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Chypre: les négociateurs oeuvrent pour une solution rapide

Chypre: les négociateurs oeuvrent pour une solution rapide

Les dirigeants chypriote-grec et chypriote-turc ont affirmé leur volonté de parvenir à un règlement "aussi vite que possible" pour une réunification de l'île méditerranéenne, à la reprise mardi des négociations favorisée par la perspective d'une exploitation des réserves gazières.

Le président de la République de Chypre Nicos Anastasiades (chypriote-grec) et le dirigeant de la République turque de Chypre Nord (RTCN, autoproclamée) Dervis Eroglu se sont rencontrés pendant une heure et demie dans les locaux de l'ONU sur l'aéroport désaffecté de Nicosie, en présence de la responsable des Nations unies à Chypre, Lisa Buttenheim.

"J'espère qu'aujourd'hui est le début de la fin d'une situation indésirable et inacceptable qui a maintenu notre île et notre peuple divisés pendant 40 ans", a dit M. Anastasiades au terme des discussions, les premières depuis deux ans.

On "se dirige vers un nouveau processus à Chypre et si Dieu le veut, il n'y aura pas de marche arrière et le problème chypriote sera réglé", a de son côté estimé à Ankara le Premier ministre truc Recep Tayyip Erdogan.

Chypre est coupée en deux depuis l'invasion turque de 1974, en réaction à une tentative de coup d'Etat qui visait à la rattacher à la Grèce.

Trente ans plus tard, le pays était entré divisé dans l'Union européenne, après l'échec d'un plan de réunification piloté par l'ONU et soumis à referendum qui avait été largement approuvé par les Chypriotes-turcs mais rejeté par les Chypriotes-grecs.

Des discussions poussives avaient repris en 2008, puis suspendues en 2012. Après des mois d'âpres pourparlers, les deux dirigeants se sont mis d'accord vendredi sur une déclaration conjointe préparée par l'ONU pour fixer le cadre des pourparlers.

"Les dirigeants auront pour objectif de parvenir à une solution aussi vite que possible et d'organiser ensuite des referendums distincts", selon une déclaration commune lue devant la presse par Mme Buttenheim.

Elle a précisé que la prochaine rencontre, au niveau des négociateurs, était prévue "cette semaine".

La déclaration commune résume le cadre des négociations sur une réunification rendue plus nécessaire que jamais par la perspective d'exploitation des richesses gazières de l'île et une récession historique dans la République de Chypre.

Elle réaffirme qu'un règlement, s'il est approuvé par referendum, consistera en "une fédération bi-communautaire et bi-zonale", dans laquelle Chypre "sera une entité légale unifiée sur le plan international, avec une souveraineté unique".

La Constitution prévoira "que la fédération unifiée de Chypre soit composée de deux Etats membres de statut égal" et interdira "une union partielle ou totale avec un quelconque autre pays".

Confronté à une forte opposition aux négociations parmi les Chypriotes-grecs, M. Anastasiades a souligné que l'accord sur la feuille de route "n'était que le début d'efforts laborieux pour parvenir aux objectifs souhaités", ajoutant qu'il espérait un règlement "sans gagnants ni perdants".

L'UE s'est félicitée du fait que la déclaration commune "établit une base solide pour la reprise des négociations en vue d'un règlement global juste et durable".

Le communiqué commun a également été salué par Londres et Paris, alors que le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a promis "un engagement résolu" en faveur des efforts en cours.

Son représentant à Chypre, Alexander Downer, a exhorté les deux parties à admettre qu'"il est dans leur intérêt de régler leurs différends, parvenir à un accord sur une vision commune de l'avenir entre les deux communautés et conclure les négociations pour réaliser cette vision".

La Maison Blanche a elle aussi salué le "courage" et la "vision" des dirigeants Anastasiades et Eroglu et a promis "l'engagement diplomatique des Etats-Unis".

Après des années de négociations infructueuses, la récente découverte de gisements gaziers au large de l'île comme près des côtes israéliennes a changé la donne.

Pour Hubert Faustmann, professeur d'histoire et de sciences politiques à l'Université de Nicosie, il s'agit de "la plus grande opportunité pour la paix depuis 2004". "Washington a mis beaucoup de poids dans ce dernier effort de paix parce que le gaz et le pétrole changent le jeu (...). C'est une situation gagnant-gagnant pour tout le monde", estime-t-il.

Israël, qui réfléchit à exporter son gaz via un gazoduc passant dans les eaux chypriotes et la Turquie, ou à investir dans une usine de liquéfaction de gaz sur l'île, "ne donnera pas son gaz à Chypre à moins qu'il y ait une solution", note M. Faustmann.

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