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Thaïlande: les manifestants vont mettre fin à leur "paralysie" de Bangkok

Thaïlande: les manifestants vont mettre fin à leur "paralysie" de Bangkok

Les manifestants qui réclament depuis quatre mois la chute du gouvernement thaïlandais ont annoncé vendredi qu'ils allaient abandonner la plupart de leurs sites, mettant ainsi un terme à leur "paralysie" proclamée de Bangkok.

Cette annonce fait suite à une chute de la mobilisation et à une recrudescence des tirs et jets de grenades contre des campements le plus souvent désertés la journée mais occupés le soir.

Les contestataires, qui bloquent depuis mi-janvier plusieurs carrefours cruciaux de la capitale, vont se regrouper sur une base, au parc Lumpini, a déclaré leur dirigeant Suthep Thaugsuban.

"Nous allons rouvrir toutes les intersections à partir de lundi, et nous aurons une seule scène à Lumpini", a-t-il précisé, notant que cette décision était destinée à faciliter la circulation.

"Je compatis avec les habitants de Bangkok qui se sont joints au combat", a-t-il ajouté.

Mais il a souligné que cela ne mettait pas un terme à la lutte contre le gouvernement de la Première ministre, Yingluck Shinawatra.

"Nous allons accélérer pour parvenir à un dénouement aussi rapidement que possible (...), au courant du mois de mars", a-t-il promis.

Des dizaines voire des centaines de milliers de militants avaient participé en janvier au lancement de l'opération de "paralysie" de Bangkok, mais leur nombre s'est depuis largement réduit, atteignant seulement quelques milliers chaque jour.

Les protestataires, alliance hétéroclite des élites de Bangkok, d'ultra-royalistes et d'habitants du sud, réclament depuis l'automne le départ de Yingluck.

Ils lui reprochent notamment d'être une marionnette de son frère Thaksin Shinawatra, ancien Premier ministre en exil, renversé par un putsch en 2006.

Alors que les partis pro-Thaksin ont gagné toutes les législatives depuis plus de dix ans, les protestataires accusent également la famille Shinawatra de corruption et d'utiliser l'argent public pour s'assurer le soutien des campagnes du nord et du nord-est, coeur de son électorat.

La crise, qui a donné lieu à des fusillades et attaques à la grenade contre les rassemblements, ainsi qu'à des affrontements violents entre police et militants, a fait depuis l'automne 23 morts et des centaines de blessés, dont quatre enfants tués le week-end dernier dans deux incidents séparés.

Les manifestants ont également bloqués nombre d'administrations et de ministères, en particulier le siège du gouvernement, forçant Yingluck à travailler dans des lieux temporaires.

Les législatives anticipées du 2 février n'ont pas réussi à apaiser les tensions.

Les manifestants, qui veulent remplacer le gouvernement par un "conseil du peuple" non élu, ont en effet largement perturbé le scrutin, et aucun résultat n'a été annoncé avant de nouveaux votes partiels.

D'ici là, le gouvernement est condamné à expédier les affaires courantes, avec des pouvoirs limités qui le rendent plus vulnérable, selon les experts, à une intervention de la justice qui a déjà chassé deux gouvernements pro-Thaksin, en 2008.

L'intervention pourrait venir cette fois de la commission anticorruption qui accuse Yingluck de négligence en lien avec un programme controversé d'aides aux riziculteurs, une procédure qui pourrait conduire à sa destitution.

Autre coup dur pour la Première ministre: la justice lui a interdit d'utiliser la force contre les manifestants, limitant sa marge de manoeuvre.

Suthep a, de son côté, indiqué jeudi qu'il était prêt à rencontrer Yingluck en face à face, mais seulement si les discussions étaient retransmises en direct à la télévision.

La Première ministre avait alors semblé prête à des pourparlers si les manifestants mettaient d'abord un terme à leurs rassemblements.

Depuis le coup d'Etat de 2006, la Thaïlande est engluée dans un cycle de crises à répétition. La précédente, en 2010, avait fait plus de 90 morts et 1.900 blessés.

Jusqu'à 100.000 "chemises rouges" pro-Thaksin avaient alors occupé le centre de Bangkok pour réclamer la démission du gouvernement de l'époque, avant un assaut de l'armée.

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