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Hollande vendredi en Centrafrique, les militaires disent ne pas pouvoir tout faire

Hollande vendredi en Centrafrique, les militaires disent ne pas pouvoir tout faire

Le président français François Hollande se rend vendredi en Centrafrique, où le commandant des forces françaises à Bangui a rappelé jeudi aux Centrafricains qu'ils ne peuvent pas "tout attendre de la communauté internationale" pour pacifier leur pays.

Lors de sa visite à Bangui, la deuxième depuis le début de l'intervention française Sangaris le 5 décembre, le chef de l'Etat s'adressera aux troupes françaises, qui de l'aveu du gouvernement français sont confrontées à "des difficultés considérables sur le terrain", où violences et assassinats à caractère interreligieux continuent.

Il s'entretiendra aussi avec la présidente de transition, Catherine Samba Panza, qui a exhorté mercredi les forces française et africaine "à faire usage réellement des mandats" de l'ONU "pour mettre hors d'état de nuire ces éléments incontrôlés qui nous empoisonnent la vie".

En première ligne depuis le début de la crise pour faire intervenir la communauté internationale en Centrafrique, ancienne colonie française, François Hollande rencontrera également les autorités religieuses du pays.

Jeudi matin, un imposant convoi d'une cinquantaine de blindés et camions français a traversé la capitale, en provenance du Tchad, amenant des renforts aux 1.600 soldats de l'opération Sangaris.

Jusqu'en début de soirée, les soldats français étaient particulièrement visibles dans les rues de Bangui, entre patrouilles à pieds et blindés sillonnant la ville, tandis qu'un hélicoptère effectuait des rondes régulières.

Interrogé par l'AFP sur les déclarations de Mme Samba Panza, le général Francisco Soriano, commandant de Sangaris, a répondu: "on ne peut pas tout attendre de la communauté internationale".

"Les Centrafricains doivent participer à la reconstruction de leur pays. Nous faisons déjà beaucoup. Maintenant, on est passé dans des opérations de sécurité intérieure où il faut qu'on implique davantage la gendarmerie et la police centrafricaines", a-t-il expliqué, en reconnaissant que les membres des forces de sécurité centrafricaines n'étaient pas payés.

"C'est important de remettre en place l'autorité de l'Etat", alors que les administrations ne fonctionnent plus depuis des mois et ont totalement disparu de zones entières du pays, a-t-il souligné.

Cela fait bientôt un an que la Centrafrique a basculé dans le chaos, avec le renversement en mars 2013 du régime de François Bozizé par la coalition rebelle à dominante musulmane Séléka.

Des mois d'exactions perpétrés en toute impunité par des combattants Séléka contre la population majoritairement chrétienne ont abouti à la formation de milices d'auto-défense anti-balaka, déclenchant un cycle infernal de violences interreligieuses.

Ces violences ont provoqué une crise humanitaire sans précédent avec des centaines de milliers de déplacés et entraîné l'exode de dizaines de milliers de civils musulmans terrorisés.

Dans le quartier du PK-5, au centre de la capitale, des musulmans vivent retranchés, harcelés depuis des semaines par des anti-balaka armés de machettes. Jeudi ils laissaient éclater leur colère, affirmant que les soldats français ne les protègent pas. "Pas la peine de venir, nous sommes déjà tous morts M. Hollande", disait ainsi une femme en tchador.

Mme Samba Panza avait estimé mercredi qu'il y avait une "spirale de violence exploitée par des gens qui n'ont pas intérêt à ce que la stabilité revienne dans ce pays".

Les propos de Mme Samba Panza visaient notamment, le "coordonnateur" autoproclamé des anti-balaka, Patrice Edouard Ngaïssona, dont la police congolaise a annoncé jeudi l'arrestation au nord du Congo. Ancien ministre sous le régime Bozizé, il avait échappé à une tentative d'interpellation à Bangui, il y a une dizaine de jours.

Mais les soldats français de l'opération Sangaris, qui ont perdu trois hommes depuis décembre, et ceux de la Misca - 19 tués depuis décembre - ne parviennent pas à mettre fin aux violences.

Mardi et mercredi, la Croix-rouge centrafricaine a encore ramassé onze cadavres, parfois atrocement mutilés, dans Bangui.

Le Parlement français a approuvé mardi une prolongation de Sangaris. Mais Paris plaide pour le déploiement rapide d'une force de l'ONU de 10.000 hommes pour prendre le relais de Sangaris, de la Misca et de la force européenne dont le déploiement est attendu en mars.

Avec les renforts de 400 soldats, Sangaris va disposer de 2.000 hommes en Centrafrique. La Misca totalise environ 5.700 militaires. La force européenne devrait elle compter de 500 à 1.000 hommes.

La Géorgie a annoncé qu'elle enverrait 150 militaires au sein de cette force européenne, a indiqué jeudi son ministre de la Défense, Irakli Alassania. Il s'agira du premier déploiement en Afrique pour ce pays d'Europe orientale.

bur-mc/cl/jmc

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