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Ukraine: la diplomatie occidentale à l'oeuvre, le nouveau gouvernement se fait attendre

Ukraine: la diplomatie occidentale à l'oeuvre, le nouveau gouvernement se fait attendre

De hauts diplomates occidentaux tentaient mardi à Kiev d'empêcher le naufrage de l'économie ukrainienne et de négocier une sortie de crise associant la Russie, alors que la formation d'un gouvernement de transition a été reportée.

"Nous proposons du soutien, pas de l'ingérence", a expliqué le chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton à la presse mardi matin.

"Il est très important que la Russie, en tant que très important voisin de l'Ukraine, lui apporte aussi son soutien pour faire en sorte que le pays puisse aller de l'avant de la manière qu'il souhaite", a-t-elle dit.

La situation économique de l'Ukraine est catastrophique et sa position politique pour le moins délicate, avec le refus lundi de son voisin russe de reconnaître la légitimité des nouvelles autorités après la destitution et la fuite du président Viktor Ianoukovitch.

"Il faut que tous les partenaires, y compris la Russie puissent aider l'Ukraine", a plaidé mardi le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, soulignant qu'il serait "grave" que Moscou retire son soutien au pays.

La Russie avait annoncé en décembre un crédit de 15 milliards de dollars, dont elle n'a versé que 3 milliards. Mais le versement du solde paraît désormais incertain au vu des tensions entre les deux capitales.

Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, s'est prononcé mardi contre la tenue d'une élection présidentielle anticipée le 25 mai, estimant que cela allait à l'encontre de l'accord de sortie de crise signé la semaine dernière.

Mais il a aussi usé d'un ton plus conciliant, affirmant que Moscou "veut que l'Ukraine fasse partie de la famille européenne, dans tous les sens du mot".

"Nous sommes d'accord (...) qu'il serait dangereux et contreproductif de forcer l'Ukraine à un choix +soit vous êtes avec nous, soit contre nous+", a-t-il ajouté.

Le Premier ministre russe Dmitri Medvedev avait lundi jugé qu'il était "une aberration de considérer comme légitime ce qui est en fait le résultat d'une révolte". "Il nous sera difficile de travailler avec un tel gouvernement", avait-il dit.

L'Ukraine a besoin de 35 milliards de dollars et place ses espoirs dans l'organisation d'une conférence de donateurs occidentaux, a annoncé lundi son ministre des Finances par intérim Iouri Kolobov. Cette requête a reçu un accueil favorable auprès des Européens.

"Il faut éviter une guerre civile, il faut éviter l'effondrement financier et économique du pays, et il faut organiser une conférence internationale pour éviter la faillite de l'Ukraine", a déclaré le ministre grec des Affaires étrangères Evangelos Venizelos, dont le pays préside actuellement l'Union européenne.

Le numéro deux de la diplomatie américaine William Burns est attendu plus tard à Kiev mardi.

Signe de la difficulté à trouver un compromis politique également à l'intérieur du pays, le Parlement a repoussé à jeudi la nomination d'un gouvernement de transition, initialement prévue mardi.

"Il faut que la décision soit prise jeudi. On ne peut pas attendre plus longtemps", a lancé au Parlement le président par intérim Olexandre Tourtchinov. "Menez des consultations jour et nuit, mais il faut que ce soit transparent", a-t-il ajouté.

Les noms les plus fréquemment cités au poste de Premier ministre sont ceux du banquier et leader de la contestation Arseni Iatseniouk, de l'oligarque d'opposition Petro Porochenko et de l'ancienne chef de gouvernement Ioulia Timochenko.

Cette dernière a toutefois déjà fait savoir qu'elle ne briguait pas le poste et s'apprêtait à aller en Allemagne pour recevoir des soins.

La campagne électorale pour l'élection présidentielle anticipée du 25 mai a par ailleurs débuté mardi, selon la commission électorale centrale. Les candidats ont jusqu'au 30 mars pour s'inscrire.

A ce stade, seul le gouverneur pro-russe de la région de Kharkiv, Mikhaïlo Dobkine, s'est déclaré candidat. Mme Timochenko en revanche n'a fait "aucune déclaration concernant l'élection présidentielle", selon sa porte-parole mardi.

Quant à l'ancien président Viktor Ianoukovitch, il demeurait introuvable mardi après sa destitution samedi et l'émission d'un mandat d'arrêt pour "meurtres de masse" de civils.

"Le pouvoir (déchu) a bâti un système de bandits basé sur la corruption et les tueurs", a lancé mardi M. Iatseniouk.

"S'il n'avait pas eu le bataillon du ciel (surnom donné aux victimes de Maïdan), il y aurait eu des milliers de morts. La seule solution pour ce pouvoir est le tribunal international de La Haye", a-t-il ajouté.

Les Occidentaux ne cachent pas leurs craintes depuis plusieurs jours pour l'intégrité territoriale de l'Ukraine. Ils redoutent que la crise des derniers mois n'ait creusé le fossé entre l'Est russophone et russophile, majoritaire, et l'Ouest nationaliste et ukrainophone.

Le président par intérim a appelé mardi au Parlement à "mettre immédiatement un terme aux manifestations dangereuses de séparatisme".

Il n'a pas cité de cas concrets. Selon des journalistes de l'AFP présents dans le sud et l'est du pays, les signes de séparatisme restent pour le moment marginaux.

"On ne va pas abandonner nos frères en Ukraine dans ce conflit de civilisations", a cependant prévenu Leonid Sloutski, un député russe et chef de la commission parlementaire en charge des affaires d'ex-républiques soviétiques, qui se trouvait mardi à Simféropol, chef-lieu de la péninsule pro-russe de Crimée (sud), selon les agences russes.

bur-ahe/neo/ros

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