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Droits des migrants: des ONG au Maroc interpellent l'ambassadeur d'Espagne

Droits des migrants: des ONG au Maroc interpellent l'ambassadeur d'Espagne

Des ONG actives au Maroc ont annoncé vendredi avoir écrit à l'ambassadeur d'Espagne à Rabat afin de l'interpeller sur "les violences et violations des droits" des migrants aux frontières avec les enclaves de Ceuta et Melilla, en pleine polémique sur le sujet à Madrid.

Cette correspondance intervient dans la foulée du nouveau drame de l'immigration clandestine qui a fait au moins 12 morts le 6 février près de Ceuta. Ces décès par noyade ont entraîné un vif émoi en Espagne quant à l'attitude de la Garde civile, contraignant le gouvernement à s'expliquer devant le Parlement.

"Nous nous joignons aux protestations de la société civile espagnole ces jours-ci contre les pratiques de la Guardia civil pour le contrôle des frontières de Ceuta et Melilla", indiquent huit ONG actives au Maroc dans une lettre datée de jeudi.

"Plus largement, nous estimons que la responsabilité du gouvernement espagnol est engagée face à l'ampleur des violations de droit à l'encontre des migrants de part et d'autres de ces frontières", ajoutent-elles.

Evoquant de nombreux témoignages recueillis au cours des dernières semaines, ces ONG reprochent notamment aux autorités espagnoles d'avoir remis aux forces de sécurité marocaines des clandestins qui étaient parvenus à rejoindre les deux enclaves, seules frontières terrestres entre l'Europe et l'Afrique.

"Plusieurs présentaient des blessures qu'ils attribuent clairement aux violences exercées par la Garde civile", notent-elles.

S'agissant du récent drame de Ceuta, elles signalent avoir soigné "plusieurs dizaines de personnes qui faisaient partie du groupe" de migrants --de 200 à 400-- ayant tenté d'entrer illégalement dans l'enclave.

"Ceux qui sont entrés par la mer témoignent que les forces de l'ordre espagnoles ont visé leurs embarcations et les personnes elles-mêmes --ce que Madrid réfute-- avec des balles en caoutchouc et des gaz lacrymogènes alors même qu'ils appelaient au secours", clament-elles.

Dans leur lettre, les ONG fustigent aussi la poursuite de violences côté marocain, en dépit de la nouvelle politique migratoire mise en oeuvre depuis l'automne par Rabat, qui prévoit notamment une mesure de "régularisations exceptionnelle" parmi les 30.000 clandestins présents sur son sol.

Les arrestations ont cessé dans le royaume, à l'exception du nord, où elles se sont au contraire "intensifiées", avancent-elles, affirmant que les migrants sont ensuite "déplacés par bus (...) vers l'intérieur du pays".

Parmi ces "centaines" de personnes, "un nombre significatif présente des fractures et divers traumatismes", ajoutent les ONG.

Elles demandent en conclusion au diplomate espagnol d'intervenir "en urgence" auprès de son gouvernement.

Dans un rapport publié lundi, l'ONG internationale Human Rights Watch (HRW) exhorte également Rabat et Madrid à cesser les violences contre les clandestins, tout en notant "quelques améliorations" côté marocain.

Ce document "n'est pas équitable à l'égard de la nouvelle politique migratoire" du royaume et "pas objectif" en se "focalisant essentiellement sur la responsabilité du Maroc", a réagi le porte-parole du gouvernement marocain, Mustapha Khalfi.

D'après lui, plus de 10.000 demandes de régularisation ont déjà été déposées auprès des autorités, alors que l'opération s'étale sur l'ensemble de 2014.

Vendredi, les premiers bénéficiaires se sont vu remettre des cartes de séjour lors d'une cérémonie officielle à Rabat, a rapporté l'agence marocaine MAP.

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