Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Thaïlande: opération pour reprendre des sites aux manifestants

Thaïlande: opération pour reprendre des sites aux manifestants

Des milliers de policiers anti-émeute étaient déployés à Bangkok vendredi pour tenter de reprendre le siège du gouvernement et d'autres sites occupés par les manifestants qui réclament le départ du gouvernement depuis plus de trois mois.

"Nous ciblons quatre sites" dont le siège du gouvernement et le ministère de l'Intérieur, a déclaré le chef du Conseil de sécurité nationale Paradorn Pattanatabut à l'AFP, précisant que des négociations auraient d'abord lieu avec les manifestants.

"Nous reprendrons où nous pourrons et arrêterons les leaders des manifestations", a-t-il promis.

"Ce n'est pas une répression des manifestations, c'est l'application de la loi", a-t-il encore indiqué, ajoutant que les rassemblements étaient illégaux et que des armes étaient présentes sur les sites.

La police a enlevé des tentes installées par les manifestants près de Government House, où le gouvernement n'a pu se réunir depuis près de deux mois, et leur a demandé par haut-parleur de ne pas résister, selon des journalistes de l'AFP.

La police a précisé devoir "dégager ces zones qui sont dangereuses et où il y a constamment des incidents". "Il y a également de nombreux suspects visés par des mandats d'arrêt parmi les manifestants", a-t-elle ajouté.

Aucune violence n'a été rapportée.

La Première ministre Yingluck Shinawatra fait face depuis l'automne à un mouvement de rue réclamant sa tête et la fin de l'influence de son frère Thaksin Shinawatra, ancien chef de gouvernement renversé par un coup d'Etat en 2006.

Ce putsch a précipité la Thaïlande dans un cycle de crises politiques faisant descendre dans la rue tour à tour les ennemis et les partisans de Thaksin, qui reste le personnage le plus aimé et le plus détesté du royaume.

Les masses rurales et urbaines défavorisées du nord et du nord-est restent fidèles au milliardaire, reconnaissantes de ses politiques en faveur des plus pauvres. Les élites de Bangkok, proches des manifestants dans la rue depuis trois mois, le voient en revanche comme une menace pour la révérée monarchie.

Les élections anticipées du 2 février n'ont pas permis de sortir de la crise actuelle qui a déjà fait au moins dix morts.

Les manifestants, qui veulent remplacer le gouvernement par un "conseil du peuple" non élu, ont en effet fortement perturbé le vote par anticipation du 26 janvier et empêché le déroulement du scrutin dans 10% des bureaux de vote le 2 février.

Dans ces conditions, aucun résultat n'a été publié, en attendant deux nouvelles journées de scrutin: l'une le 20 avril pour terminer le vote par anticipation et l'autre le 27 avril dans les circonscriptions où le vote a été empêché lors du scrutin principal.

Aucune solution n'a en revanche été annoncée pour les 28 circonscriptions où le vote n'a pas eu lieu faute de candidat, les manifestants ayant empêché l'enregistrement des candidatures.

Sans ces 28 députés, le Parlement ne disposera pas du quorum de 95% des 500 sièges pour se réunir, prolongeant le mandat du gouvernement actuel condamné à expédier les affaires courantes.

Avec des pouvoirs limités, il est, selon les analystes, plus vulnérable à un nouveau "coup d'Etat judiciaire", dans un pays où la justice a joué un rôle important dans l'histoire récente, chassant deux gouvernements pro-Thaksin en 2008.

Les manifestants, alliance hétéroclite réunie par sa haine envers Thaksin, ont depuis le début du mouvement occupé ou assiégé de nombreux ministères et administration.

Dans le cadre de leur opération de "paralysie" de Bangkok lancé mi janvier, ils occupent également plusieurs carrefours stratégiques dans le centre de la capitale.

L'opération de vendredi ne semblait pas viser ces sites, les plus actifs ces dernières semaines, mais plutôt le quartier abritant le siège du gouvernement.

Les manifestants, dont le nombre s'est récemment largement réduit, ont annoncé un nouveau grand rassemblement à partir de ce vendredi.

Des dizaines de mandats d'arrêt ont été émis contre plusieurs leaders des manifestations pour divers chefs d'accusation, notamment insurrection et violation de l'état d'urgence en vigueur à Bangkok depuis janvier.

Mais jusqu'ici, un seul d'entre eux a été arrêté.

bur-dr/abd/ob

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.