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Taxe Tobin: Hollande et Merkel promettent, les ONG protestent

Taxe Tobin: Hollande et Merkel promettent, les ONG protestent

Le président français François Hollande et la chancelière allemande Angela Merkel ont promis mercredi de présenter un projet de taxe sur les transactions financières avant les élections européennes, alors que des ONG leur reprochent de céder aux lobbies.

M. Hollande a indiqué à l'issue d'un conseil des ministres franco-allemand que la France et l'Allemagne avaient "la volonté d'aboutir avant les élections européennes" quitte à s'entendre sur une taxe "imparfaite".

"Je préfère une taxe imparfaite à pas de taxe du tout", a-t-il affirmé.

La chancelière Angela Merkel a fait valoir qu'une telle taxe serait "un signal important", qui "montrerait que les acteurs financiers ont une responsabilité", lors d'une conférence de presse commune à l'Elysée

"Ce n'est pas rien" de fixer l'échéance avant les élections européennes, a-t-elle estimé, assurant que les travaux avançaient "à un rythme soutenu". "Si les choses bougent, certains pays pourraient perdre leurs réticences", a-t-elle insisté.

Mais si les deux dirigeants sont restés évasifs sur les détails, côté français, on affirme que des avancées importantes ont été faites "en souterrain". Le ministre français de l'Economie, Pierre Moscovici, "a convaincu son homologue allemand d'accepter le principe d'une taxation large de tous les produits dérivés", a indiqué une source proche du ministère de l'Economie.

C'était le point le plus épineux des négociations entre les deux pays. La taxation des produits dérivés, actifs complexes pouvant jouer un rôle amplificateur lors de crises financières est un marché très important pour la banque allemande Deutsche Bank et la française BNP Paribas.

Les lobbies des secteurs financiers des deux pays mènent une campagne virulente contre cette taxe, illustrée par de récentes sorties du gouverneur de la Banque de France Christian Noyer, selon qui elle nuirait à l'octroi de crédits et provoquerait une fuite de capitaux et d'activités bancaires.

Ces promesses ont en revanche laissé sur leur faim les organisations non-gouvernementales, qui attendaient des avancées concrètes.

"La France et l'Allemagne prouvent qu'elles n'arrivent toujours pas à mettre leurs intérêts nationaux de côté pour proposer une taxe progressiste et servant l'intérêt général", assène Friederike Röder, directrice de ONE France.

"On attendait un leadership et on ressort avec un communiqué qui n'en comporte aucune trace", s'indigne Alexandre Naulot, spécialiste de la question chez Oxfam France, pour qui la France "cède face au matraquage" des lobbies et s'achemine "vers une taxe a minima".

Il regrette aussi l'absence de précisions sur l'affectation des recettes à la lutte contre la pauvreté, le sida ou le changement climatique, conformément aux promesses de campagne électorale de M. Hollande.

Paris et Berlin planchent depuis des mois sur une taxe sur les transactions financières (TTF ou "taxe Tobin") qui concernerait d'abord onze pays de l'Union européenne, soit ce que l'on appelle une "coopération renforcée", de manière à contourner les réticences britanniques.

L'objectif est de lever des fonds et de décourager la spéculation, tout en s'affranchissant des initiatives de la Commisison européenne, qui propose elle-même une taxe, jugée bien trop agressive dans les deux pays.

Vendredi dernier, les organisations patronales des onze pays concernés avaient rejoint le mouvement, demandant dans un courrier commun aux responsables politiques européens et nationaux de "reporter toute décision" sur la taxe.

Les arguments font en partie mouche en France, où le ministère de l'Economie tente de convaincre les grandes banques d'entrer au capital du groupe gérant la Bourse de Paris, Euronext, de manière à le verrouiller face aux investisseurs étrangers. Mais ces discussions patinent, suscitant un certain agacement côté gouvernemental.

En Allemagne, le ministre des Finances Wolfgang Schäuble s'est longtemps fait tirer l'oreille pour rejoindre ce projet de TTF. Mais il doit désormais composer avec le parti social-démocrate, qui vient d'entrer au gouvernement de Mme Merkel, et qui s'affiche comme un grand partisan de ce prélèvement.

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