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Berlinale: comment être soldat et humain en Afghanistan ?

Berlinale: comment être soldat et humain en Afghanistan ?

Comment rester un être humain en Afghanistan quand on est soldat? La réalisatrice autrichienne Feo Aladag pose la question dans "Inbetween worlds", présenté mardi à la 64e Berlinale, un film réalisé -- fait rarissime -- dans ce pays en guerre.

Le film a été tourné en mai et juin 2013 dans la région de Mazar-i-Sharif et de Kunduz (nord), dans la région où sont déployés l'essentiel des quelque 3.000 soldats allemands, a expliqué Feo Aladag devant les journalistes.

Les deux acteurs afghans principaux ont été dénichés dans les rues de Mazar-i-Sharif, d'autres via un casting à Kaboul. Beaucoup ne sont pas des professionnels.

Un seul était présent à Berlin où il devait fouler le tapis rouge en soirée, Mohsin Ahmady, arrivé la veille de Kaboul et qui se "retrouve pour la première fois dans notre monde", a dit la réalisatrice.

"Inbetween worlds" ("Entre deux mondes") raconte le parcours de Jesper (Ronald Zehrfeld), un soldat allemand envoyé en mission en Afghanistan, là où son frère a été tué précédemment.

Il commande une unité chargée de protéger un petit village. Pour faciliter ses relations avec les villageois et les combattants pro-gouvernementaux, on lui adjoint un interprète, Tarik (Mohsin Ahmady).

Lui et sa jeune soeur (Saida Barmaki), étudiante à l'université, vont dès lors être la cible des talibans.

Comme l'a rappelé devant la presse, Jawed Taiman, directeur de la production en Afghanistan, "dès que vous travaillez pour les Occidentaux, vous êtes sur la liste noire, vous êtes un traître".

Tarik en fait est bien plus qu'un simple interprète: "il fait de l'interprétation culturelle, plus que de la traduction mot à mot", a expliqué la cinéaste de 42 ans, auteur précédemment du remarqué "Nous partons" sur une jeune femme turque vivant en Allemagne et prise entre deux cultures.

"C'est un médiateur entre les deux mondes (...) un trait d'union entre l'étranger qui arrive dans ce pays totalement perdu et les habitants", poursuit-elle.

La réalisatrice a aussi voulu tourner sur place pour "montrer le quotidien des soldats allemands" dans cette situation: patrouilles et accrochages avec les talibans bien sûr mais aussi discussions animées avec les villageois après qu'une de leur vache a été abattue par un soldat, etc.

L'histoire bascule inexorablement vers le drame alors que la rigueur des règles militaires se fait sentir de plus en plus fort.

En comprenant que pour établir une vraie relation de confiance avec la population, il faut agir concrètement, Jesper devra choisir entre obéir ou désobéir.

"Quand un soldat s'enrôle dans l'armée allemande, il prête serment mais aussi s'engage à suivre en dernier recours sa conscience et non pas les ordres de ses supérieurs, un point important compte tenu de l'histoire allemande" marquée par la dictature nazie, a relevé Feo Aladag.

Interrogée sur les conditions de tournage, singulièrement pour une femme, Feo Aladag a répondu qu'elle s'attendait "à ce que ce soit plus dur par rapport au respect".

"Est-ce qu'on allait être pris au sérieux autant en amont dans la préparation qu'une fois sur place? En fait on a été très bien traités. Bien sûr les femmes de l'équipe ont porté un foulard sur la tête. Il faut simplement se comporter soi-même de façon respectueuse", a poursuivi la cinéaste.

"Nous avons élus des députés qui ont donné leur feu vert au déploiement (...) et ceux qui reviennent sont marqués par leur expérience", a déclaré l'acteur allemand Ronald Zehrfeld.

Selon une étude récente, plus d'un soldat allemand sur sept revenant de mission en Afghanistan souffre de troubles psychologiques, dont la moitié ne sont pas détectés.

da/fjb/bir

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