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Attentats au Liban : l'application pour dire qu'on est vivant

Attentats au Liban : l'application pour dire qu'on est vivant

Avec la résurgence des attentats, les Libanais voient leurs nerfs mis à rude épreuve. Au point où une application a vu le jour pour rassurer ses proches lors d'attentats.

Un texte de Marie-Ève Bédard

Depuis janvier seulement, sept attentats terroristes sont venus rappeler aux Libanais l'échec de la position officielle de neutralité de leur gouvernement démissionnaire dans le conflit syrien. Banlieue sud de Beyrouth, Hermel, Arsal, Tripoli : autant d'endroits qui sont devenus synonymes d'attentats-suicide, de voitures piégées, de la peur de devenir des victimes innocentes au mauvais endroit au mauvais moment, de celle de perdre un être cher.

Cette peur qui transforme les habitudes des Libanais. Beyrouth la grégaire devient Beyrouth la méfiante. Les gens sortent moins dans les lieux publics, on se méfie des voitures qui longent les trottoirs et les utilisateurs des transports en commun soupçonnent leurs voisins de banquette dans les autobus de transporter des bombes.

5 mots qui rassurent

Martin Karam, un étudiant en biologie, ne sort plus dans les boîtes de nuit. Il tente de deviner où la terreur frappera de nouveau et se sert des médias sociaux pour rester au courant des incidents et des menaces. Il s'en sert aussi pour rassurer sa famille et ses amis quand un nouvel incident survient.

Le 1er février dernier, une voiture a explosé au centre de Hermel, sa ville natale. Il savait que tous ses proches seraient inquiets pour lui. Son premier réflexe : ouvrir l'application « I am alive » sur son téléphone pour leur envoyer un message automatisé en un seul clic : « Je suis toujours en vie. »

Une application ironique qui s'avère pratique

Cette application, on la doit à Sandra Hassan, une jeune étudiante libanaise à la maîtrise en Santé publique à Paris. Elle avoue l'avoir conçue non sans une dose d'ironie au départ, cherchant surtout à dénoncer la violence dans son pays. « Malgré le point de départ un peu tragicomique, cette appli pourrait avoir un vrai usage dans différents scénarios de crise », explique-t-elle.

Pour le moment, les messages ne peuvent être diffusés que sur Twitter. Son auteur voudrait ajouter Facebook et d'autres réseaux sociaux à l'application dans un avenir rapproché. « L'accès à Internet dans ces situations est toujours plus fiable que de faire un appel. Il y a beaucoup d'utilisations possibles pour l'application dans le contexte des crises civiles », ajoute la jeune femme.

L'application gratuite s'est avérée si populaire que Sandra Hassan travaille sur des versions internationales ou qui puissent être appliquées à des crises au-delà des attentats.

Au quotidien

D'autres ont trouvé une utilité différente à cette application, comme Mahmoude Mahfud, un jeune homme de 24 ans qui passe son temps entre Tripoli, où il habite, et la banlieue sud de Beyrouth, où il rend visite à sa famille. Tous les jours sont pour lui une raison d'utiliser l'application. « Dès que le taxi s'arrête devant chez moi, j'envoie le message. C'est une façon pour moi de me féliciter d'avoir déjoué la mort. Cette application est devenue essentielle au Liban. »