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José Castro, le juge qui fait trembler la monarchie espagnole

José Castro, le juge qui fait trembler la monarchie espagnole

Sourire malicieux, discret et déterminé, le juge José Castro s'est forgé une image de travailleur infatigable mais s'est aussi attiré les critiques en menant une enquête ultra-sensible, qui pourrait un jour conduire devant un tribunal la soeur du roi d'Espagne.

A 68 ans, José Castro est connu pour son langage sans détour, qu'il applique de la même façon aux petits délinquants passant par sa salle d'instruction de Palma de Majorque qu'aux plus célèbres de ses "mis en examen".

Avec la plus grande partie de sa carrière derrière lui, il n'a pas hésité à appliquer son ironie coutumière à sa plus illustre inculpée à ce jour: l'infante Cristina, 49 ans, premier membre de la famille royale à être mis en examen.

Seuls quelques feuillets auraient suffi. Mais en janvier, le juge Castro a dédié 227 pages à motiver son inculpation pour fraude fiscale et blanchiment d'argent. Mercredi, il reprenait une bonne partie de son argumentaire pour s'amuser à nouveau de la difficile justification de certaines factures attribuées à la société Aizoon, détenue pour moitié chacun par l'infante et son époux, Iñaki Urdangarin, 46 ans.

José Castro soupçonne ce dernier, ex-champion olympique de handball, d'avoir détourné plus de six millions d'argent public avec un ex-associé.

Mercredi, il notait que les délits de fraude fiscale dont il soupçonne Urdangarin "auraient difficilement pu être commis, sans, au moins, la connaissance et l'accord de son épouse, même si, face à l'extérieur, elle gardait l'attitude propre à ceux qui regardent ailleurs".

Dans cette affaire, Aizoon aurait servi de société écran pour détourner une partie des fonds, que la princesse a pu utiliser pour payer des dépenses personnelles. Comme ces "cours de salsa et de merengue dispensés au domicile familial" dont "il est très peu probable qu'ils aient une relation avec les activités d'Aizoon S.L".

La minutie employée pour enquêter, jusqu'aux plus infimes factures de parking, sur ce dossier depuis 2010, ne surprend pas son entourage.

"Il travaille énormément, tout Palma le sait", témoigne son fils, David Castro, 39 ans.

Né à Cordoue, en Andalousie, le 20 décembre 1945, José Castro a été nommé quarante ans plus tard au tribunal de Palma avant de prendre la direction de la salle d'instruction numéro 3 en 1990.

Il y a gagné la profonde affection de ses collaborateurs, qui soulignent son côté "humain" et flegmatique.

S'il avait déjà instruit des dossiers retentissants sur l'île dans les années 1990, c'est avec l'affaire "Palma Arena" que sa carrière a pris une envergure nationale au potentiel explosif.

Depuis 2008, il enquête sur la construction de ce stade vélodrome, dont le financement serait lié à des malversations.

Dans cette affaire, une myriade d'inculpés ont défilé dans sa salle d'interrogatoire, dont de grandes personnalités comme l'ancien président de la région des Baléares, Jaume Matas, ou le célèbre architecte Santiago Calatrava.

A partir de 2010, le juge Castro décide de se concentrer sur un nouveau volet: la gestion de l'Institut Noos, une fondation à but non lucratif présidée par Iñaki Urdangarin entre fin 2003 et 2006.

Avec la mise en examen en décembre 2011 du gendre du roi, cet homme d'allure simple, habitué des jeans et vestes en cuir, lâche une première bombe qui ébranle la monarchie.

Muet devant les journalistes, qu'il salue d'un sourire en coin aux abords du tribunal où il arrive souvent en scooter, il est plus chaleureux avec les passants qui l'encouragent dans la rue.

"C'est un homme très discret", explique son fils David.

"Discret ?" manque de s'étouffer l'avocat de l'un de ses inculpés les plus célèbres. "C'est un +homme spectacle+: le ton qu'il emploie dans ses arrêts va bien au-delà du technique et du juridique, il veut qu'on en parle."

Avec l'inculpation de l'infante, le juge Castro s'est aussi attiré les critiques, publiques, du procureur anticorruption des Baléares, Pedro Horrach, avec qui il travaillait jusque-là en étroite collaboration.

Intégrité professionnelle ou soif de notoriété: José Castro, contre vents et marées, a mené à son terme une instruction explosive.

elc/sg/ros

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