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Election d'un nouveau vice-président au Burundi, menace de relance de la crise

Election d'un nouveau vice-président au Burundi, menace de relance de la crise

Le Parlement burundais a élu jeudi un nouveau premier vice-président, Prosper Bazombanza, remplaçant le précédent limogé début février, au risque d'une aggravation de la crise entre le parti au pouvoir et son allié, l'Uprona, le principal parti tutsi.

M. Bazombanza est membre de l'Uprona, mais les parlementaires de son parti étaient contre lui et ne lui ont pas accordé leurs suffrages, qualifiant son élection de "mascarade".

La crise a été ouverte fin janvier, avec la tentative du parti CNDD-FDD du président Pierre Nkurunziza, de placer un de ses proches alliés à la tête de l'Uprona, deuxième force du pays, qui participait à ce titre au gouvernement.

Le précédent premier vice-président Bernard Busokoza avait été limogé le 1er février pour avoir critiqué la tentative des autorités, et les trois ministres Uprona présents au gouvernement avaient dans la foulée démissionné.

La Constitution du pays, issue des accords de paix ayant mis fin en 2006 à 13 ans de guerre civile, prévoit un partage du pouvoir entre majorité hutu (85%) et la minorité tutsi (14%), un équilibre jusque là articulé autour du tandem formé par le CNDD-FDD et l'Uprona, seul parti n'ayant pas boycotté les élections de 2010.

L'esprit de la Constitution veut que le premier vice-président soit issu d'un autre groupe ethnique que le président et d'un parti différent.

"Sur 84 députés votants, 82 députés ont voté pour, zéro se sont abstenus et 2 ont voté contre" la nomination de Prosper Bazombanza, a annoncé le président de la Chambre, Pie Ntavyohanyuma, à l'issue d'un vote à main levée, en l'absence de 16 des 17 députés de l'Uprona.

Seul présent, Bonaventure Niyoyankana, réputé proche du pouvoir, que le gouvernement avait vainement tenté fin janvier de placer à la tête de l'Uprona.

Au Sénat, M. Bazombanza a recueilli l'unanimité des 31 présents, en l'absence des deux seuls sénateurs Uprona.

L'Uprona avait envoyé sa propre liste de candidat, mais le président Nkurunziza a choisi un autre candidat.

"C'est une mascarade, un coup de force du parti au pouvoir qui vient d'imposer son candidat à ce poste qui revient au parti Uprona et cela va avoir de graves conséquences pour ce pays", a dénoncé Bonaventure Gasutwa, le porte-parole de l'Uprona.

De son côté, Willy Nyamitwe, un porte-parole de la présidence burundaise s'est dit "satisfait car il y a avait urgence à avoir un premier vice-président pour combler le vide institutionnel".

Prosper Bazombanza, tutsi, est né en 1960. Il est membre de l'Uprona.

"C'est la logique de l'affrontement qui a finalement prévalu, c'est malheureux pour le Burundi et très inquiétant, car le pouvoir est entrain de jouer avec le feu", a estimé un diplomate ayant requis l'anonymat.

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