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Nucléaire iranien : une nouvelle avancée, mais la route reste longue

Nucléaire iranien : une nouvelle avancée, mais la route reste longue

L'Iran et les grandes puissances ont franchi jeudi une nouvelle étape vers le règlement définitif de leur conflit sur le programme nucléaire de Téhéran en s'accordant sur un "cadre" des négociations futures, qui s'annoncent néanmoins longues et difficiles.

"Il reste beaucoup à faire. Cela ne sera pas facile, mais nous avons fait un bon début", a déclaré la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton à l'issue d'une réunion de trois jours à Vienne.

"Nous avons eu trois jours très productifs au cours desquels nous avons identifié toutes les questions auxquelles nous devrons répondre afin de conclure un accord définitif et global", a expliqué Mme Ashton dans une brève déclaration à la presse en compagnie du ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif.

Sur sa page Facebook, M. Zarif a précisé être tombé d'accord avec Mme Ashton "pour tenir plusieurs réunions à notre niveau sur une base mensuelle entre maintenant et le (début du) mois de khordad" qui commence le 22 mai.

La prochaine rencontre est prévue le 17 mars dans la capitale autrichienne. Mme Ashton se rendra auparavant à Téhéran, a affirmé le ministre iranien.

De son côté, la sous-secrétaire d'Etat américaine pour les Affaires politiques, Wendy Sherman, ira dès les prochains jours à Jérusalem, Riyad, Abou Dhabi et DubaÏ pour rendre compte des discussions de cette semaine.

Selon un haut responsable américain, les négociations ont été "substantielles, et ont couvert toutes les questions qui doivent être mises sur la table (....) Nous sommes loin des discours idélogiques."

"Nous avons commencé à identifier des domaines d'accord, ainsi que des domaines où nous devrons travailler sur des questions difficiles", a-t-il ajouté.

Les Occidentaux et Israël, considéré comme la seule puissance nucléaire du Moyen-Orient, soupçonnent le régime islamique de vouloir se doter de l'arme atomique sous couvert de son programme nucléaire civil, ce que Téhéran nie farouchement.

Le 24 novembre dernier, l'Iran avait conclu avec les grandes puissances un plan d'action sur six mois, sous la surveillance resserrée de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), prévoyant un gel de certaines activités nucléaires sensibles -notamment l'enrichissement d'uranium jusqu'à 20%- en échange de la levée d'une petite partie des sanctions qui étranglent son économie.

Dans son dernier rapport diffusé séparément jeudi, l'AIEA a indiqué que l'Iran continuait à respecter ses engagements, un mois après l'entrée en vigueur du plan le 20 janvier.

Les négociateurs du groupe des 5+1 (Etats-Unis, Chine, Russie, France, Grande-Bretagne et Allemagne) ont désormais la tâche délicate de le transformer -au plus tôt d'ici le 20 juillet- en un accord global garantissant sans l'ombre d'un doute la nature pacifique du programme nucléaire iranien.

L'enjeu est de taille: un accord global permettrait une normalisation des relations internationales entre l'Iran et les Etats-Unis, rompues depuis trente-cinq ans, et éloignerait dans la foulée l'option militaire évoquée souvent par Israël et les Etats-Unis, comme encore récemment par le secrétaire d'Etat américain John Kerry.

Experts et diplomates jugent peu probable la conclusion d'un accord en l'espace de six mois tant les positions restent éloignées, mais la période pourra être prolongée jusqu'à un an à compter de la signature du plan d'action en novembre, par consentement mutuel.

L'absence de claire avancée d'ici à juillet serait un mauvais présage pour la suite. Un surplace donnerait des arguments aux parlementaires américains pour resserrer encore l'étau des sanctions. Cela affaiblirait dans la foulée les marges de manoeuvre du président modéré Hassan Rohani, à l'origine du dégel de ces derniers mois, face aux farouches opposants à tout compromis à Téhéran.

S'il veut obtenir la levée de l'ensemble des sanctions internationales, l'Iran devra probablement fermer son site d'enrichissement de Fordo, enfoui sous une montagne, réduire le nombre de ses centrifugeuses (environ 19.000 actuellement) qui servent à enrichir l'uranium, et abandonner définitivement son projet de réacteur à eau lourde d'Arak, dont il pourrait tirer du plutonium utilisable dans la mise au point d'une bombe, estiment les experts.

La question d'une fermeture de site n'a pas été abordée lors de la réunion de Vienne, a indiqué M. Zarif lors d'une rencontre avec la presse iranienne. "Notre programme continuera et aucun site ne sera fermé", a-t-il réaffirmé.

bur-ilp/mr

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