ianoukovitch, estime ainsi Andreï, un étudiant en anorak blanc, en désignant les hommes en uniforme.

"Nous sommes très heureux que les Russes aient été capables de faire cela. L'essentiel est que cela se soit déroulé sans qu'il y ait de victimes et sans coups de feu (...) Je veux que nous fassions partie de la Russie", renchérit Ekaterina Petrossevitch, âgée de 16 ans.

bds/thm/sym

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.