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L'élection à la tête de Tokyo dimanche pourrait virer au duel atomique

L'élection à la tête de Tokyo dimanche pourrait virer au duel atomique

L'élection du gouverneur de Tokyo dimanche risque de virer au duel atomique entre le favori du pro-nucléaire chef de gouvernement japonais Shinzo Abe et un duo d'ex-Premiers ministres d'avis contraire.

Les bureaux de vote ont ouvert à 07H00 locales (22H00 GMT), mais les plus fortes chutes de neige depuis plus de 45 ans pourraient affectuer le taux de participation dans la mégalopole japonaise, selon les observateurs.

Près de onze millions de Tokyoïtes sont appelés aux urnes pour choisir le plus haut responsable politique de la capitale japonaise, le chef de la préfecture de Tokyo qui préside aux destinées du coeur de la troisième puissance économique mondiale.

Cette élection au scrutin uninominal à un tour a été convoquée pour remplacer Naoki Inose qui a démissionné en décembre à cause d'un retentissant scandale politico-financier. Les médias nippons présentent Yoichi Masuzoe, 65 ans, et Morihiro Hosokawa, 76 ans, comme les principaux favoris, avec un net avantage pour le premier d'après les derniers sondages.

Le Japon attend avec intérêt cette élection que M. Hosokawa a tenté de transformer en référendum contre l'usage de l'énergie nucléaire, avec le soutien d'un autre ancien Premier ministre (de 2001 à 2006), l'incontrôlable Junichiro Koizumi.

Depuis la fin de son passage à la tête d'un gouvernement de coalition centriste en 1993-1994, M. Hosokawa s'était consacré à la poterie, mais l'accident nucléaire de Fukushima de mars 2011 l'a convaincu de revenir, autant qu'il a persuadé son allié populiste de droite que le Japon devait en finir avec l'énergie nucléaire.

Ces deux retraités de la politique de différents bords se sont retrouvés sur ce constat, partagé par une partie de l'opinion nippone, et ont battu la campagne ensemble, frêle silhouette d'Hosokawa au côté de la crinière blanche de Koizumi.

"Ce scrutin sera une bataille entre ceux qui pensent que le Japon peut se passer d'énergie nucléaire et ceux qui affirment le contraire", a lancé M. Koizumi, visant non seulement M. Masuzoe mais surtout son plus important soutien, Shinzo Abe, actuel Premier ministre et chef du grand parti de la droite japonaise (PLD) autrefois présidé par M. Koizumi.

M. Abe plaide depuis son retour au pouvoir il y a un peu plus d'un an pour que soient relancées les centrales de l'archipel, arrêtées par précaution après l'accident de Fukushima. Il juge cette énergie indispensable à un archipel dépourvu de ressources naturelles.

Bien que le gouverneur de Tokyo n'ait pas de prise directe sur les décisions nationales, les commentateurs estiment qu'une bonne performance de M. Hosokawa pourrait avoir des retombées sur le débat en cours.

Reste que la campagne des Hosokawa-Koizumi a peiné à décoller et que les électeurs pourraient se décider sur des considérations plus terre à terre, souligne Tomoaki Iwai, professeur à la Nihon University.

Il juge que M. Masuzoe semble rassurer les électeurs, aidé par son CV impeccable: ancien professeur de relations internationales parlant couramment le français comme l'anglais, il se fit connaître comme commentateur de TV avant d'embrasser une carrière de sénateur puis de ministre des Affaires sociales (2007-2009) plutôt bien perçu.

"Les électeurs semblent vouloir préserver leur vie telle qu'elle est" en mettant l'accent sur les questions socio-économiques, estime M. Iwai.

Hormis ces favoris, deux autres candidats pourraient réaliser des scores notables: l'avocat anti-nucléaire et défenseur des libertés publiques Kenji Utsunomiya, soutenu par le Parti Communiste, et l'ancien chef de l'armée de l'air japonaise Toshio Tamogami, au discours ultra-nationaliste.

Quel qu'il soit, le nouveau gouverneur travaillera à la préparation des Jeux olympiques de 2020 à Tokyo. Mais il devra oeuvrer aussi à ce que cette puissance économique de 13 millions d'habitants, dont le budget équivaut à celui de la Suède, réponde au défi du vieillissement de sa population et de la forte menace sismique, tout en conservant son formidable pouvoir d'attraction culturel et commercial.

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