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Les exactions allemandes en France et Belgique envahies

Les exactions allemandes en France et Belgique envahies

Dès leur invasion de la Belgique et de la France début août 14, les troupes impériales allemandes vont se livrer à de nombreuses exactions contre les populations civiles, immédiatement exploitées -et souvent amplifiées- par la propagande alliée dénonçant les "atrocités" de l'envahisseur.

Les Allemands justifieront les massacres de milliers de civils et les destructions de joyaux culturels comme la bibliothèque de Louvain en invoquant la présence de francs-tireurs parmi la population -ce que tous les historiens démentiront ensuite- mais ces exactions alimenteront durablement leur image de "barbarie" chez les Alliés.

Outre les destructions dues aux combats, les témoignages de journalistes de nations neutres, comme ceux du New York World (Etats-Unis) ou du Telegraaf (Pays-Bas), abondèrent sur les exactions contre les civils -exécutions sommaires, parfois de masse, viols, pillages ou réquisitions,destructions systématiques, menaces contre les autorités locales- qui marquèrent l'avancée des troupes du Kaiser.

Selon l'historien irlandais John Horne, les forces allemandes exécutèrent quelque 6.500 civils en Belgique et en Lorraine française durant les trois premiers mois du conflit, en déportèrent 25.000, et incendièrent près de 20.000 édifices.

Durant les seules journées des 22 et 23 août, plus de 1.200 civils, y compris des femmes et des enfants, ont été exécutés à Andenne, Dinant et Tamines, trois localités de Wallonie, au sud de la Belgique, selon les témoignages recueillis par la commission d'enquête belge d'après-guerre.

Des exactions similaires, quoique de moindre ampleur, se produiront sur le sol français tout au long de l'avancée de troupes allemandes jusqu'à la Marne.

A Senlis, pointe de l'avance allemande, le maire est tué d'une balle dans la tête, tandis que des civils pris en otages sont obligés de marcher devant les troupes allemandes. L'incendie est mis par les soldats à la ville historique.

D'autres incendies apparemment volontaires de hauts lieux d'histoire et de culture, comme la bibliothèque de Louvain et la halle d'Ypres en Belgique, ou les bombardements du beffroi d'Arras et des cathédrales de Reims, Soissons et Senlis en France, achèvent d'alimenter le réquisitoire contre les "nouveaux Huns".

Les milieux intellectuels allemands s'insurgent contre ces accusations, notamment dans le "manifeste des 93", un "appel aux nations civilisées" d'octobre 1914, où les signataires parlent de "défense légitime" contre une "population" qui "n'a cessé de tirer traîtreusement sur nos troupes".

Une fois le front stabilisé, les populations de la Belgique -que l'Allemagne voulait annexer en cas de victoire- et de 10 départements du nord-est de la France envahis vivront quatre ans d'occupation sévère, subissant travail forcé, déportations et prises d'otage, ainsi qu'une pénurie alimentaire qui va s'aggraver avec les années du fait du blocus maritime des alliés qui frappe l'Allemagne. 120.000 travailleurs belges seront ainsi déportés vers l'Allemagne et la France occupée, où 2.600 d'entre eux trouveront la mort.

Quelque 100.000 civils belges et français seront également internés durant la guerre dans des "camps de concentration", inaugurant une pratique qui sera développée à grande échelle durant la seconde guerre mondiale.

Lors de leur recul tactique volontaire sur la ligne Hindenburg en mars-avril 1917, les Allemands détruisirent tout sur des dizaines de km de profondeur pour gêner les Alliés, évacuant de force 160.000 civils français, selon l'ordre reçu que "l'ennemi ne trouve qu'un désert à son arrivée".

En septembre 1918, ils réitérèrent cette politique de la terre brûlée lors de leur retraite jusqu'à l'armistice du 11 novembre. Les usines françaises et belges seront systématiquement démantelées, les puits de mine inondés, et jusqu'aux arbres fruitiers coupés.

La dureté des armées allemandes envers les civils aura un effet négatif pour la cause de Berlin auprès des puissances extérieures au conflit comme les Etats-Unis, au même titre que les torpillages de bateaux neutres ou le premier usage de gaz de combat, tous actes contraires aux conventions de La Haye sur le droit de la guerre.

Ces exactions et destructions seront invoquées par la Belgique et la France pour justifier les "réparations" énormes -132 milliards de Marks or- réclamées à Berlin après la guerre, ainsi que l'occupation franco-belge de la Ruhr, le principal bassin industriel allemand, en 1925-26.

Elles alimentèrent aussi une rancoeur réciproque autour de la question des crimes de guerre. Le traité de Versailles prévoyait, à la colère de Berlin, que 2.000 militaires allemands soient jugés pour crimes de guerre, mais seuls une poignée seront traduits en justice. Et ils seront la plupart du temps absous ou condamnés à des peines symboliques, à la grande frustration des Alliés.

Le souvenir de ces atrocités sera pour beaucoup dans l'exode massif de millions de Belges et de Français fuyant l'avancée des troupes allemandes sur les routes en juin 1940.

pm/lma/phv

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