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Européens partis en Syrie: le jihad ne mène pas forcément au terrorisme

Européens partis en Syrie: le jihad ne mène pas forcément au terrorisme

Parmi les Européens, notamment les Français, de retour de Syrie, une infime minorité risque pour l'instant de basculer dans le terrorisme contre leur propre pays et c'est pour cela qu'ils sont difficiles à détecter, estiment des sources concordantes.

Vouloir aller ou partir vers une "terre de jihad" pour défendre ce que l'on considère comme une population musulmane agressée et poser une bombe dans le métro d'une capitale occidentale sont deux démarches radicalement différentes et l'une ne mène pas automatiquement à l'autre, rappellent ces sources.

"Aller combattre le régime de Bachar al-Assad, un combat qui est légitimé par l'Occident et par de multiples fatwas (décrets religieux) et monter une opération pour déstabiliser son pays d'origine, cela n'a rien à voir", explique à l'AFP un bon connaisseur du dossier qui, parce qu'il ne peut en parler ouvertement, demande à conserver l'anonymat.

"Certes de jeunes écervelés tentés par le romantisme du jihad peuvent en Syrie être pris en main par des malfaisants qui peuvent leur dire +Ici tu ne sers à rien, tu serais plus utile à la cause chez toi+, mais à ce jour c'est marginal", ajoute-t-il. "Partir faire la guerre sainte et tuer des passants sur un trottoir à Paris sont deux choses très différentes".

Plusieurs aspirants-jihadistes comparaissant devant la justice française, interrogés au cours des deux dernières années, ont assumé leur volonté de participer à la défense de terres d'islam mais affirmé qu'il n'était pas question de passer de ce combat à des attaques contre des civils sur le territoire national.

"Je soutiens le jihad mais si c'est défendre des frères contre des envahisseurs. S'il s'agit de monter des attentats aveugles, c'est non", a récemment assuré à l'AFP un jeune homme poursuivi pour "association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste", qui a demandé à ne pas être identifié.

"Les attentats, comme ce qu'a fait Mohamed Merah ou le 11 septembre, ce n'est pas du jihad. C'est même proscrit par le Coran", ajoute-t-il. "J'ai pu le croire à une certaine époque mais je me suis renseigné. Certains prônent ce qu'ils appellent le jihad global mais ils sont dans l'erreur".

Interrogé en Syrie par la télévision nationale des Pays-Bas, un jeune combattant, hollandais d'origine turque se faisant appeler Yilmaz, a récemment déclaré: "je ne suis pas venu ici pour y apprendre à faire des bombes et rentrer. Ce n'est pas la mentalité des combattants étrangers ici. Les médias prétendent que tous ceux qui viennent ici deviennent membres d'Al-Qaïda, mais ce n'est pas vrai".

Interrogé jeudi par Libération, un Français de 27 ans surnommé Salahoudine affirme: "Je me fous complètement d'être repéré et surveillé par les services français sur les réseaux sociaux. Je ne rentrerai jamais".

Selon les autorités françaises, plusieurs centaines de jeunes, musulmans pratiquants ou convertis de fraîche date, sont susceptibles d'entreprendre le voyage vers la Syrie via la Turquie. Une centaine s'y sont rendus, pour quelques semaines ou quelques mois, et sont rentrés en France où ils ont été soit arrêtés et poursuivis soit placés sous surveillance.

"Mais la surveillance 24 heures sur 24 d'un seul suspect, qui en plus utilise souvent trois ou quatre numéros de téléphone différents, c'est trente flics. Comment voulez-vous faire ? Il faut faire des listes de priorités", rappelle le même bon connaisseur du dossier.

Pour l'avocat Pierre de Combles de Nayves, qui a défendu à une dizaine de reprises des personnes poursuivis pour "association de malfaiteurs à visée terroriste", le fait "d'assimiler le volontaire partant ou rêvant de partir faire le jihad à un poseur de bombes provient à la base de ce chef d'inculpation fourre-tout".

"Celui qui voudrait partir, celui qui est parti et revenu et le terroriste aveugle présentent des profils radicalement différents. Or ils sont tous regroupés sous le même chef d'inculpation tentaculaire", dit-il.

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