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Nucléaire: l'Iran et les grandes puissances dans le vif du sujet

Nucléaire: l'Iran et les grandes puissances dans le vif du sujet

Après la percée historique de novembre, l'Iran et les grandes puissances vont entamer mardi à Vienne des discussions délicates en vue de régler, une fois pour toutes, leur conflit sur le programme nucléaire controversé de Téhéran.

Chacun aborde avec une bonne dose de prudence ces négociations, susceptibles de mettre fin à une bataille de plus de dix ans entre l'Iran et la communauté internationale.

Le régime islamique est soupçonné de vouloir se doter de l'arme atomique sous couvert de son programme civil, ce qu'il nie farouchement.

Le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, a dit s'attendre à des négociations "difficiles". Pour le président américain Barak Obama, les chances de conclure un accord définitif se situent à 50-50.

La réunion, prévue pour durer trois jours, est la première d'une série dont le calendrier et le cadre restent à fixer. M. Zarif y fera face à des diplomates de haut rang des pays membres du conseil de sécurité des Nations Unies -Etats-Unis, Chine, Russie, Grande-Bretagne, France- et de l'Allemagne, le groupe des 5+1. La chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, participera également.

Le 24 novembre à Genève, l'Iran avait conclu avec le groupe des 5+1 un accord intérimaire sur six mois, entré en vigueur le 20 janvier et qui pourra si nécessaire être prolongé, prévoyant un gel de certaines activités nucléaires sensibles en l'échange de la levée d'une petite partie des sanctions qui étranglent l'économie du pays.

Téhéran a notamment suspendu l'enrichissement d'uranium à 20%, étape importante vers un niveau militaire (90%).

Toute la complexité d'un accord "global" sera de trouver des solutions permettant à l'Iran de continuer certaines activités nucléaires -y compris peut-être un enrichissement d'uranium auquel le pays refuse catégoriquement de renoncer - tout en s'assurant que cette technologie ne sera pas détournée à des fins militaires, selon des diplomates.

S'il veut obtenir la levée de l'ensemble des sanctions internationales, l'Iran devra probablement fermer son site d'enrichissement de Fordo, enfoui sous une montagne, réduire le nombre de ses centrifugeuses, qui servent à enrichir l'uranium, et enterrer définitivement son projet de réacteur à eau lourde d'Arak, dont il pourrait tirer du plutonium utilisable dans une bombe.

"Nous leur disons: vos capacités d'enrichissement sont incompatibles avec votre parc nucléaire civil qui est déjà approvisionné, elles sont démesurées par rapport à votre affirmation que vous n'avez pas d'objectifs militaires", explique un diplomate occidental.

Conjuguées à des inspections plus fréquentes de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), ces mesures entraveraient considérablement la capacité de l'Iran à se constituer un arsenal nucléaire.

La tâche des négociateurs est encore compliquée par le fait qu'ils doivent composer avec les pressions des farouches opposants à tout compromis, à Washington, à Téhéran et en Israël, considéré comme la seule puissance nucléaire du Moyen-Orient.

"Le problème, c'est que chaque partie devra satisfaire des durs en dehors de la pièce des négociations", indique Richard Dalton, ancien ambassadeur britannique à Téhéran, désormais membre du think-tank Chatham House.

Si l'accord de Genève, rendu possible grâce à l'offensive diplomatique du président modéré Hassan Rohani, avait permis de sortir d'une longue impasse, toute les plaies ne sont pas pour autant pansées.

"La plus grande difficulté vient de l'absence de confiance" envers les Etats-Unis, a récemment déclaré M. Zarif, après que Washington eut étoffé sa liste noire de personnes ou entités soupçonnées de contourner les sanctions contre Téhéran.

Les récentes déclarations du secrétaire d'Etat américain John Kerry sur des options militaires "prêtes et préparées" si Téhéran ne respectait pas l'accord de Genève ont aussi contribué à refroidir l'ambiance. "L'option d'une action militaire contre l'Iran n'existe sur aucune table du monde", avait répliqué Hassan Rohani.

bur-ilp/cs/mf

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