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Colère ou résignation sur l'île du Giglio au retour du capitaine Schettino

Colère ou résignation sur l'île du Giglio au retour du capitaine Schettino

Les habitants du Giglio ont accueilli avec exaspération ou résignation mercredi le retour de Francesco Schettino, commandant du Costa Concordia, plus de deux ans après le naufrage qui a fait 32 morts et défiguré la petite île toscane.

Arrivé mardi soir afin d'éviter "l'agression médiatique", le capitaine qui doit assister jeudi à une inspection sur le navire, s'est réfugié à l'abri des regards, sans doute dans la maison blanche aux volets clos où habite son avocat, Domenico Pepe.

"Schettino est confronté, tout seul, au monde entier pour que la vérité éclate. Et face à nous, nous avons Costa qui fait partie du groupe Carnival, et c'est une entité énorme à laquelle nous avons à faire", a expliqué l'avocat à l'AFP.

Sur le ferry qui l'amenait au Giglio, le commandant a été capté par la chaîne de télévision publique Rai 2, le regard perdu sur l'épave.

"J'ai toujours dit que je ne me déroberais pas.... pour accorder de la dignité aux vivants, honorer les morts, pour l'établissement de la vérité et pour l'honneur de tous les capitaines italiens", a déclaré celui que certains médias ont surnommé le "capitaine poltron".

Francesco Schettino est poursuivi pour homicides multiples par imprudence, abandon de navire et dégâts causés à l'environnement.

"Le bateau, je ne l'ai pas abandonné, laissez-moi cinq minutes en paix", a lancé le commandant au journaliste qui le pressait de questions.

"Il doit ressentir quelque chose en son for intérieur, avec tous les morts qu'il y a eu, c'est très triste", commente pour l'AFP Franco Caverno, 68 ans, employé d'une compagnie de ferry. "J'espère qu'il va bientôt partir. Lui et le navire".

Le commandant a dîné dans un restaurant de poissons sur le port. "On a parlé de ce qui s'est passé la nuit de l'accident, je peux vous dire qu'il était ému de revenir sur l'île", témoigne Giuseppe Modesti, 67 ans, membre de la famille qui gère ce restaurant. "Il a parlé à sa femme qui s'inquiétait de la façon dont il serait traité ici, mais il n'y a plus de véritable colère ici, c'était il y a deux ans, il est temps de faire la paix", ajoute-t-il.

La vie de l'île, joyau de l'archipel toscan (centre de Italie) qui attirait de nombreux touristes l'été, a été bouleversée cette nuit du 13 janvier 2012. Le paquebot, avec à son bord plus de 4.000 personnes, avait heurté un rocher en s'approchant trop près des côtes pour respecter la tradition de l'inchino (la révérence) au cours de laquelle le bateau passe tout illuminé.

"Il y a eu des erreurs, ce n'est pas seulement lui (le commandant), il y a d'autres responsabilités", estime Franco Caverno.

Moins indulgente, la cliente d'une boucherie s'exclame : "Schettino est là, il a pleuré, et alors? On est fatigués de cette histoire. On veut que lui et le bateau s'en aillent".

Depuis, des milliers de techniciens se sont succédé sur l'île, notamment pour l'opération de redressement du mastodonte de 114.000 tonnes en septembre dernier, une première mondiale, prélude à son départ définitif prévu en juin.

"Maintenant les gens de l'île se sont fait une raison, ils se sont résignés après deux ans", affirme un pêcheur de 70 ans, Giuseppe De Politi, à qui la visite du commandant ne fait plus "ni chaud ni froid".

Le pêcheur exprime presque de la compassion : "J'ai entendu à la télévision qu'il s'était ému et je le conçois bien. Voir cette épave ici, cette énorme coquille vide réduite à si peu de chose, ça fait un drôle d'effet, pour un commandant de navire, c'est sûr... ça doit être très triste".

Jeudi, le commandant remontera sur le bateau afin d'assister à une visite d'inspection d'experts. Autorisé à monter "comme accusé et non comme consultant", il pourra "être présent mais pas intervenir", a décidé le juge, Giovanni Puliatti.

Pour l'avocat de passagers italiens, Michelina Suriano, "c'est le 13 janvier 2012 que Schettino aurait dû remonter à bord, quand des personnes devaient être secourues, et non abandonnées". "Aujourd'hui, pour revoir un générateur diesel et un ascenseur, ça n'a aucun sens".

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