Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

A Kiev les députés du parti du pouvoir sortent du Parlement sous les huées

A Kiev les députés du parti du pouvoir sortent du Parlement sous les huées

"Vous avez du sang sur les mains !": les députés du parti au pouvoir sortent la tête basse et à pas rapides du Parlement ukrainien sous les huées des manifestants, protégés de leur colère par... le service d'ordre des contestataires.

Les choses ont bien changé en l'espace de quelques heures, après la signature vendredi d'un accord entre opposition et présidence, sous la pression européenne.

Devant le Parlement, comme devant le siège du gouvernement, aucun policier n'est visible. Les forces de l'ordre ont déserté ces lieux habituellement placés sous très haute protection, situés à moins d'un kilomètre du Maïdan, la place de l'Indépendance occupée par des milliers de manifestants hostiles au régime de Viktor Ianoukovitch.

C'est d'ailleurs en voulant rejoindre le Parlement pour faire pression sur les députés qu'un cortège d'opposants s'est heurté mardi aux policiers antiémeute. Près de 80 personnes ont péri au cours des affrontements dans les trois jours qui ont suivi.

Faute de policiers, ce sont donc les manifestants eux-mêmes qui assuraient vendredi soir la protection des bâtiments publics et des parlementaires, où les partisans du président Viktor Ianoukovitch étaient en nette majorité.

Les députés viennent pourtant de voter vendredi la première mesure prévue par l'accord de sortie de crise signé entre le président et l'opposition, la restauration de la constitution de 2004, qui réduit les pouvoirs du président.

Mais les opposants n'oublient pas qu'ils ont soutenu la politique de répression, en votant par exemple des lois particulièrement sévères, ensuite abrogées sous la pression populaire.

"Avez-vous vu pleurer les parents des enfants tués ? Oeil pour oeil, dent pour dent !", s'indigne un frêle quinquagénaire en béret, qui tente vainement de frapper un député avec sa sacoche.

Il est écarté sans rudesse par une jeune femme en treillis, keffieh sur le front et matraque dans le dos.

"Comment pouvez-vous dormir la nuit ?", s'indigne ensuite un homme rouge de colère, qui s'avance d'un air menaçant vers des élus du parti des régions. Il remonte son pantalon, révélant une plaie sur sa jambe, qu'il attribue à un tir de balle en caoutchouc.

Lui aussi est discrètement conduit à l'écart par le service d'ordre, qui ne peut s'empêcher de compatir, et se joint même parfois au concert d'opprobres, comme Igor Melnichouk, originaire de Poltava (est).

"Voter cette loi nous a coûté près de cent vies. C'est beaucoup trop. Les parents des victimes sont choqués, moi aussi", reconnaît cet étudiant de 21 ans, casqué et équipé d'un bouclier.

"Les gens sont d'humeur guerrière, je ne suis pas sûr que le bâtiment (Parlement) tienne jusqu'à demain matin", poursuit-il.

Peu de manifestants sont pourtant venus jusque-là, dissuadés de poursuivre leur chemin par les solides gaillards en faction aux différentes barricades qui parsèment le chemin depuis le Maïdan, soucieux d'éviter toute remise en cause de l'accord de vendredi.

Les deux parties se sont mutuellement engagées à renoncer aux violences, mais la possibilité d'une action de groupes radicaux ou de provocateurs reste présente dans tous les esprits.

Deux camions à eau, utilisés dans la nuit de lundi à mardi par les policiers pour déloger les manifestants d'une partie du Maïdan, sont sagement garés le long du trottoir, au milieu des voitures de standing des députés.

Un silence presque inquiétant a succédé à l'agitation bruyante des derniers jours, entre sono des manifestants et tirs des grenades assourdissantes des forces de l'ordre.

Seule une section de rue, largement dépavée par des contestataires en quête de projectiles, témoigne des récents affrontements.

A deux rues de là, un jeune homme prend son amie en photo devant une barricade, tenue jusqu'à jeudi par les policiers antiémeute.

thm-os/ahe/bir

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.