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Ianoukovitch et ses alliés empêchés de fuir l'Ukraine

Ianoukovitch et ses alliés empêchés de fuir l'Ukraine

L'étau se resserre autour du président ukrainien déchu Viktor Ianoukovitch et de ses proches alliés, empêchés de fuir l'Ukraine et accusés par leur propre parti d'être "responsables" du bain de sang à Kiev.

M. Ianoukovitch a essayé en vain samedi de corrompre des gardes-frontières à Donetsk (est), ville dont il est originaire pour qu'ils laissent son avion décoller.

Des députés ont tapé du poing sur la table lors d'une session au Parlement dimanche pour exiger de savoir où il se trouve, mais sans obtenir de réponse dans l'immédiat. Aucune poursuite officielle n'a jusqu'ici été lancée à son encontre.

"Un avion privé, qui devait décoller de l'aéroport de Donetsk (est), n'avait pas ses autorisations en ordre. Quand les responsables sont arrivés pour vérifier les documents, ils ont été accueillis par des hommes armés qui leur ont proposé de l'argent pour pouvoir décoller sans autorisation", a déclaré à l'AFP le porte-parole des gardes-frontières, Serguiï Astakhov, ajoutant que cette offre a été refusée.

Peu après, deux véhicules blindés se sont arrêtés près de l'avion et le président en est sorti et a quitté l'aéroport.

Selon le nouveau président du Parlement, Olexandre Tourtchinov, M. Ianoukovitch tentait de s'enfuir en Russie.

Le procureur général Viktor Pchonka et le ministre des Impôts Olexandre Klimenko, tous deux réputés appartenir à la "Famille", surnom du clan politico-financier de Viktor Ianoukovitch, ont connu la même mésaventure à l'aéroport de Donetsk.

Ils ont été empêchés par les gardes-frontières de partir "à l'étranger", mais ont réussi à s'échapper lorsque leurs gardes du corps ont ouvert le feu contre les gardes-frontières, selon des sources officielles concordantes.

"Des mesures ont été prises pour arrêter Pchonka et Klimenko et lancer des poursuites contre eux", a indiqué dimanche devant le Parlement le nouveau procureur général par intérim, Oleg Makhnitski, qui occupe désormais le poste de l'un des deux fugitifs.

Le ministre de l'Intérieur Vitali Zakhartchenko, lui aussi destitué par le Parlement, ainsi que d'autres ministres ont "aussi été vus" dans l'aéroport de Donetsk, a déclaré le nouveau ministre de l'Intérieur par intérim, Arsen Avakov.

L'un des leaders de la contestation, l'ancien champion du monde de boxe Vitali Klitschko, a indiqué dimanche avoir téléphoné au président autoritaire du Bélarus voisin, Alexandre Loukachenko, pour lui réclamer l'extradition vers l'Ukraine de M. Zakhartchenko ainsi que celle du jeune oligarque proche de la "Famille" Serguiï Kourtchenko.

"Le président Loukachenko a assuré que ces personnes ne sont pas au Bélarus", a déclaré M. Klitschko en insistant sur la nécessité de "retrouver de toute urgence tous les criminels d'Etat".

Viktor Ianoukovitch a même été lâché par son propre mouvement politique: le Parti des régions a publié dimanche un communiqué pour se dissocier du président déchu et de son entourage, qu'il juge "responsables des évènements tragiques" des derniers jours et coupables d'avoir "trahi l'Ukraine et dressé les Ukrainiens les uns contre les autres".

"Nous condamnons les ordres criminels ayant fait des victimes (...) et conduit le pays au bord du gouffre (...). Un parti d'un million d'adhérents est devenu de facto otage de la +Famille+ corrompue", souligne le Parti.

Samedi, deux membres hauts en couleurs de ce parti, le gouverneur de la région de Kharkiv, Mikhaïlo Dobkine, et le maire de la ville Guennadi Kernes avaient en revanche réussi à franchir "en voiture" la frontière russo-ukrainienne, selon les garde-frontières.

Leur départ est survenu quelques heures après la tenue dans cette ville industrielle de l'est d'un congrès des régions pro-russes, dont des représentants ont brandi la menace d'une scission de l'Ukraine.

M. Dobkine, connu pour ses déclarations impétueuses, avait adopté plus tôt cette semaine une position très dure face aux manifestants de Kiev, qui "veulent dicter la volonté de la foule aux autorités légitimes". Il a estimé qu'il fallait les "punir physiquement, les détruire s'il faut".

Ils sont revenus tous deux dimanche.

Interrogé pour savoir où se trouve Viktor Ianoukovitch qui avait quitté vendredi Kiev pour Kharkiv, M. Kernes a répondu: "Ianoukovitch c'est du passé".

"La Révolution l'a emporté en Ukraine", a-t-il conclu.

os-neo/thm/ih

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