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Venezuela: mobilisation en baisse en début de Carnaval

Venezuela: mobilisation en baisse en début de Carnaval

Les étudiants qui protestent depuis trois semaines au Venezuela contre la gestion du président Nicolas Maduro se sont à nouveau mobilisés jeudi à Caracas, mais en rangs clairsemés en ce début de Carnaval, accompagné de plusieurs jours fériés.

Entre 2.000 et 3.000 personnes se sont rassemblées dans le quartier de Chacao, dans l'est aisé de la capitale, pour protester une fois encore contre l'insécurité, les pénuries et l'inflation mais aussi contre la répression envers les manifestations qui agitent quotidiennement le pays.

Cette manifestation, convoquée sous le mot d'ordre "Pas un mort de plus", s'est déroulée dans le calme, mais des incidents sont survenus lorsque environ 200 personnes issues du cortège ont tenté de bloquer une autoroute à proximité. Elles ont été dispersées par les forces de l'ordre, qui ont fait usage de gaz lacrymogènes, a constaté un photographe de l'AFP.

Gerardo Blyde, maire du district de Baruta, où les incidents ont eu lieu, a indiqué sur Twitter que "20 personnes" avaient été prises en charge médicalement pour des écorchures et des irritations dues aux gaz.

La journée a également été marquée par les commémorations du "Caracazo", insurrection populaire de 1989 contre le président Carlos Andres Perez qui avait fait des centaines de morts.

Dans la matinée, alors que débutait une succession de six jours fériés à l'occasion du Carnaval, des blocages de routes ont été rapportés dans quelques quartiers de l'est de Caracas et à Valencia, troisième ville du pays et important pôle industriel. A Maracay, des habitants ont fait état de pillages de magasins d'alimentation et d'alcool.

Dans la capitale, plusieurs milliers de partisans du gouvernement ont convergé vers le palais présidentiel de Miraflores pour une cérémonie officielle afin de célébrer l'anniversaire de la révolte de 1989, où était attendu le président Nicolas Maduro qui s'est finalement décommandé.

Soutenu par une partie de l'opposition, le mouvement étudiant était initialement focalisé sur l'insécurité record dans cet État pétrolier.

Le bilan des violences survenues depuis le début des manifestations le 4 février est de 14 morts, dont au moins huit par balle, et de 140 blessés, dans un pays où l'on a déploré en 2013 une moyenne de 65 meurtres par jour, selon l'Observatoire sur la violence, une ONG locale.

Mercredi soir, le président Maduro, qui assimile cette grogne à une tentative de coup d'Etat fomentée avec l'aide de Washington, a réuni au palais présidentiel des représentants du patronat, de l'épiscopat, des intellectuels, des journalistes, des députés et des gouverneurs de province.

Retransmise à la télévision, l'opération s'est résumée à un discours du président, suivi de prises de parole d'une cinquantaine d'intervenants, mais aucun dialogue n'a eu lieu ni aucune décision prise.

La rencontre a de plus été marquée par l'absence des dirigeants de la Table de l'unité démocratique (MUD), principale coalition de l'opposition, et de sa principale figure, Henrique Capriles, battu d'un cheveu par M. Maduro à l'élection présidentielle d'avril 2013.

M. Capriles et la MUD ont refusé de se prêter à ce qu'ils ont qualifié de "farce". Ils réclament la fin de la répression et le libération de l'opposant radical Leopoldo Lopez, incarcéré le 18 février pour incitation à la violence.

"Nous ne pouvons attendre qu'il y ait une escalade (...) en ce contexte de grande commotion nationale nous appelons au dialogue", a déclaré à l'ouverture de la rencontre l'héritier politique d'Hugo Chavez (1999-2013).

Jorge Roig, président de la Fedecamaras, le patronat vénézuélien, était l'une des rares voix de l'opposition à cette réunion.

"Notre pays ne va pas bien, président, nous sommes en train de nous entre-tuer entre Vénézuéliens et cela est grave. Vous avez une responsabilité; en tant que chef de l'Etat vous vous devez d'apaiser les esprits", a exhorté M. Roig, régulièrement accusé par les autorités d'oeuvrer à la déstabilisation économique du pays.

De leur côté, les dirigeants étudiants impliqués dans le mouvement et les recteurs des universités n'ont pas participé à la réunion.

Depuis le début du mouvement, plusieurs ONG ont alerté sur des violations présumées des droits de l'homme par les forces de sécurité. L'une d'entre elles, le Forum pénal vénézuélien, a notamment dénombré 33 cas de violations, alors que le ministère public a annoncé l'ouverture de 12 enquêtes.

Peu avant le début de la "conférence de paix" de mercredi soir, un juge a annoncé la détention préventive de cinq agents des services de renseignements soupçonnés d'être impliqués dans les décès par balle d'un étudiant et d'un militant "chaviste" le 12 février à Caracas.

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