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Trois experts sur le désarmement de l'ETA entendus comme témoins par un juge espagnol

Trois experts sur le désarmement de l'ETA entendus comme témoins par un juge espagnol

Un juge espagnol a entendu comme témoins dimanche trois experts étrangers sur le désarmement de l'ETA, les interrogeant sur le lieu de leur rencontre en janvier avec des militants du groupe armé, une convocation qui a provoqué l'incompréhension au Pays Basque.

Ces experts, membres de Commission internationale de vérification du cessez-le-feu de l'ETA, avaient annoncé, vendredi à Bilbao, au Pays Basque, que le groupe séparatiste avait commencé à "mettre sous scellés et hors d'usage" une certaine quantité d'armes.

Ce premier geste de désarmement était accompagné par une vidéo, tournée en janvier dans un lieu inconnu et diffusée par plusieurs médias, montrant deux militants de l'ETA, cagoulés, présentant un petit stock d'armes et d'explosifs à deux des experts, le président sri-lankais de la Commission, Ram Manikkalingam, et le sud-africain Ronnie Kasrils.

Alors que cette commission composée de six experts en conflits n'est pas reconnue par le gouvernement espagnol, qui refuse toute négociation avec l'ETA, une association de victimes, Covite, a demandé que ses membres soient entendus par la justice pour fournir des informations sur le lieu où ont été tournées les images.

Ram Manikkalingam, un ancien conseiller du président sri-lankais dans les négociations avec les Tigres tamouls, et Ronnie Kasrils, ancien ministre sud-africain du renseignement, ainsi que le Britannique Chris Maccabe, qui a participé au processus de paix en Irlande du Nord, ont répondu à la convocation du juge Ismael Moreno, au tribunal de l'Audience nationale à Madrid.

Les trois autres experts, Fleur Ravensbergen, Aracelly Santana et Satish Nambiar, n'ont pas répondu à la convocation du juge, le dernier, un général indien, étant souffrant selon la presse espagnole.

Avant leur arrivée au tribunal, les experts ont rencontré à Madrid le président basque Iñigo Urkullu, un nationaliste conservateur, dont le parti, le PNV, a exprimé "son appui et ses remerciements" à la Commission, "pour le travail qu'ils ont accompli durant les derniers mois à la seule fin d'aider les citoyens basques à tourner une fois pour toutes la page de la violence".

Le PNV a ajouté dans un communiqué qu'il "accompagnerait" les experts "au moment de surmonter tous les obstacles qui se présenteraient sur leur chemin, qui n'est rien d'autre qu'un travail en faveur de la paix".

La gauche indépendantiste basque a elle réagi de manière plus véhémente, le député de la coalition indépendantiste Amaiur Jon Inarritu qualifiant cette convocation de "ridicule" et de "non sens".

Après plus de deux ans de travail en coulisses afin de consolider la fin de la violence au Pays Basque, la commission d'experts avait annoncé vendredi avoir constaté en janvier que l'ETA a "scellé et mis hors d'usage une certaine quantité d'armes, de munitions et d'explosifs".

Un pas "crédible et très significatif", avait estimé Ram Manikkalingam, compt tenu notamment du fait que les militants de l'ETA, pour commencer à dévoiler leurs caches d'armes, doivent agir dans la clandestinité.

L'expert sri-lankais en avait appelé aux gouvernements espagnol et français pour qu'ils facilitent ce processus.

"Si par exemple l'ETA a la possibilité de se déplacer pour poser des scellés sur ses caches d'armes, si elle peut se déplacer avec moins de restrictions, si ces militants ne se font pas arrêter quand ils font cela, alors cela peut aller très vite", avait-il souligné lors d'un entretien avec l'AFP.

"Mais si l'on n'a pas, pour le moins, une absence d'objection du gouvernement, alors cela peut prendre beaucoup de temps", avait-il ajouté.

Le gouvernement espagnol a dénoncé la "mise en scène" qui a entouré l'annonce de vendredi, qualifiée de "simulacre" par une partie de la presse espagnole.

Depuis que l'ETA, le 20 octobre 2011, a annoncé qu'il mettait fin définitivement à la violence, le gouvernement de droite ne cesse de réclamer la dissolution pure et simple du groupe, rendu responsable de la mort de 829 personnes en plus de 40 ans d'attentats pour l'indépendance du Pays Basque et de la Navarre.

sg/elc/pt

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