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Les sanctions, une arme à l'efficacité contestée

Les sanctions, une arme à l'efficacité contestée

En décidant de sanctionner le régime ukrainien, l'Union européenne a envoyé un premier message de fermeté, mais l'impact des "sanctions ciblées" est difficile à évaluer, comme le démontrent les précédents de l'Iran, de la Syrie ou du Belarus.

Ayant privilégié la modération et le dialogue depuis trois mois, les Européens ont décidé de durcir le ton après les bains de sang cette semaine à Kiev.

Lors d'une réunion de crise jeudi après-midi à Bruxelles, les ministres des Affaires étrangères se sont mis d'accord sur des sanctions ciblées visant "les responsables de violations des droits de l'Homme, de violences et de l'usage excessif de la force". Ils ont aussi décidé la suspension de l'exportation d'équipements pouvant être utilisés pour la répression.

Les sanctions se sont imposées comme l'outil de prédilection de la diplomatie européenne. Apparues dans les années 1980 à la suite du coup d'Etat en Pologne, elles ont depuis visé une trentaine d'Etats ou d'organisations, de l'Irak à la Côte d'Ivoire, en passant par la Corée du Nord ou Al-Qaïda.

"Bien que les sanctions soient appliquées de plus en plus fréquemment, il est extrêmement difficile de juger de leur efficacité", souligne Konstanty Gebert, un expert de l'institut European Council on foreign relations (ECFR).

Sur le plan diplomatique au moins, les sanctions s'avèrent comme "un instrument bien utile" car "elles permettent à l'UE de montrer qu'elle agit et de surmonter les divergences entre les Etats membres", affirme un diplomate à Bruxelles.

De fait, elles représentent souvent l'unique moyen de pression disponible pour une Europe qui rechigne aux interventions militaires extérieures.

La "boîte à outils" des sanctions est large, comme le démontre l'étendue de celles appliquées par l'UE contre le régime syrien: près de 200 personnes et 50 sociétés touchées, embargo économique tous azimuts, notamment dans le pétrole et le gaz.

"Pour la Syrie, l'UE a utilisé toutes les sanctions ou presque, mais les résultats sont très limités car le pouvoir peut les contourner grâce à ses soutiens extérieurs très forts", au premier rang desquels l'Iran et la Russie, souligne Vivien Pertusot, expert de l'Ifri à Bruxelles.

Dans le cas de l'Ukraine, les sanctions pourraient également pousser plus encore le régime de Ianoukovitch dans les bras de la Russie, son principal soutien.

Des responsables européens citent le précédent du Belarus. En imposant de lourdes sanctions depuis 1998, l'UE a coupé les ponts avec le président Alexandre Loukachenko et isolé un peu plus cette ex-république soviétique.

L'UE n'a pas encore précisé la liste des personnes visées en Ukraine. Mais dans un premier temps, les Européens ne devraient pas y inclure Viktor Ianoukovitch, selon une source diplomatique. "Le viser enverrait le signal fort qu'ils ne lui font plus confiance pour résoudre la crise, mais rendrait toute négociation quasiment impossible car il est difficile de parler avec quelqu'un placé sur liste noire", explique cette source.

Pour autant, l'UE a prévenu que l'étendue des sanctions serait évaluée en fonction des "développements" dans le pays, à l'heure où trois ministres européens mènent une mission de médiation pour une sortie de crise.

Pour Vivien Pertusot, "il est illusoire de croire que les sanctions puissent à elles seules changer la donne sur le terrain". Mais "elles peuvent être efficaces lorsqu'il existe la perspective d'un processus politique".

C'est ainsi que l'Iran, affaibli économiquement, espère obtenir un assouplissement des sanctions en négociant avec les grandes puissances sur le dossier du nucléaire.

En Côte d'Ivoire, les sanctions prises par l'UE en 2011 avaient joué un rôle important en affaiblissant les marges de manoeuvre du président Laurent Gbagbo.

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