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Neuf ans après la victoire "orange", la 2e "révolution" ukrainienne cherche sa couleur

Neuf ans après la victoire "orange", la 2e "révolution" ukrainienne cherche sa couleur

Regardée du ciel, ou du dernier étage de l'hôtel Ukraine tout proche, la "révolution" ukrainienne est jaune et bleu clair, les couleurs nationales qui flottent partout sur la place de l'Indépendance, dite le Maïdan, le haut lieu de la contestation.

Neuf ans après la Révolution orange de l'automne de 2004 et la victoire de ce mouvement pro-occidental, pas une seule trace de sa couleur fétiche n'est visible.

"La couleur de notre révolution ?" Pensive, une manifestante quinquagénaire, Svetlana, debout devant le podium d'où se déverse un discours enflammé d'un dirigeant de l'opposition, se gratte la tête.

"On ne l'a pas encore trouvée. Jaune et bleu ? Ce sont les couleurs de l'Ukraine, nous y sommes attachés, mais les autres (les responsables au pouvoir) les utilisent aussi... Je dirais +grise+, car elle dure si longtemps, cette révolution, et on ne sait plus comment cela va se terminer, mais je ne veux pas le dire, non, pas grise".

Le choix est pourtant assez vaste.

Le bleu européen - plus sombre que le bleu ukrainien - apparaît sur de nombreuses banderoles. Les partis politiques Oudar (Coup) de Vitali Klitschko et Batkivchtchina (Patrie) de Ioulia Timochenko et Arseni Iatseniouk, utilisent le rouge et le blanc sur les leurs, mais les seules autres couleurs réellement présentes sont le rouge et le noir des drapeaux de la guérilla nationaliste controversée UPA du temps de la Seconde guerre mondiale, repris en toute connaissance de cause par les nationalistes de droite d'aujourd'hui du groupe paramilitaire Pravy Sektor, et aussi par le parti Svoboda (Liberté).

Un solitaire drapeau couleur framboise flotte bien haut au-dessus d'une tente pour rappeler que les Cosaques, très attachés à leur identité et à leurs traditions, sont là.

Les tagueurs de l'opposition, qui ont couvert de leurs oeuvres très politiques les murs de la rue Grouchevski, lieu des affrontements dans le centre de Kiev entre police et manifestants ayant fait quatre morts et environ 500 blessés, n'ont pas choisi une couleur en particulier.

"On n'oubliera jamais les héros du Maïdan", clame une grande inscription en bleu sur un mur sans fenêtres. "L'Est et l'Ouest ensemble", a-t-on écrit en grosses lettres rouges, comme pour conjurer les risques de division du pays entre l'Ouest ukraïnophone et nationaliste et l'Est plus proche de la Russie.

"Ca suffit de se bourrer la gueule, il est temps de se battre", peut-on lire sur un graffiti en noir, voisinant avec un appel plus solennel dans la même couleur "Pour votre liberté et la nôtre".

Un autre artiste appelle - en bleu - à distinguer entre "la police avec le peuple et les poulagas avec le monstre".

Certains utilisent même le vert pour des menaces assez littéraires et couleur de sang : "Nous noierons les Berkout (forces antiémeute) dans leur propre sang" et "des rivières de sang couleront jusqu'à la mer Noire".

via/neo/bds

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