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Les manifestants pro-russes en Crimée réclament "la liberté"

Les manifestants pro-russes en Crimée réclament "la liberté"

Les centaines de militants scandant "Russie, Russie !", devant le Parlement de Crimée, occupé par un commando armé pro-russe ont obtenu jeudi ce qu'ils réclamaient depuis l'installation du nouveau régime à Kiev qu'ils exècrent: un référendum sur l'avenir de cette presqu'île du sud de l'Ukraine.

Sous les encouragements de la foule, une trentaine d'entre eux se sont promenés à proximité de l'impressionnante bâtisse se dressant en face de la cathédrale Alexandre Nevski qui abrite l'assemblée, la Rada, tenant au-dessus d'eux un immense drapeau aux couleurs (blanc, bleu, rouge) de la Fédération de Russie, les mêmes que celles hissées dans la matinée au sommet du Parlement.

Un scénario identique s'était produit au siège du gouvernement, place Lénine, à quelques centaines de mètres de là, dans une zone complètement interdite d'accès jeudi par les forces de l'ordre, le drapeau ukrainien jaune et bleu y ayant également été enlevé par un autre groupe d'assaillants.

Les dizaines de policiers alignés non loin de l'amas de bois et de tôles barrant l'entrée de la Rada, ne semblaient pas particulièrement inquiets, certains discutant entre eux, d'autres fumant ou ayant les mains dans les poches, tandis que, dans les rues adjacentes, la population semblait indifférente: les uns faisaient leurs courses, les autres rentraient chez eux dans des bus pleins à craquer et souvent bringuebalants qui remontent sans doute à la période soviétique.

"Nous voulons ce référendum parce que nous voulons être libres et non sous le pouvoir des nationalistes de l'ouest" de l'Ukraine, explique devant le Parlement Maria, une jeune institutrice, la tête engoncée sous un grand bonnet de fourrure pour se protéger de la fine neige qui tombe.

Le Parlement ukrainien a destitué samedi le président Viktor Ianoukovitch, qui s'est enfui en Russie. La Crimée, peuplée majoritairement de russophones, est la région d'Ukraine la plus susceptible de s'opposer aux nouvelles autorités en place à Kiev. Elle a d'abord appartenu, au sein de l'URSS, à la Russie, avant d'être rattachée à l'Ukraine en 1954 et elle abrite toujours la flotte russe de la mer Noire.

D'autres manifestants expriment de façon plus directe leur souhait de voir la Crimée, une république autonome en Ukraine, être intégrée à la Russie.

"Les désordres ont commencé à Kiev, le coup d'Etat (des opposants au président Viktor Ianoukovitch) et les meurtres. Qui leur a permis (d'agir ainsi) ? C'est pourquoi nous garderons notre Crimée. La Russie restera, nous aimons la Russie", s'emporte Anatoli, qui travaille dans une usine de la région.

"Il nous faut une confédération", tempère un homme à la barbe grisonnante portant un casque en plastique, un grand drapeau russe à la main.

"Ce qui se passe maintenant dans toute l'Ukraine, ce n'est pas légal, ce n'est pas légitime. Le président de l'Ukraine (Ianoukovitch) ne s'est pas retiré. Sa légitimité, on ne l'a pas supprimée. Ce gouvernement provisoire qui est arrivé au pouvoir en Ukraine n'est pas légitime", juge de son côté Natalia, une femme au foyer.

Quant aux Tatars, présents en masse la veille pour soutenir au contraire le pouvoir à Kiev et que de brefs heurts avaient opposés aux pro-russes, ils étaient complètement absents jeudi des abords du Parlement, suivant à la lettre les consignes de leurs leaders, qui les ont exhortés à ne pas recourir à des "actions de masse" dans les rues.

A commencer par Refat Tchoubarov, le président du Medjlis, l'assemblée représentant cette communauté musulmane déportée sous Staline, qui, dans un entretien avec l'AFP, a dénoncé un "plan de Moscou" visant à déstabiliser la Crimée.

A propos du référendum sur l'avenir de ce territoire, il a estimé qu'avant de l'organiser, il fallait que les "terroristes" quittent les bâtiments officiels qu'ils ont envahis à Simféropol.

A Kiev, le nouveau Premier ministre investi jeudi, Arseni Iatseniouk, a jugé que "l'intégrité territoriale" de l'Ukraine était menacée par "les manifestations de séparatisme en Crimée".

En dépit de l'échauffement des esprits, aucune violence n'a été signalée jeudi, au lendemain de la mort de deux personnes dans des circonstances non précisées après des échauffourées, selon les autorités.

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