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Venezuela : mobilisation contre la répression policière

Venezuela : mobilisation contre la répression policière

Quelques centaines d'étudiants, opposants et journalistes étaient rassemblées vendredi à Caracas pour dénoncer les atteintes aux droits de l'homme commises par les forces de l'ordre en marge des manifestations antigouvernementales qui ont fait 17 morts en trois semaines.

"Nous avons recensé et vérifié puis présenté au défenseur du peuple ainsi qu'au parquet 33 cas de traitements cruels et inhumains ou de tortures", a déclaré à la presse Alfredo Romero, président de l'ONG Forum pénal vénézuélien.

Son organisation avait appelé à manifester, sous le mot d'ordre "Tous au secours des droits de l'homme".

L'association "a déjà préparé des dossiers pour plusieurs instances internationales", dont la Commission interaméricaine des droits de l'homme, a-t-il ajouté.

En début d'après-midi, la manifestation, où flottaient de nombreux drapeaux du Venezuela, rassemblait quelques centaines de personnes dans l'est de la capitale. Une minute de silence a été observée à la mémoire des victimes de ces trois semaines de mobilisation, a constaté une journaliste de l'AFP.

Selon cette organisation non-gouvernementale, 772 personnes ont été détenues de façon abusive depuis le 9 février, dont 34 n'ont toujours pas été relâchées et moins de la moitié ont été déférées devant un tribunal.

Le Syndicat national des travailleurs de la presse, avait également appelé à manifester. Il a dénoncé au moins 70 cas de harcèlement, de menaces, de détentions arbitraires ou de vols contre des journalistes locaux et étrangers.

Vendredi matin, la procureure générale du pays, Luisa Ortega Diaz, a admis devant la presse que 27 enquêtes avaient été ouvertes en raison d'exactions supposées des autorités.

"Le ministère public ne va permettre sous aucun prétexte que soient violés les droits de l'homme", a-t-elle souligné.

Elle a par ailleurs livré un nouveau bilan de ces semaines de manifestations, faisant état de 17 morts et 261 blessés.

Plusieurs décès par balle ont été recensés, parfois du fait des forces de l'ordre, parfois du fait d'inconnus s'en prenant aux manifestants. D'autres sont des morts accidentelles (chutes, accidents de la route, etc.)

Plus d'une dizaine de membres des forces de l'ordre ont été placés sous les verrous, donc cinq agents des services de renseignements (Sebin), accusés de la mort par balle de deux jeunes hommes - un opposant et un partisan du pouvoir - le 12 février, jour où la mobilisation a commencé à devenir plus violente.

Depuis Bogota, la principale figure de l'opposition, le gouverneur et ancien candidat à la présidence, Henrique Capriles, a critiqué "le gouvernement qui parle de paix mais réprime", affirmant qu'on ne peut "pas éteindre un feu avec de l'essence".

Les autorités doivent comprendre que "le dialogue n'est pas un monologue", faute de quoi, la mobilisation va se poursuivre, a-t-il pronostiqué.

Par ailleurs, la justice a ordonné jeudi l'arrestation d'un deuxième opposant au président socialiste Nicolas Maduro, confronté à la plus importante vague de contestation depuis son élection de justesse en avril, qu'il qualifie de "tentative de coup d'Etat" soutenue par Washington.

Selon le parti Voluntad Popular (droite), Carlos Vecchio est recherché pour association de malfaiteurs et incitation à la violence, des charges identiques à celles retenues contre Leopoldo Lopez, 42 ans, l'un des fers de lance de la mobilisation, emprisonné depuis le 18 février.

Depuis début février, le Venezuela est le théâtre de manifestations étudiantes appuyées par l'opposition sur le thème de l'insécurité et du coût de la vie, qui s'achèvent régulièrement par des incidents violents en soirée.

Vendredi, le secrétaire d'Etat américain John Kerry a de nouveau exhorté le gouvernement à dialoguer avec l'opposition : "Ils doivent tendre la main et avoir un dialogue, réunir les gens et résoudre leurs problèmes (...) On a besoin de dialogue au Venezuela, pas d'arrestations et de violences dans les rues".

"Nous travaillons de très près avec la Colombie et d'autres pays pour essayer de voir comment mettre sur pied une sorte de médiation (au Venezuela)", a ajouté M. Kerry à l'issue d'une réunion avec son homologue colombien, Maria Holguin.

La veille, bien que marquée par un reflux en ces débuts de congés pour le Carnaval, la mobilisation s'était poursuivie avec son cortège de défilés, de blocages d'axes routiers ou ses concerts de casseroles, à Caracas, Valencia, Maracay ou encore San Cristobal, berceau du mouvement.

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