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L'Egypte craint les retombées de l'attentat contre un bus de touristes dans le Sinaï

L'Egypte craint les retombées de l'attentat contre un bus de touristes dans le Sinaï

Un attentat à la bombe qui a coûté la vie à trois touristes sud-coréens dans le Sinaï a déclenché une vague de panique dans les stations balnéaires du littoral égyptien, faisant craindre des retombées pour le tourisme.

L'attentat à la bombe qui a visé le bus d'un tour opérateur dimanche a été revendiqué par un groupe inspiré par Al-Qaïda, qui avait jusque là concentré ses attaques sur les forces de sécurité, depuis l'éviction du président islamiste Mohamed Morsi en juillet.

Ce groupe, Ansar Beit al-Maqdess a indiqué dans un communiqué avoir agi dans le cadre de "la guerre économique contre ce pouvoir traître".

Des dizaines de policiers et de soldats ont été tués ces derniers mois dans des attaques revendiquées par des insurgés basés dans le Sinaï.

Mais l'attentat de dimanche mine les efforts des autorités installées par l'armée pour relancer le tourisme, source cruciale de revenus pour l'économie égyptienne déjà exsangue, qui représente 11% de son produit intérieur brut.

Le groupe jihadiste est "une menace pour le tourisme" a déclaré le Premier ministre Hazem Beblawi, selon des propos rapportés par la presse.

Un chauffeur de bus, Fekri Habib, rapporte que sa compagnie a déjà annulé deux voyages organisés vers le monastère de Sainte Catherine, dans le désert à l'intérieur de la péninsule, l'un des lieux touristiques du Sud Sinaï visités par les touristes sud-coréens avant que leur bus ne soit attaqué à proximité d'un poste-frontière avec Israël.

Patientant dans les jardins de l'hôpital de Charm el-Cheikh avec le frère de son collègue chauffeur tué dans l'attaque, il estime que l'attentat va avoir d'importantes retombées sur le tourisme, soulignant que "toutes les compagnies ont annulé les excursions prévues" lundi, au lendemain de l'attentat.

Le littoral du sud de la péninsule, lieu de villégiature apprécié des Occidentaux pour ses stations balnéaires animées, ses plages ensoleillées et ses récifs coralliens, avait été épargné par la vague de violences qui a secoué le pays depuis le soulèvement populaire ayant renversé Hosni Moubarak début 2011.

Ces trois dernières années, "le Sinaï Sud s'en sortait bien par rapport à d'autres zones comme Le Caire ou Louxor", estime la porte-parole du ministère du Tourisme, Rasha al-Azayzi, interrogée par l'AFP.

Elle estime que 75% des touristes venant en Egypte se rendent sur les rivages de la Mer rouge et dans les villes balnéaires du sud du Sinaï comme Charm el-Cheikh.

"J'ai réfléchi à deux fois avant de venir en Egypte", reconnaît Suzanne Peamon, une touriste anglaise de 55 ans. "Mais comme Charm el-Cheikh est assez loin du Caire, j'ai dit d'accord".

Sur la route entre Le Caire et Charm el-Cheikh, les voitures doivent s'arrêter à plusieurs points de contrôle, où des policiers vérifient les papiers d'identité et demandent la destination du véhicule.

Mohamed Hamdi, propriétaire d'un magasin de souvenirs dans la station balnéaire, estime qu'il est prématuré d'évaluer les retombées de l'attentat.

"Cela sera plus clair d'ici une semaine ou dix jours, quand on verra si les gens qui étaient censés venir annulent leur voyage ou pas", explique-t-il.

Mais il reconnaît qu'une nouvelle attaque de ce genre pourrait porter un coup fatal à une industrie touristique, déjà mal en point.

"Si cela arrive à Charm ou à Hurghada, on peut dire adieu au tourisme", estime M. Hamdi.

Une touriste italienne de 55 ans, dinant avec son mari dans un restaurant de fruits de mer, a expliqué qu'une de ses amies avait annulé son voyage après l'attentat de Taba, mais qu'elle même se trouvait déjà en Egypte lors de l'attaque.

Selon l'office égyptien des statistiques, le nombre de touristes a plongé en décembre 2013 de presque 31% comparé à la même période un an auparavant.

"J'espère que ça va aller mieux. On n'en peut plus", souffle Tareq Hamad, propriétaire d'une boutique de maillots de bain qui n'est pas certain de pouvoir payer son loyer à la fin du mois, déplorant une détérioration de la situation depuis l'éviction de Mohamed Morsi.

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