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Philippines: espoirs et inquiétudes sur l'accord de paix avec la rébellion musulmane

Philippines: espoirs et inquiétudes sur l'accord de paix avec la rébellion musulmane

Le président des Philippines est sur le point de signer un accord de paix mettant un point final à l'une des rébellions les plus longues et les plus meurtrières d'Asie. Mais les combattants dissidents, les hommes politiques hostiles et la Cour suprême sont autant d'embûches à surmonter.

Les négociations entre le gouvernement et le principal mouvement séparatiste musulman se sont achevées avec succès le mois dernier. Le chef d'Etat, Benigno Aquino, doit à présent signer un accord de partage du pouvoir dans le sud de l'archipel, région largement musulmane dans un pays majoritairement catholique.

Selon un processus inspiré des accords de paix en Irlande du Nord, le Front moro islamique de libération (MILF) retirera peu peu les armes à ses 12.000 membres.

S'il entre bel et bien en vigueur, cet accord de paix mettra fin à une rébellion qui a démarré dans les années 70, coûté quelque 150.000 vies et plongé dans la violence et la pauvreté de larges régions du sud des Philippines.

Les cinq millions de musulmans philippines (sur une population proche de 100 millions) considèrent le Sud comme leur terre ancestrale et le MILF a mené la lutte pour l'indépendance.

Après 18 ans de négociations plusieurs fois suspendues, toutes les parties engagées dans le processus, y compris les proches d'Aquino, estiment que le plus dur reste à venir.

"Les négociations ont été difficiles, mais la mise en oeuvre de l'accord le sera encore plus", prévient Miriam Ferrer, une professeur d'université à la tête de l'équipe des négociateurs du gouvernement.

Parmi les obstacles potentiels, des groupes dissidents de la rébellion, dont les Combattants islamiques pour la liberté de Bangsamoro (BIFF). Ses forces se résument à quelques centaines de combattants mais ses attaques en 2008, en plein processus de paix, avaient tué 400 personnes.

"Neutraliser le BIFF serait d'une grande aide pour l'entité politique autonome. Ce serait un problème en moins", estime Dickson Hermoso, porte-parole pour l'armée dans le sud.

Le BIFF sert de refuge aux combattants du MILF qui rejettent les accords de paix. D'autres groupes rebelles tentent eux aussi de faire dérailler le processus de paix, dont le rival du MILF, le MNLF, qui avait conclu un premier accord avec Manille en 1996, largement considéré comme un échec.

En septembre dernier, des sympathisants du MNLF ont attaqué une grande ville de Mindanao (île du sud), afin de ternir les pourparlers de paix. Le siège avait duré plusieurs jours et laissé plus de 220 morts.

Convaincre les combattants du MILF de déposer leurs armes, un processus supervisé par des experts internationaux neutres, fait partie des tâches les plus difficiles.

A Manille aussi, l'accord provoquera des levers de boucliers. Il faut d'abord que le Congrés passe une "loi fondamentale" qui créé la zone autonome musulmane, couvrant, selon les plans, 10% du territoire national. Elle disposera de sa propre police, d'un parlement régional et du pouvoir de lever les impôts.

"Le prochain champs de bataille est le Congrès. Il peut faire ou défaire les choses", avance Steven Rood, observateur aux négociations et membre de l'Asia Foundation, une ONG basée aux Etats-Unis.

Rommel Banlaoi, un analyste politique, souligne que des responsables politiques catholiques du Sud sont opposés à cet accord de paix, qui pourrait les marginaliser.

"Certains députés ne croient pas dans cet accord de paix et le rejetteront, ou trouveront un moyen de le retarder le plus possible" déclare M. Banlaoi, président de l'Institut philippin pour la paix.

Les opposants feront également valoir leurs arguments auprès de la Cour suprême.

En 2008, le prédécesseur d'Aquino, Gloria Arroyo, avait signé un accord de paix avec le MILF mais il avait été annulé par la Cour, qui avait jugé inconstitutionnel de placer sous le contrôle du MILF de larges portions du territoire national.

Cette fois-ci cependant, le gouvernement estime avoir les arguments ncessaires pour convaincre les juges, selon Teresita Deles, conseillère du président sur ces négociations.

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