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Allemagne: Démission d'un ministre et première crise du nouveau gouvernement Merkel

Allemagne: Démission d'un ministre et première crise du nouveau gouvernement Merkel

Critiqué pour avoir trahi le secret d'une enquête de pornographie infantile, le ministre allemand de l'Agriculture, Hans-Peter Friedrich, a démissionné vendredi, provoquant la première crise politique du nouveau gouvernement Merkel.

Deux mois seulement après son entrée en fonction, le gouvernement de "grande coalition" de la chancelière Angela Merkel va subir un mini-remaniement, avec le remplacement de M. Friedrich. Ce membre des conservateurs bavarois de la CSU, ministre de l'Intérieur jusqu'en décembre dans le précédent gouvernement, était sous pression après avoir reconnu avoir enfreint son devoir de réserve en informant à l'automne les sociaux-démocrates d'une enquête internationale visant l'un des leurs dans le cadre d'un réseau de pédopornographie.

Cette "fuite", destinée à éviter la présence d'une personnalité inquiétée par la justice dans le nouveau gouvernement allemand alors en cours de formation, pourrait avoir nui à l'enquête judiciaire, selon les médias.

"J'ai présenté aujourd'hui ma démission à la chancelière (...) Je souhaite le succès à mon successeur", a déclaré M. Friedrich dans une brève déclaration devant la presse.

Mme Merkel a aussitôt annoncé qu'elle acceptait son départ "avec beaucoup de respect et de grands regrets".

L'origine de cette affaire, remonte au mois d'octobre, quand les conservateurs de la chancelière et les sociaux-démocrates étaient en négociation pour former un gouvernement de grande coalition après les législatives du 22 septembre.

Encore ministre de l'Intérieur, Hans-Peter Friedrich a alors informé la direction du Parti social-démocrate (SPD) d'une enquête internationale visant un député SPD dans le cadre d'un réseau de pédopornographie démantelé au Canada.

Il a ainsi averti Sigmar Gabriel, président du SPD, aujourd'hui vice-chancelier, qui a ensuite répercuté l'information confidentielle à la direction du parti, dont l'actuel ministre des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier.

L'affaire est restée secrète jusqu'en début de semaine lorsque des perquisitions ont été menées dans les bureaux et au domicile du responsable social-démocrate incriminé, Sebastian Edathy.

Cet homme politique de Basse-Saxe fait l'objet d'une enquête pour avoir téléchargé des photos et vidéos montrant des garçons nus de 9 à 13 ans. C'est à "la limite" de ce que la justice définit comme pédopornographie, a indiqué le Parquet de Hanovre (nord).

Lors de perquisitions, deux ordinateurs seulement ont pu être saisis et les enquêteurs ne s'attendent pas à y trouver des informations importantes. Car pour la presse, il ne fait quasiment aucun doute que M. Edathy a été informé de longue date qu'il se trouvait dans le collimateur de la justice.

"Les bras m'en tombent", a déclaré le procureur de Hanovre, Jörg Fröhlich, à propos des informations confidentielles communiquées par M. Friedrich au SPD.

M. Edathy, qui pourrait se trouver actuellement à l'étranger, a fermement nié avoir détenu des images de pornographie infantile.

Expert des questions de sécurité et d'intégration, cet homme de 44 ans s'était notamment fait remarquer pour avoir présidé une commission d'enquête parlementaire chargée de faire la lumière sur des dysfonctionnements dans une enquête sur une série de meurtres racistes dans les années 2000, ayant fait dix victimes.

Il avait publié un rapport très critique, dénonçant "l'échec massif des autorités" dans cette affaire retentissante, s'attirant aussi des inimitiés dans le monde politico-judiciaire.

Réélu député en septembre, il s'était subitement mis en retrait début janvier, annonçant sur sa page Facebook être en arrêt maladie. Vendredi dernier il avait également créé la surprise en annonçant sa démission.

Vendredi matin, la presse allemande criait au scandale dans cette affaire. "On a du mal à croire à ce qui s'est passé et ce qui continue de se passer", soulignait le quotidien berlinois Tagesspiegel.

Certains commentateurs mettaient en garde contre un possible "effet domino" au sein du gouvernement Merkel.

"Les procureurs ont d'ores et déjà expliqué vouloir enquêter pour savoir quel responsable politique a livré quelles informations", soulignait la Süddeutsche Zeitung. "Finalement, il semble qu'il y en ait un qui ait averti M. Edathy. Dans les prochaines semaines, des responsables du SPD devraient aussi être dans la ligne de mire", affirmait le journal.

Selon le quotidien Bild Zeitung, c'est Mme Merkel qui a poussé M. Friedrich à la démission, souhaitant apparemment agir vite pour éviter que l'affaire se transforme en crise politique de plus grande ampleur.

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