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Victoria Nuland, très diplomate en public, très franche en privé

Victoria Nuland, très diplomate en public, très franche en privé

La diplomate américaine Victoria Nuland, dans la tourmente après ses propos peu amènes sur le rôle de l'UE dans la crise ukrainienne, est connue pour sa fine connaissance des arcanes des relations internationales et un franc-parler qui peut parfois surprendre.

Son "que l'UE aille se faire foutre", prononcé lors d'une conversation téléphonique avec un diplomate américain, a poussé la chancelière allemande Angela Merkel à sortir de ses gonds et qualifier ces propos d'"absolument inacceptables".

Il est vrai que Victoria Nuland, 52 ans, est habituée à une certaine rusticité qui détone parfois dans les cénacles feutrés de la diplomatie.

A une époque révolue, Mme Nuland, qui débutait alors sa carrière au département d'Etat, a ainsi passé plusieurs mois sur un chalutier soviétique en compagnie de marins russes bruts de décoffrage.

Cette mission américano-soviétique dans les eaux du Pacifique lui a permis de parfaire son goût pour un petit verre de vodka occasionnel, mais elle l'a aussi grandement aidée à se défendre en russe, langue qu'elle parle désormais couramment.

Et si en public Victoria Nuland, "Toria" pour les intimes, incarne l'image même de la diplomate, elle n'hésite pas adopter en privé un langage autrement plus fleuri.

Aujourd'hui responsable de la diplomatie américaine en Europe, elle s'est très vite rangée du côté des manifestants ukrainiens qui protestent contre le président Viktor Ianoukovitch. En décembre, elle s'était ainsi rendue sans prévenir sur la place de l'Indépendance de Kiev, le Maïdan, pour y distribuer du pain aux protestataires.

Cet épisode l'a sans doute ramenée plus de 20 ans en arrière, en 1991, où, jeune diplomate, elle s'était mêlée aux masses manifestant contre la tentative de putsch communiste à Moscou.

"Le souvenir de ces journées me rappelle que les valeurs universelles qui unissent la communauté transatlantique et sous-tendent tout ce que nous entreprenons ensemble guident les peuples, partout, tout le temps", déclarait-elle en septembre lors de sa cérémonie d'investiture.

Victoria Nuland a rejoint le département d'Etat à seulement 23 ans et a vite pris du galon dans l'environnement notoirement masculin de la diplomatie américaine.

"Je me suis dit: +ça va me faire connaître l'aventure. Je vais faire ça pendant cinq ans et puis je verrai ce que je ferai quand je serai grande+", racontait-elle au magazine des anciens de l'Université Brown, dans le Rhode Island (nord-est), où elle a étudié.

Elle a été en poste à la première ambassade américaine de Mongolie quand elle avait 28 ans, à Guangzhou (Canton), en Chine, a été conseillère à la sécurité nationale de l'ancien vice-président Dick Cheney et ambassadrice des Etats-Unis à l'Otan de 2005 à 2008.

Mais les journalistes qui couvrent le département d'Etat la connaissent surtout comme porte-parole du ministère, poste qu'elle a occupé de 2011 à 2013.

Sa nomination par Hillary Clinton, alors secrétaire d'Etat, avait fait grincer quelques dents: son époux, l'expert en géopolitique conservateur Robert Kagan, avait conseillé le candidat républicain à la présidentielle Mitt Romney.

Mais Victoria Nuland s'est illustrée par sa connaissance des dossiers et ses joutes avec les journalistes qui tentaient de la pousser à lâcher une de ses, rares, réponses cinglantes dont elle a le secret.

Au cours de sa cérémonie d'investiture à son poste actuel, le secrétaire d'Etat John Kerry avait raconté une anecdote révélatrice. Sergueï Lavrov, l'homologue russe de M. Kerry avait félicité ce dernier d'avoir renvoyé Victoria Nuland, dont les relations avec M. Lavrov étaient pour le moins compliquées.

"Je me suis régalé. Je l'ai regardé (Lavrov) et lui ai dit: +mais non, je l'ai promue+", rapportait le chef de la diplomatie américaine.

jkb/gde/jca

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