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Le ministre français de la Défense en Centrafrique, risque de "partition" pour l'ONU

Le ministre français de la Défense en Centrafrique, risque de "partition" pour l'ONU

Le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, s'est rendu mercredi en Centrafrique pour afficher la détermination de Paris à faire cesser des exactions qui relèvent pour Amnesty International du "nettoyage ethnique" et, selon l'ONU, menacent le pays de "partition".

Après des mois de violences, "la brutalité sectaire est en train de changer la démographie du pays, la partition de facto de la RCA (République centrafricaine) est un risque avéré", s'est alarmé mardi le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon.

Parallèlement, le Programme alimentaire mondial (PAM) devait lancer un pont aérien entre Douala (Cameroun) et Bangui pour acheminer 1.800 tonnes de vivres, de quoi alimenter 150.000 personnes pendant un mois. Une opération qui restera toutefois insuffisante face à l'ampleur de la crise alimentaire et humanitaire.

Après avoir rencontré à Bangui les soldats français de l'opération Sangaris, M. Le Drian s'est rendu avec la présidente centrafricaine de transition, Catherine Samba Panza, à Mbaiki, à 80 km au sud-ouest de la capitale, localité qui illustre l'exode des musulmans de régions entières, a constaté une journaliste de l'AFP.

Ils ne sont plus que quelques dizaines à Mbaïki, 2 à 3.000 ayant fui par la route la semaine dernière, a-t-on appris sur place.

C'est la troisième fois que M. Le Drian se rend en Centrafrique depuis le déclenchement de l'opération militaire française Sangaris le 5 décembre.

Mardi à Brazzaville, il avait durci le ton contre les milices qui sévissent en Centrafrique, affirmant que les forces internationales étaient prêtes à mettre fin aux exactions, "si besoin par la force".

"Il faut que l'ensemble des milices qui continuent aujourd'hui à mener des exactions, à commettre des meurtres, arrêtent", avait averti M. Le Drian.

Le pays a sombré dans le chaos depuis le coup d'Etat en mars 2013 de Michel Djotodia, chef de la coalition rebelle Séléka à dominante musulmane. Devenu président, il a été contraint à la démission le 10 janvier pour son incapacité à empêcher les tueries entre ex-Séléka et milices d'autodéfense anti-balaka, majoritairement chrétiennes.

Les forces française et africaine (Misca) agissent sous l'égide de l'ONU, qui les a dotées en décembre dernier d'un mandat autorisant l'emploi de la force en cas de menace directe sur la population civile.

Jusqu'à présent, elles ne sont pas parvenues à mettre fin aux violences meurtrières et aux pillages, qui se traduisent par un exode de civils musulmans pour chercher refuge essentiellement aux Tchad et Cameroun voisins.

La Misca compte actuellement 5.400 hommes - sur les 6.000 prévus - et l'opération Sangaris 1.600 soldats.

Cette mise en garde explicite de M. Le Drian traduit un net changement de ton depuis quelques jours envers les miliciens anti-balaka et les bandes de pillards qui continuent de sévir en toute impunité à Bangui.

Dès samedi, le commandant de la Misca, le général camerounais Martin Tumenta Chomu, leur avait adressé une sévère mise en garde. Lundi le commandant de l'opération Sangaris, le général Francisco Soriano a été encore plus direct en qualifiant les anti-balaka de "principaux ennemis de la paix" en Centrafrique, qui seront traités comme des "bandits".

Selon Amnesty International, leurs exactions contre la minorité de civils musulmans relèvent désormais du "nettoyage ethnique".

"Les soldats de la force internationale de maintien de la paix ne parviennent pas à empêcher le nettoyage ethnique des civils musulmans dans l'ouest de la République centrafricaine", écrit Amnesty, appelant la communauté internationale à "faire barrage au contrôle des milices anti-balaka et à déployer des troupes en nombre suffisant dans les villes où les musulmans sont menacés".

L'ONG cite ainsi le cas de Bossemptélé (ouest) où une attaque d'anti-balaka a fait "plus de 100 victimes parmi la population musulmane" le 18 janvier.

"Les milices anti-balaka mènent des attaques violentes dans le but de procéder au nettoyage ethnique des musulmans en République centrafricaine"", écrit Amnesty. L'organisation critique "la réponse trop timorée de la communauté internationale", en jugeant que "les troupes internationales de maintien de la paix se montrent réticentes à faire face aux milices anti-balaka".

Selon l'ONU, 1,3 million de personnes, soit plus d'un quart de la population de Centrafrique, ont besoin d'une assistance alimentaire immédiate, en particulier dans les camps de déplacés où s'entassent plus de 800.000 personnes, dont plus de la moitié à Bangui.

bur-mc/jlb

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