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Bouteflika, artisan de la réconciliation accroché au pouvoir

Bouteflika, artisan de la réconciliation accroché au pouvoir

Le président algérien Abdelaziz Bouteflika, qui sera candidat pour un quatrième mandat lors de l'élection du 17 avril malgré des problèmes de santé, s'appuie sur son image d'artisan de la réconciliation pour tenter de prolonger son règne.

A 76 ans, il détient déjà le record de longévité pour un chef d'Etat algérien avec 14 ans de pouvoir, en dépit de ses soucis de santé qui ont alimenté les spéculations sur sa capacité à diriger le pays.

A la suite d'un AVC au printemps, il a été hospitalisé pendant 80 jours à Paris. Depuis son retour mi-juillet, il n'a jamais pris la parole en public, n'a reçu que quelques hauts dirigeants et n'a tenu que deux conseils des ministres.

Début janvier, des examens menés lors d'une courte hospitalisation de nouveau à Paris ont montré "une nette amélioration", a cependant assuré l'agence APS.

"Le président Bouteflika est en bonne santé. Il a toutes les capacités intellectuelles et la vision nécessaires pour assurer cette responsabilité", a assuré samedi son Premier ministre et ancien directeur de campagne Abdelmalek Sellal.

Elu à la présidence en 1999 dans un pays en pleine guerre civile, "Boutef", comme l'appellent familièrement ses compatriotes, s'est employé à rétablir la paix après un conflit ayant fait quelque 200.000 morts.

En septembre 1999, il a obtenu un oui massif au référendum (98,63%) sur la loi de la "Concorde civile", qui amnistie les islamistes armés n'ayant pas commis de crimes de sang et de viols et se soumettant à l'autorité de l'Etat. La loi entraînera la reddition de milliers d'islamistes.

Cet ancien officier de l'Armée de libération nationale (ALN) a été reconduit pour deux autres quinquennats en 2004, puis en 2009 grâce à une révision constitutionnelle.

En 2011, alors que le Printemps arabe balayait plusieurs vieux dirigeants, il a rapidement annoncé des réformes, jugées cependant très insuffisantes par l'opposition.

Partisan d'un régime présidentiel, il a concentré tous les pouvoirs entre ses mains et a réduit cette opposition à un simple rôle de faire-valoir.

"Il était tellement méprisant que ses chefs de gouvernement n'osaient jamais prendre la parole lors des conseils des ministres", se souvient un ancien ministre, en poste de 1999 à 2002, évoquant à l'AFP un chef d'Etat "versatile".

Ainsi, M. Bouteflika a un jour défendu "bec et ongles" le retour à l'enseignement bilingue (arabe-français), abandonné au milieu des années 1980. Mais il a fait "marche arrière peu de temps après, en martelant qu'il était hors de question de toucher au caractère sacré de la langue arabe", affirme cet ancien responsable sous couvert d'anonymat.

Né le 2 mars 1937 à Oujda (Maroc) mais d'une famille originaire de Tlemcen (ouest algérien), Abdelaziz Bouteflika a rejoint dès 1956 l'ALN en lutte contre la France.

A l'indépendance, à seulement 25 ans, il est devenu ministre des Sports et du Tourisme, sous la présidence d'Ahmed Ben Bella, avant d'hériter rapidement, en 1963, du portefeuille de la diplomatie, qu'il a conservé jusqu'en 1979.

En juin 1965, il a toutefois soutenu Houari Boumediene, alors ministre de la Défense, qui a renversé Ben Bella.

S'affirmant le dauphin de M. Boumediene, dont il a prononcé en larmes l'oraison funèbre en décembre 1978, il a pourtant été écarté. Il a alors choisi l'exil à Dubaï ou encore à Genève, puis a refusé en 1994 de prendre les rennes d'un pouvoir de transition.

Il est finalement revenu comme candidat à la présidence en avril 1999, et s'est retrouvé seul en lice après le retrait de six adversaires convaincus qu'il y aurait des fraudes.

Tribun hors pair, aussi à l'aise en arabe qu'en français mais capable de colères "théâtrales", il a toujours soigné sa tenue: costumes trois pièces et cravate, même en pleine canicule.

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