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Québec lance l'exploration pétrolière sur Anticosti

Québec lance l'exploration pétrolière sur Anticosti

Québec lancera dès l'été prochain des programmes d'exploration afin de « confirmer le potentiel pétrolier de l'île d'Anticosti ». Le gouvernement de Pauline Marois s'est entendu avec les compagnies Pétrolia, Corridor Resources et Maurel & Prom, tout en concluant un accord de principe avec Junex.

Le gouvernement assume une grande partie des risques financiers. À terme, Ressources Québec, une filiale d'Investissement Québec, pourrait investir jusqu'à 115 millions de dollars sur 190 millions dans le cadre de ces deux ententes. Le reste sera assumé par le secteur privé.

« C'est le moment le plus intéressant pour investir », plaide la ministre des Ressources naturelles, Martine Ouellet. « Si nous attendons que le potentiel soit confirmé, vous pouvez vous imaginer combien ça va coûter de pouvoir redevenir propriétaire? » En investissant dans l'exploration avec le privé, dit-elle, Québec s'assure de pouvoir engranger des profits, si profits il y a.

Le gouvernement fait miroiter des retombées économiques de 45 milliards de dollars sur 30 ans en redevances, impôts et bénéfices.

« Le Québec reprend ses droits sur des ressources naturelles qui lui appartiennent collectivement et qui doivent profiter à tous les citoyens », a déclaré en conférence de presse la première ministre Pauline Marois, accompagnée du ministre des Finances, Nicolas Marceau, de la ministre des Ressources naturelles, Martine Ouellet, et du ministre de l'Environnement, Yves-François Blanchet.

Québec vante le modèle choisi de coentreprise et soutient que les ententes « permettront au gouvernement de contrôler près de 50 % des permis sur l'île d'Anticosti et d'obtenir plus de 60 % des bénéfices liés à l'exploitation pétrolière ».

Les partenariats conclus « couvrent la quasi-totalité des permis de toute l'île d'Anticosti » et doivent permettre « de savoir une fois pour toutes s'il y a du pétrole sur cette île du Saint-Laurent », a dit Mme Marois.

L'exploration se fera en deux programmes, chacun divisé en deux phases :

  • déterminer le type et la quantité d'hydrocarbures présents;
  • déterminer si l'exploitation de ces hydrocarbures est viable.

Pas de BAPE pour l'exploration

La possibilité de travaux liés au développement de la filière pétrolière dans ce milieu naturel exceptionnel a fait l'objet de nombreux débats au cours des dernières années.

La ministre Martine Ouellet a promis une démarche « structurée et rigoureuse », mentionnant notamment l'attention portée aux impacts environnementaux. Toutefois, la phase d'exploration, qui commencera en 2014, ne sera pas soumise à un examen du Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE).

Si les résultats sont concluants et que l'exploitation va de l'avant, le BAPE tiendra des audiences, assure le gouvernement.

L'environnementaliste Steven Guilbeault, porte-parole d'Équiterre, s'en désole, affirmant que c'est « deux poids, deux mesures ». Pour le gaz de schiste, rappelle-t-il, le Parti québécois a réclamé un moratoire. « Pour Anticosti, pas de problème, on va explorer, pas de BAPE, pas d'études environnementales », dénonce-t-il.

Il craint également que l'engagement de Québec dans l'exploration pétrolière ne nuise aux efforts de lutte contre les changements climatiques. « On est déçu. Pour nous, c'est clair qu'on s'en va dans la mauvaise direction. »

« Il faut être réaliste », rétorque la ministre Ouellet. « Même si notre priorité, c'est la diminution de la consommation de pétrole, et nous avons été très actif dans le dossier [...], nous consommerons pour plusieurs milliards de dollars de pétrole, encore plusieurs années. Nous avons donc un intérêt économique certain à exploiter notre propre pétrole. »

Les transactions boursières de Pétrolia, Junex et Corridor Ressources avaient notamment été interrompues à quelques heures de la conférence de presse, jeudi, ce qui avait mis la puce à l'oreille de plusieurs observateurs sur la nature de l'annonce gouvernementale.

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