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JO-2014 - Freestyle: les casse-cous pour l'amour du risque

JO-2014 - Freestyle: les casse-cous pour l'amour du risque

Les débuts olympiques d'épreuves de ski et de snowboard comme le slopestyle et le half-pipe ont braqué les projecteurs sur les dangers de ces sports en perpétuelle évolution, où les risques sont omniprésente et les limites inexistantes.

Le Parc Extrême de Rosa Khoutor, où se déroulent ces épreuves, a ainsi été le théâtre de chutes et culbutes en tout genre depuis la semaine dernière.

En course ou à l'entraînement, en half-pipe, en slopestyle ou bosses, à skis ou en snowboard, les chutes et les blessures ont été légion, sans toutefois qu'un grave accident ne vienne gâcher la bonne humeur olympique de cette horde juvénile et enthousiaste, toute fière de s'être fait une place sous le soleil de l'olympisme et de prouver qu'elle y est autant à sa place qu'un curleur.

Mais, plus que la clavicule fracturée du snowboardeur norvégien Torstein Horgmo, le genou explosé des bosseurs Heidi Kloser (USA) et Guilbaut Colas (FRA) ou la mâchoire abîmée de la skieuse canadienne Yuki Tsubota, c'est l'absence de Sarah Burke à Sotchi qui symbolise le danger de ces sports.

Pionnière de son sport, la Canadienne aurait pu être au départ de l'épreuve de ski slopestyle mardi à Rosa Khoutor. Mais sa vie s'est arrêtée à 29 ans, en janvier 2012, neuf jours après un accident à l'entraînement dans le half-pipe de Park City (Utah).

Fin 2009, le snowboardeur américain Kevin Pearce, alors 22 ans, a tutoyé la mort quand sa tête a tapé contre le bord de ce même half-pipe de Park City. Incapable de marcher et de parler à cause de blessures au cerveau, il a dû tout réapprendre alors qu'une médaille lui tendait les bras aux JO-2010.

Sandra Laoura avait déjà une médaille olympique en poche (bronze du ski de bosses en 2006) quand sa vie a basculé. Gravement touchée au dos en chutant à l'entraînement en 2007, la Française n'a jamais remarché.

"Il y a des risques et de la peur dans ce qu'on fait mais pour moi c'est une super sensation d'arriver à battre la peur. Ce n'est pas ça qui m'arrêtera, ça fait partie de notre sport", témoigne Kim Lamarre, médaillée de bronze en ski slopestyle et qui, à 25 ans, s'est déjà déchiré trois fois le ligament croisé antérieur (LCA) d'un genou, comme sa compatriote canadienne Kaya Turski, une des reines de la discipline mais qui n'est pas allée en finale après deux chutes -sans gravité- en qualifications.

Sous leurs airs décontractés, véhiculés par un parler difficilement déchiffrable par les non initiés, des codes vestimentaires spécifiques et une confraternité rafraîchissante qui transcende les nationalités, ces athlètes sont des sportifs professionnels qui risquent leur santé et leur vie, au même titre qu'un descendeur dans le portillon de départ de la Streif à Kitzbühel.

"On fait tout pour minimiser les risques: équipements protecteurs, préparation physique et mentale, utilisation de trampolines et d'air bags pour répéter les sauts avant d'aller sur la neige", disait Mike Jankowski, l'entraîneur de l'équipe américaine de snowboard half-pipe et slopestyle, peu après la mort de Sarah Burke.

"On se prépare physiquement tout l'été pour être capable, l'hiver venu, d'absorber ses impacts", souligne de son côté Kim Lamarre, qui résume bien l'esprit de ces sports qui vont toujours +plus vite, plus haut, plus fort+, fidèle à la devise olympique: "Des limites ? c'est rare qu'on utilise ce mot".

Tous les +riders+ ne se protègent pourtant pas suffisamment. L'Américaine Devin Logan ne porte que son casque, pas même de protection dorsale: "ça me rend claustrophobe de porter ces trucs", avoue la médaillée d'argent du ski slopestyle.

"Parfois, tu te demandes si c'est la peine de faire subir ces épreuves à ton corps et à toi-même. Tu es en colère, admet Logan, bientôt 21 ans. Mais au bout de deux mois (d'arrêt), tu sens déjà le feu en toi qui revient et tu veux juste y retourner."

bpe/el

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