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Bahreïn: un policier tué pour le 3e anniversaire de la contestation

Bahreïn: un policier tué pour le 3e anniversaire de la contestation

Un policier a été tué dans une attaque à la bombe à Bahreïn où des milliers de personnes ont défilé samedi dans le calme près de Manama à l'appel de l'opposition qui commémorait la contestation le 14 février 2011.

La mort du policier est intervenue alors que des heurts ont opposé ces derniers jours les forces de sécurité à des protestataires, qui manifestaient dans plusieurs villages chiites où, selon le ministère de l'Intérieur, cinq autres policiers ont été blessés, dont deux grièvement, et une soixantaine de protestataires arrêtés.

Bahreïn, un petit archipel du Golfe, est secoué depuis trois ans par un mouvement de contestation animé par les chiites, majoritaires, qui réclament des réformes, notamment une monarchie constitutionnelle, dans ce royaume dirigé par la dynastie sunnite des Al-Khalifa.

Répondant à un appel du puissant mouvement chiite Al-Wefaq, des milliers d'hommes et de femmes, arborant le drapeau bahreïni ou exhibant pour certains l'inscription "Prêts à mourir pour Bahreïn", ont défilé sur l'axe routier de Boudaya qui relie plusieurs villages chiites, en chantant des slogans anti-régime, selon des témoins.

"La révolution se poursuivra jusqu'à la victoire", "Nous ne renoncerons pas" à la monarchie constitutionnelle", "Nous ne plierons que devant Dieu", ou encore "A bas Khalifa" Ben Salmane Al-Khalifa, le Premier ministre, en poste depuis quatre décennies, criait la foule, dont la marche était survolée par des hélicoptères de la police, a-t-on ajouté.

La marche, qui clôturait une série de manifestations organisées par l'opposition pour marquer le début du mouvement de la contestation, s'est achevée dans le calme, malgré le déploiement d'importants renforts policiers sur les routes menant au lieu du rassemblement, indiquent les témoins.

Dans un communiqué publié au terme du rassemblement, l'opposition a appelé le gouvernement à libérer les détenus politiques, à suspendre les procès en cours pour les soumettre un tribunal "indépendant", à favoriser "la réconciliation nationale" et l'élection d'un Parlement à pleins pouvoirs législatifs.

Pour prévenir tout débordement, le Wefaq avait appelé ses partisans à faire preuve de "discipline".

Dans la matinée, le ministère de l'Intérieur a annoncé qu'"un policier a succombé à ses blessures subies dans une explosion terroriste vendredi soir à Dair", un village chiite, près de l'aéroport international de Bahreïn, sur l'île de Muharaq, la deuxième plus grande de l'archipel.

Il a été blessé en même temps qu'un autre policier alors qu'ils étaient en faction pour "assurer la sécurité routière", a ajouté le ministère sur son compte Twitter.

Une première attaque à l'explosif avait déjà visé vendredi un bus de la police, sans faire de victime, près de Manama, selon le ministère.

Selon des témoins, plusieurs protestataires ont été blessés vendredi dans des heurts avec les forces anti-émeutes, qui ont tiré à la chevrotine et fait usage de gaz lacrymogènes pour disperser la foule alors que des cocktails Molotov étaient lancées dans leur direction.

L'opposition a aussitôt pris ses distances avec ces actes de violence et annoncé dans un communiqué samedi son "rejet de toute attaque à l'explosif".

Elle a ajouté "rejeter de telles pratiques sous toutes leurs formes et quels que soient leur origine ou commanditaire", comme elle "condamne le recours excessif à la violence par les forces de sécurité" contre les manifestants.

Des partisans du Collectif du 14 février, un groupe radical, rassemblés vendredi dans des villages chiites ont tenté en vain de marcher en direction de la place de la Perle à Manama, symbole du soulèvement.

Les forces anti-émeutes, déployées à la sortie des villages et autour de la place de la Perle, les en ont dissuadés, selon des témoins.

Le ministère de l'Intérieur a assuré dans un communiqué que "le droit de manifester pacifiquement et de réunion est garanti" à Bahreïn mais que la police intervenait contre des groupes "usant de tactiques de la guérilla urbaine". "Lorsqu'elle utilise la force, elle le fait d'une manière proportionnée et nécessaire", écrit-il à l'adresse du secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, selon l'agence officielle BNA.

Selon la Fédération internationale des droits de l'Homme, 89 personnes ont été tuées depuis le début du mouvement de contestation.

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