Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Punaises de lit: des locataires envisagent des poursuites

Punaises de lit: des locataires d'HLM de Laval envisagent des poursuites
Radio-Canada

Des locataires d'Habitations à loyer modique (HLM) de Laval intentent des procédures devant la Régie du logement contre l'Office municipal d'habitation de Laval. Les locataires réclament des milliers de dollars pour des biens perdus en raison d'une infestation de punaises de lit qui a débuté en juin 2013.

Un texte de Francis Labbé

Deux locataires ont déjà présenté leur dossier devant le tribunal de la Régie du logement. Elles réclament chacune environ 6000 $ pour perte de biens et dommages moraux.

Ces locataires n'ont pas voulu rendre publique leur identité, par crainte de nuire à leur réputation et aussi par crainte de rendre leurs relations plus difficiles avec l'Office municipal d'habitation de Laval.

L'une d'elles, Julia (nom fictif), affirme avoir dû remplacer tous ses meubles en raison des punaises de lit. « Nous avons peur de nous asseoir sur nos divans en sachant qu'il y a peut-être des punaises. Les enfants ont même peur d'entrer dans leur lit parce qu'ils ont peur d'être piqués. Ça nuit à leur sommeil », raconte-t-elle.

Nathalie Brière habitait elle aussi Place Saint-Martin à Laval. Elle a résilié son bail en novembre dernier pour habiter un logement beaucoup plus cher à Montréal. « L'Office municipal d'habitation a fait des traitements, mais les punaises revenaient tout le temps », confie-t-elle.

« Après les traitements, les enfants étaient malades, moi aussi, et ça ne donnait rien. J'ai demandé une résiliation de bail. » Nathalie Brière a contacté elle aussi une avocate pour obtenir un dédommagement. « Quand on habite dans un HLM, c'est parce qu'on a besoin d'aide. On n'a pas besoin de problèmes supplémentaires », affirme-t-elle.

Reproches à l'OMH

Jusqu'à maintenant, quatre locataires et ex-locataires ont amorcé des démarches pour obtenir des dédommagements en raison de punaises à Place Saint-Martin. Selon nos informations, une cinquième s'apprêterait à le faire aussi. Elles reprochent à l'Office de n'avoir pas traité le problème comme il le fallait, dès le départ. « Chez nous, ils donnaient des traitements préventifs alors qu'il y avait déjà des punaises », affirme Nathalie Brière.

« Mes clientes allèguent que l'Office municipal d'habitation de Laval n'a pas rempli ses obligations de garantir que le logement puisse servir à son utilisation normale », explique Me Karine Pelletier, qui représente Julia et une autre plaignante, devant la Régie du logement.

L'OMHL voudrait faire plus

L'Office municipal d'habitation de Laval reconnaît le problème. « Il y a seulement quelques logements qui sont touchés », raconte Sylvain Carré, directeur de l'entretien à l'OMHL.

« Nous avons beaucoup appris depuis les derniers mois. Maintenant, nous donnons un préavis plus long avant les traitements et nous aidons les locataires à faire les préparatifs nécessaires, ce qu'ils ne faisaient pas toujours », explique Sylvain Carré. Le directeur admet que la lutte contre les punaises est difficile parce que les insectes ont trouvé refuge à l'intérieur des murs. « Il faut leur tendre des pièges et traiter lorsqu'on nous les signale », poursuit-il.

Depuis 9 ans, l'Office a triplé son budget d'extermination. Une dizaine de traitements ont été donnés à Place Saint-Martin depuis juin. Le dernier remonte à la fin janvier. Difficile de dire si le problème est réglé. « Elles sont revenues après chaque traitement », commente Julia.

Code du logement et enjeu électoral

La situation du logement social à Laval n'est pas rose. Plus d'un millier de personnes attendent un logement de l'Office municipal d'habitation, qui compte un parc immobilier vieillissant et, dans certains cas, insalubre.

« C'est difficile de prévoir des travaux majeurs d'entretien lorsque le financement n'est pas stable », explique André Dénommé, directeur général de l'OMHL. « Nous avons vingt immeubles à refaire pendant l'année. Mais si nous ne recevons notre budget seulement en mai, on ne pourra pas y arriver. »

La ville de Laval voit deux solutions à ces problèmes. La première, doter la ville d'un code du logement qui prévoira du soutien aux locataires en cas de plaintes et qui permettra à la Ville d'inspecter plus efficacement la salubrité des logements.

« Nous préparons l'écriture de ce code, c'est une promesse électorale. Il sera prêt pendant l'actuel mandat », explique Nicolas Borne, conseiller municipal et président du CA de l'Office.

La deuxième solution se trouve à Québec : accorder à la Ville de Laval le statut de Ville mandataire en matière de logements sociaux.

« Avec un statut de Ville mandataire, nous serions priorisés lorsque des sommes sont disponibles pour logements sociaux. Nous pourrions aussi choisir quels projets sont priorisés », explique André Dénommé. « Nous allons demander aux candidats aux prochaines élections ce qu'ils comptent faire en matière de logements sociaux pour Laval »

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.