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Le chef de la gauche italienne demande la formation d'un nouveau gouvernement

Le chef de la gauche italienne demande la formation d'un nouveau gouvernement

Le chef du Parti démocrate (PD), Matteo Renzi, a demandé jeudi la formation urgente d'un "nouveau gouvernement" au cours d'une réunion de la direction du parti sur le sort de l'exécutif dirigé par Enrico Letta.

M. Renzi a jugé "nécessaire et urgent d'ouvrir une phase nouvelle avec un exécutif nouveau soutenu par la majorité actuelle", formée avec le centre droit, en présentant un document qui doit être discuté et soumis à l'approbation de la direction du parti.

Le jeune dirigeant (39 ans) de la première formation de gauche du pays et premier parti de la majorité, a cependant rendu hommage à Enrico Letta "pour l'important travail accompli" et s'est défendu de vouloir "faire le procès" de son prédécesseur.

"Il faut ouvrir une nouvelle page, on ne raisonne pas en terme de passage de témoin; il s'agit de changer d'horizon et de rythme", a-t-il dit en exhortant les autres membres de la direction du PD à "prendre le risque du changement".

"Je vous demande de sortir des marécages", a-t-il ajouté.

Matteo Renzi a estimé cependant que "le chemin des élections" pour parvenir à un nouveau gouvernement n'est pas acceptable à l'heure actuelle "en l'absence d'une loi électorale capable de garantir la certitude de la victoire" à un parti.

M. Letta, ex-numéro deux de ce parti, avait décidé de ne pas participer à la réunion pour permettre à ses collègues de prendre leurs décisions "avec le maximum de sérénité", selon une lettre qu'il a adressée à la direction du parti.

"C'est la bataille finale. On est au dernier round du match entre Enrico Letta et Matteo Renzi. Et si la direction du PD confirme les critiques au gouvernement, le président du Conseil devra en prendre acte", a écrit dans son éditorial le journal de gauche La Repubblica, proche du PD.

Alors que toute la presse italienne considérait son départ comme imminent, M. Letta a renversé la situation mercredi soir en présentant à la presse un programme de gouvernement et en défiant ouvertement son adversaire.

"Je suis un homme des institutions", avait déclaré M.Letta, ajoutant : "rompre mon action au service du pays ne fait pas partie de mon ADN".

Dans une allusion à Matteo Renzi, il avait ajouté: "chacun doit assumer ses responsabilités. Chacun, surtout celui qui convoite mon poste, doit le faire au grand jour, en mettant cartes sur table".

Matteo Renzi, le fringant maire de Florence, a multiplié les attaques contre l'exécutif Letta depuis son arrivée à la tête du PD en décembre dernier, lui reprochant lenteur et manque de détermination.

Enrico Letta, qui se débat pour sortir le pays de la crise, reproche quant à lui à son adversaire de l'avoir "trahi". Selon les médias, un accord tacite entre les deux prévoyait que le chef du PD soutienne loyalement le chef du gouvernement jusqu'au moins la fin de l'année 2014.

Giovanni Orsina, professeur de Sciences politiques à l'Université Luiss de Rome estime que la légitimité de Matteo Renzi sera entachée, faute d'avoir été obtenue dans les urnes.

Mais "qui fait de la politique doit être assoiffé de pouvoir", raisonne M. Orsina cité par le journal La Stampa, estimant que "le dualisme Renzi-Letta est devenu depuis quelques semaines un énième facteur de paralysie politique".

La direction du PD, environ 140 personnes, doit trancher ce duel fratricide, alors que le parti souffre déjà de ses divisions internes et luttes intestines qui ont empoisonné son activité ces derniers mois.

"Ce n'est que la dernière d'une série de décisions impossibles et potentiellement suicidaires que les démocrates devront prendre. Je voudrais inviter les dirigeants du parti à la sérénité avant le moment fatidique. Quel que soit le choix qu'ils feront, ce sera le mauvais choix", commente ironiquement l'écrivain et éditorialiste de La Stampa Massimo Gramellini.

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