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Ukraine: le pouvoir annonce la conclusion d'un accord, qui n'est pas confirmé

Ukraine: le pouvoir annonce la conclusion d'un accord, qui n'est pas confirmé

La présidence ukrainienne a annoncé vendredi la conclusion d'un accord politique, une information qui n'a pas été confirmée par les diplomates européens ou les membres de l'opposition impliqués, au lendemain d'un bain de sang à Kiev.

Quelques 77 personnes ont été tuées dans des affrontements à Kiev depuis mardi, alors que la police a tiré sur des manifestants, selon les autorités.

"Les négociations pour résoudre la crise politique entre le président Viktor Ianoukovitch, les responsables de l'opposition, et les représentants de l'Union européenne et de la Russie ont abouti à un accord qui doit être signé à midi (10H00 GMT)", a indiqué la présidence dans un communiqué.

La présidence n'a pas détaillé le contenu de cet accord, mais selon la télévision ukrainienne 1+1, il prévoit une présidentielle anticipée en décembre, la formation d'un gouvernement de coalition d'ici dix jours et une réforme constitutionnelle dans les 48 heures.

La conclusion de cet accord n'a été confirmée ni par les délégations européens à Kiev, ni par l'opposition.

Les négociations étaient qualifiées de "très difficiles" vendredi matin, selon la délégation allemande. "On ne peut rien dire de définitif avant la fin de la matinée", a déclaré de son côté le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius.

Et sur son compte twitter, le ministre polonais Radoslaw Sikorski n'a écrit que ces mots: "après des négociations qui ont duré toute la nuit, la discussion a cessé à 07H20".

Ces mesures répondent aux demandes initiales de l'opposition, mais elles semblent aujourd'hui insuffisantes pour la satisfaire, après les récentes violences.

"La mise à l'écart immédiat de Ianoukovitch et les poursuites contre lui pour meurtres massifs de civils doivent être la seule exigence du peuple, de l'opposition et de la communauté internationale", a déclaré l'opposante emprisonnée Ioulia Timochenko dans une déclaration publiée sur le site de son parti.

Les chefs de la diplomatie allemande Frank-Walter Steinmeier et polonaise Radoslaw Sikorski ont passé une grande partie de la journée de jeudi et toute la nuit de jeudi à vendredi en consultations avec le président Viktor Ianoukovitch et avec les leaders de l'opposition.

Un représentant du Kremlin, le délégué aux droits de l'homme et ancien diplomate Vladimir Loukine, est arrivé dans la nuit pour participer aux discussions.

"Notre expérience nous dit que les engagements pris par l'administration ukrainienne sont rarement tenus", a souligné le Premier ministre polonais Donald Tusk.

Réunis à Bruxelles, les ministres européens des Affaires étrangères ont d'ores et déjà décidé jeudi de priver de visas et de geler les avoirs de responsables ukrainiens.

De son côté, Washington a haussé le ton, menaçant de prendre des sanctions contre "les gouvernants responsables des violences", un message transmis par le vice-président Joe Biden directement au président Ianoukovitch, tandis que le secrétaire d'Etat John Kerry a appelé à la fin des violences et "aux morts insensées".

C'est l'annonce de la suspension des négociations sur un accord d'association avec l'Union européenne, au profit d'une relance des relations économiques avec Moscou qui avait conduit le 21 novembre des milliers de personnes à descendre dans la rue.

L'Ukraine est au bord de la faillite, et la Russie a promis l'octroi d'un crédit de 15 milliards de dollars et un important rabais du prix du gaz.

Trois mois plus tard, après une série de violences, la plupart des manifestants demandent désormais le départ du président Ianoukovitch.

Des milliers de personnes occupent depuis trois mois le Maïdan, la place de l'Indépendance dans le centre de Kiev, où un campement de tentes protégé par des barricades a été installé.

Le bilan des affrontements entre manifestants et policiers, qui ont tiré à balles réelles, s'élève à 77 morts depuis mardi, selon un nouveau bilan du ministère de la Santé.

Quelque 577 personnes ont été blessés dont 369 hospitalisés, a-t-il ajouté.

Le ministère de l'Intérieur avait précédemment fait état de 3 policiers tués jeudi, qui s'ajoutent aux 10 hommes tués les deux jours précédents. A Lviv (ouest), les corps de deux policiers antiémeute ont été retrouvés jeudi dans une caserne brûlée, ont annoncé les autorités locales.

Les violences menacent de s'étendre dans le pays, en particulier à Lviv, bastion de la contestation, où des bâtiments de la police et de l'armée ont été pris d'assaut ces derniers jours, et des dépôts d'armes saisis.

"Le pire scénario que l'on craignait, c'est à dire le scénario d'une guerre civile, est malheureusement très réel", a déploré Donald Tusk.

Vendredi matin, la situation était calme sur le Maïdan, la place de l'Indépendance dans le centre de Kiev, occupé depuis exactement trois mois par des milliers d'opposants au président Ianoukovitch.

La place est de nouveau sous le contrôle total des manifestants, qui s'emploient toujours à consolider leurs barricades, constituer des réserves de pavés et de cocktails molotov.

Les policiers ont reculé leurs positions de plusieurs centaines de mètres.

Armés de bâtons, boulons, pavés, mais aussi de cocktails Molotov, des centaines de manifestants radicaux, le plus souvent casqués et équipés de boucliers ont affronté les forces antiémeute Berkout, qui ont répliqué avec des balles en caoutchouc, grenades lacrymogène mais aussi à la kalachnikov.

"Les manifestants ont été tués de manière très professionnelle par des snipers qui ont visé au coeur, au cerveau ou à la carotide", a affirmé un médecin, Olga Bogomolets, interrogée sur la chaîne privée Kanal 5.

bur-thm/nm/ros

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