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Ukraine : 26 morts dans les violences à Kiev, les Européens envisagent des sanctions

Ukraine : 26 morts dans les violences à Kiev, les Européens envisagent des sanctions

Les Européens ont nettement haussé le ton mercredi et brandi la menace de sanctions contre les responsables de la répression en Ukraine, où de violents affrontements et un assaut des forces spéciales contre les manifestants ont fait 26 morts.

Des centaines d'habitants de Kiev se sont rendus mardi sur le Maïdan, la place de l'indépendance, dernier refuge des manifestants hostiles au président Viktor Ianoukovitch, les bras chargés de provisions, de vêtements et de médicaments.

Un mur de feu séparait toujours les manifestants des policiers antiémeute, avec des échanges intermittents de projectiles de part et d'autres, tandis que des enfants et des personnes âgées descellaient les pavés de la place.

"La prochaine étape, c'est la guerre civile", soupire Igor, 23 ans, en faction à une barricade.

A quelques rues de là cependant, la vie suivait son cours quotidien.

Le ministère de la Santé a fait état d'un nouveau bilan de 26 morts depuis le regain de violences à Kiev mardi, et de 241 blessés hospitalisés dont 79 policiers et cinq journalistes. Au moins dix policiers figurent parmi les tués, selon le ministère de l'Intérieur.

Un journaliste ukrainien a aussi été abattu, a indiqué son journal.

La Russie a dénoncé une "tentative de coup d'Etat" et exigé des leaders de l'opposition qu'ils fassent cesser les violences, tandis que le président ukrainien a accusé ces derniers d'avoir déclenché une insurrection.

Les violences ont commencé par des affrontements mardi aux environs du parlement, et ont été suivies dans la soirée par l'assaut policier contre le Maïdan, épicentre de la contestation, occupé depuis près de trois mois par des milliers de personnes qui y avaient établi leur campement de tentes.

Un assaut des forces antiémeute, équipées de blindés, y a été lancé dans la nuit, dans la fumée des incendies et des pneus brûlés.

Le président Viktor Ianoukovitch a décrété une journée de deuil national, jeudi.

Face à la crise, l'une des pires que traverse l'Ukraine, une ex-république soviétique, depuis son indépendance en 1991, certains pays membres de l'UE, comme la France, l'Allemagne et la Pologne, ont appelé à des sanctions à l'égard des responsables de la répression.

Viktor Ianoukovitch "a du sang sur les mains", a même jugé le ministre suédois des Affaires étrangères, Carl Bildt.

La Grande-Bretagne a assuré que le gouvernement devrait "rendre des comptes" cependant que l'ONU réclamait une enquête "urgente et indépendante" sur les violences.

Une réunion extraordinaire des ministres des Affaires étrangères de l'UE doit avoir lieu jeudi, et le chef de la diplomatie polonaise a été désigné pour se rendre sur place au nom des Européens.

Le président de la Commission européenne José Manuel Barroso a dit espérer que les Etats membres se mettent d'accord "dans l'urgence sur des mesures ciblées contre les responsables de la violence".

Le pape François a quant à lui demandé à toutes les parties de "cesser toute action violente".

La Russie, qui a à plusieurs reprises accusé les Occidentaux d'être responsables de cette situation, a dénoncé une "tentative de coup d'Etat".

Le porte-parole du Kremlin a indiqué que Vladimir Poutine et Viktor Ianoukovitch s'étaient parlé au téléphone dans la nuit de mardi à mercredi et a pris soin de préciser que le président russe ne donnait pas de conseils à son homologue.

Ce dernier a accusé les chefs de l'opposition, dans un message à la Nation diffusé en pleine nuit, d'avoir appelé à une "lutte armée" pour prendre le pouvoir, assurant que les coupables comparaîtraient "devant la justice".

Les services de sécurité ukrainiens (SBU) ont annoncé mercredi l'ouverture d'une enquête pour tentative de prise illégale du pouvoir visant "certains hommes politiques", sans autres précisions.

La contestation est née de la volte-face en novembre du pouvoir ukrainien qui a renoncé subitement à un rapprochement avec l'Union européenne pour se tourner vers Moscou.

Après avoir mobilisé des centaines de milliers de personnes, elle s'est transformée au fil des semaines en un rejet du régime du président Ianoukovitch.

Dans la nuit de mardi à mercredi, les policiers ont avancé et pris position autour du monument qui se trouve au milieu de la place, après une pluie de grenades lacrymogènes et assourdissantes. Les tentes situées autour du monument ont pris feu les unes après les autres.

Plusieurs étages de la Maison des Syndicats, transformée en QG des manifestants donnant sur le Maïdan, ont été ravagés par le feu.

Le pouvoir a imposé un état d'urgence qui ne dit pas son nom : le métro de Kiev a été fermé et les autorités ont annoncé que le trafic routier en direction de la capitale était désormais "limité".

Malgré les condamnations internationales, le président Ianoukovitch a exigé que les manifestants évacuent le Maïdan, ont déclaré les leaders de l'opposition après l'avoir rencontré mardi soir.

Les violences menacent désormais de s'étendre au reste de l'Ukraine.

A Lviv, un bastion de la contestation dans l'ouest, quelque 5.000 manifestants ont pris d'assaut les sièges de l'administration régionale et de la police, ainsi que de bâtiments militaires, s'emparant de dépôts d'armes.

Des heurts fin janvier avaient fait quatre morts et plus de 500 blessés à Kiev.

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