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Letta quitte le gouvernement, Renzi, son rival du PD, s'échauffe pour lui succéder

Letta quitte le gouvernement, Renzi, son rival du PD, s'échauffe pour lui succéder

Le chef du gouvernement italien, Enrico Letta, remet officiellement sa démission vendredi, poussé vers la sortie par son rival au sein du Parti démocrate, le jeune maire de Florence Matteo Renzi, qui devrait lui succéder à la tête de la même coalition inédite gauche-droite, formée il y a moins d'un an.

Après un dernier conseil des ministres dans la matinée, M. Letta devait remettre sa démission au président Giorgio Napolitano.

Il a annoncé sa décision dès jeudi soir juste après un vote écrasant de sa formation de centre gauche, le Parti démocrate (PD) réclamant un changement de gouvernement. La motion proposée par M. Renzi demandait d'"ouvrir une phase nouvelle avec un exécutif nouveau soutenu par la majorité actuelle".

"Saut mortel", titrait l'hebdomadaire L'Espresso vendredi matin: "Renzi tire les fils d'une opération concoctée autour d'une table il y a deux mois: elle peut consacrer son leadership ou réduire sa popularité en fumée".

"Une éternelle anomalie italienne", observait le quotidien La Stampa, soulignant l'incertitude du pari du "boy-scout" de la politique italienne: "nous ne savons pas encore s'il y a goal ou si le ballon est passé au-dessus de la barre". Repubblica parlait du "risque de l'acrobate".

Le Corriere della Sera reconnaissait au secrétaire du Parti démocrate des "talents capables de surprendre", mais, ajoutait-il, "tout ne doit pas se réduire à des effets spéciaux". Il faudra dissiper l'impression qu'il s'agit seulement d'une nouvelle "opération de palais" dont l'Italie est coutumière.

Sans demander une investiture officielle et tout en rendant hommage "à l'important travail accompli" par M. Letta, le maire de Florence de 39 ans, a proposé jeudi d'"ouvrir une nouvelle page" avec "un projet de relance radicale".

L'Italie doit "changer d'horizon et de rythme", "sortir des marécages", avait martelé M. Renzi, en se fixant comme horizon la fin de la législature en 2018 et en annonçant des réformes "ambitieuses".

L'Italie est enfoncée depuis deux ans dans la plus grave crise économique de l'après-guerre, avec un PIB en baisse de près de 4% et un taux de chômage supérieur à 12%. Les économistes s'attendent vendredi à l'annonce d'une sortie de la récession au quatrième trimestre de 2013.

La bourse de Milan a réagi tranquillement à cet énième rebondissement politique: l'indice Ftse Mib progressait de 0,37% à 20.184 points à l'ouverture.

M. Letta, ex-numéro deux de ce parti, avait décidé de ne pas participer à la réunion du PD, pour permettre à ses collègues de prendre leurs décisions "avec le maximum de sérénité".

Au fil des débats, le sort de M. Letta est apparu scellé, la grande majorité des intervenants appelant à un "acte de clarté" et à une "accélération".

Le maire de Rome, membre du PD, a assuré le nouveau probable Premier ministre, Matteo Renzi, de son soutien: "je pense que Matteo est quelqu'un qui est à la hauteur", a-t-il déclaré à l'AFP-TV.

La veille encore, M. Letta avait défié son adversaire en présentant un programme pour relancer son gouvernement, appelé "Engagement Italie".

M. Renzi a relégué ce document au rang de simple "contribution" à son action future. Mais il n'a pas donné de détails sur comment il compte trouver l'argent pour relancer l'économie italienne, réduire la bureaucratie, abaisser la lourde fiscalité sur les entreprises, relancer le marché du travail.

Depuis son arrivée à la tête du PD en décembre dernier et surtout depuis qu'il avait conclu un accord à la mi-janvier pour une nouvelle loi électorale avec Silvio Berlusconi, Matteo Renzi piaffait d'impatience.

Il a multiplié les attaques contre l'exécutif Letta, lui reprochant lenteur et manque de détermination, malgré un pacte noué entre les deux hommes pour une poursuite de l'action du gouvernement Letta jusqu'à au moins la fin 2014.

Après la démission de M. Letta, le président Giorgio Napolitano devrait procéder à des consultations des différents partis avant de vraisemblablement choisir M. Renzi pour former un nouveau gouvernement.

Les centristes de Choix civique ont déjà dit vouloir être du voyage. Tout comme les anciens proches de Silvio Berlusconi restés au gouvernement derrière la bannière du Nouveau centre droit d'Angelino Alfano. Mais "uniquement si c'est un gouvernement de service (au pays), pas si c'était un gouvernement politique avec des connotations de centre gauche", a expliqué M. Alfano.

Une fois l'exécutif constitué, M. Renzi devra se présenter, peut-être dès mardi prochain devant le parlement, pour un vote de confiance.

fka-jlv/jh

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