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Le "Terminator" Ntaganda accusé de crimes ethniques en RDC

Le "Terminator" Ntaganda accusé de crimes ethniques en RDC

L'ex-chef de guerre Bosco Ntaganda a eu un "rôle central" dans les crimes "ethniques" commis dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC) en 2002 et 2003, notamment le viol d'enfants soldats, a accusé lundi la procureure de la Cour pénale internationale.

Evoquant une ancienne enfant soldat, la procureure Fatou Bensouda a affirmé, lors d'une audience de confirmation des charges, que la jeune recrue "a été violée de manière répétée durant sa formation": "les soldats venaient parfois par groupes de trois".

Surnommé "Terminator" car réputé sans pitié, Bosco Ntaganda est également soupçonné d'avoir lui-même violé et réduit en esclavage sexuel des jeunes filles de moins de 15 ans.

Ces actes étaient un "message officiel d'approbation" pour ses soldats, qui violaient les jeunes filles "sous la menace de la mort", selon le document contenant les charges contre celui qui s'était livré volontairement à la CPI en mars 2013.

M. Ntaganda doit répondre de crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis par les Forces patriotiques pour la libération du Congo (FPLC), dont il était le chef militaire.

Milice à prédominance Hema, les FPLC combattaient principalement l'ethnie rivale Lendu pour le contrôle de l'Ituri, région riche en ressources naturelles, notamment de l'or, et en proie à des violences ayant fait quelque 60.000 morts depuis 1999.

Pour la procureure, "Bosco Ntaganda et l'UPC/FPLC ont persécuté des civils sur des bases ethniques".

Mme Bensouda a jusqu'à vendredi pour convaincre les juges que les preuves récoltées sont assez solides pour ouvrir un procès. Ils rendront une décision dans les 60 jours.

Pour la défense, les charges sont imprécises: la procureure "tire à l'aveugle dans l'espoir de toucher quelque chose", a assuré Marc Desalliers, avocat de M. Ntaganda.

M. Desalliers a appelé les juges à voir "au-delà de la caricature présentée" par l'accusation: "le but de l'UPC était d'assurer la protection de la population, toutes ethnies confondues".

Le charismatique chef rebelle était assis dans le fond de la salle d'audience. Crâne rasé et fine moustache, il a écouté la procureure les bras croisés et le regard souvent vide, ne laissant paraître aucune émotion.

"Je suis militaire", a-t-il dit au début de l'audience à la juge qui lui demandait sa profession. Son rôle au sein des FPLC était "central", a pointé Mme Bensouda.

Une fille recrutée dans sa milice aurait été violée en tant que punition et reçu 150 coups de fouet. "Elle a mis un mois à guérir", selon Mme Bensouda.

L'ancien commandant des FPLC Thomas Lubanga avait été condamné en 2012 à 14 ans de prison par la CPI pour avoir enrôlé et utilisé des enfants de moins de 15 ans.

"Pour la première fois (...), la CPI soupçonne un haut responsable militaire de viol et esclavage sexuel contre des enfants soldats au sein de sa propre milice", a souligné l'ONG "Initiative des femmes pour la justice des genres".

L'association Avocats sans frontières s'est quant à elle réjouie de la participation des victimes à la procédure, tout en insistant sur la nécessité que "leur sécurité soit pleinement assurée et que leurs témoignages restent confidentiels", car "la situation à l'est de la RDC reste volatile".

Alors qu'il était un des chefs de guerre les plus recherchés de la région des Grands Lacs, Bosco Ntaganda, 41 ans, avait été en mars 2013 le premier à se livrer à la CPI, où quatre autres Africains sont écroués.

Celui qui a vécu par les armes au sein de nombreuses milices, et même un temps comme général de l'armée congolaise, faisait l'objet de deux mandats d'arrêt.

Craignant pour sa vie, il s'était réfugié à l'ambassade des Etats-Unis au Rwanda, après l'éclatement de sa milice congolaise du M23. Deux factions rivales s'étaient affrontées avant que celle de M. Ntaganda, en déroute, ne passe la frontière.

Le M23 avait finalement capitulé en novembre 2013. Mais selon certains experts de l'ONU, le M23 a repris le recrutement au Rwanda et est à nouveau actif en Ituri.

Certains observateurs, dont l'ONU, accusent Ntaganda d'être au service du Rwanda en Ituri, ce qu'a toujours nié Kigali.

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