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Stromae, décidément "formidable"

Stromae, décidément "formidable"

"Formidable" ! Le titre de sa chanson résume à la perfection les mois qui viennent de s'écouler pour Stromae, qui a triomphé vendredi aux Victoires de la musique - les prix de la chanson francophone - après avoir redonné des couleurs au marché du disque.

Paul Van Haver, qui fêtera ses 29 ans le 12 mars prochain, est né dans la banlieue de Bruxelles, d'une mère flamande et d'un père rwandais, parti très tôt de la maison et tué pendant le génocide.

Ado, il découvre le rap où il fait ses premières armes, puis compose pour des artistes grand public, comme Anggun, avant de se tourner vers l'eurodance des années 90, dont la Belgique est un des creusets.

En 2010, il publie son premier titre sous le nom de Stromae : "Alors on danse", sur lequel il évoque les gens qui dansent pour oublier la crise, leur désespoir et la mort.

Le titre tourne en boucle dans les discothèques, devient le tube de l'été et est même remixé par Kanye West.

Quelques mois plus tard, le public découvre un artiste singulier, entre Brel, Arno et Kraftwerk, sur la scène des Trans Musicales de Rennes.

Avec Stromae (maestro, en verlan), Paul Van Haver revendique le fait d'avoir créé un personnage qui lui permet d'incarner tour à tour un ivrogne, une femme délaissée, un lâche.

Métis aux magnifiques yeux verts, dégingandé, les oreilles en éventail, il souligne son physique si particulier avec des costumes étriqués, des chaussettes montantes et des chemises à motif de papier peint.

"Ce qui fait le succès de Stromae, c'est l'ensemble de son projet", estimait récemment le patron de son label Olivier Nusse (Mercury/Universal).

Des textes qui abordent des thèmes particulièrement durs, comme le cancer ou l'absence de père, avec un humour grinçant, lucide, mais jamais méchant.

En contre-point, des musiques qui appellent à faire la fête: de l'électro, de la dance, du rap, de la rumba congolaise et des airs caribéens.

"Le tout accompagné par une image très forte et très personnelle, incarné par un artiste avec un physique et un stylisme à part. Pour couronner le tout, il a remis au goût du jour l'importance de l'interprétation", soulignait M. Nusse dans un entretien à l'AFP.

Un savant mélange qui lui a valu de rafler la Victoire de l'artiste masculin de l'année, de l'album de chansons et du video-clip pour "Formidable.

Avant ce couronnement officiel par la profession, Stromae avait déjà été fait roi par le public.

Son deuxième album "Racine Carrée", paru au creux de l'été, a réalisé la meilleure vente de 2013, laissant loin derrière les robots de Daft Punk.

Le disque s'est écoulé à près d'1,5 million d'exemplaires en six mois, des chiffres qui n'avaient plus été atteints depuis le début de la crise du disque en 2002.

Ce succès "hors norme", selon les mots du principal syndicat des producteurs de disques, a largement contribué à redonner des couleurs au secteur, qui a fini dans le vert en 2013 après onze ans de baisse.

La ferveur est aussi dans les salles, où le public se presse pour assister à ses concerts. Sa tournée des Zénith ce printemps est complète. Une deuxième, prévue à l'automne, l'est quasiment et un troisième Paris-Bercy a dû être rajouté à son programme pour satisfaire la demande.

Un succès phénoménal qu'il accueille avec recul, comme aux Victoires où il a tenu à associer l'ensemble de ses collaborateurs à sa réussite.

"Ma crainte, c'est de ne pas rester normal. Le jour où je me prendrai au sérieux, c'est là que je commencerai à partir en cacahouète", confiait-il récemment.

ber/fa/ei/bir

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