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Libye: tensions avant des manifestations contre la plus haute instance politique

Libye: tensions avant des manifestations contre la plus haute instance politique

Des appels à manifester vendredi contre la prolongation du mandat de la plus haute instance politique en Libye, font craindre une nouvelle flambée des violences dans ce pays divisé qui peine à mettre fin à une période de transition chaotique.

Une attaque jeudi soir contre le siège de l'état-major de l'armée à Tripoli a aggravé les craintes d'une journée mouvementée durant laquelle les autorités de transition pourraient rapidement perdre le contrôle de la situation.

L'ampleur de la mobilisation pour les manifestations reste toutefois incertaine, malgré la multiplication des appels sur les réseaux sociaux. Aucune heure ni lieu précis n'ont été fixés pour les rassemblements qui devraient avoir lieu dans l'après-midi après la prière.

Elu en juillet 2012 lors des premières élections libres de Libye après huit mois d'une révolte armée qui a chassé du pouvoir le dictateur Mouammar Kadhafi, le Congrès général national (CGN) avait pour mission de préparer l'élection d'une Constituante et d'organiser des élections générales, dans un délai de 18 mois.

Selon ce calendrier, prévu par une déclaration constitutionnelle, sorte de mini-Constitution provisoire qui régit la transition post-Kadhafi, le mandat du CGN devrait donc s'achever le 7 février.

Mais le CGN a entériné lundi sa décision de prolonger son mandat jusqu'en décembre 2014, opérant des amendements constitutionnels, malgré l'opposition d'une grande partie de la population qui critique son incapacité à rétablir l'ordre et mettre fin à l'anarchie.

Population et partis politiques sont divisés: certains estiment que le Congrès était derrière tous les maux du pays et exigent sa dissolution, et d'autres affirment "défendre la légitimité" et craindre le vide.

L'Alliance des forces nationales (libérale), principale force politique du pays, s'est déclarée contre la prolongation du mandat du Congrès, défendue par les islamistes.

De leur côté, milices et groupes armés ont choisi chacun son camp, sur fonds d'une lutte d'influence.

Ainsi, la Cellule des opérations des révolutionnaires en Libye, une milice pro-islamiste officieusement sous la tutelle de l'armée, a apporté son appui "à la légitimité" du Congrès, tout comme les puissants groupes armés de Misrata (ouest) qui ont tenu à souligner que le "Congrès était une ligne rouge".

Leurs rivaux de la ville de Zenten, parmi les groupes armés les plus influents, assurent en revanche qu'ils protègeraient tout mouvement populaire contre le CGN, et dans un communiqué, ils ont averti à leur tour que le "peuple et la volonté du peuple" étaient une "ligne rouge".

Le mufti, la plus haute autorité religieuse du pays, Sadek al-Ghariani, accusé d'"ingérence dans la politique" et d'alliance avec le bloc islamiste au Congrès, a défendu "la légitimité du CGN" et mis en garde contre le "chaos".

Un mouvement partisan du "Non à la prolongation" avait organisé plusieurs manifestations à travers le pays ces dernières semaines, mais il a affirmé dans un communiqué qu'il n'organisait pas la manifestation de vendredi.

"Vu la tension actuelle, nous ne pouvons pas garantir la sécurité des manifestants. Il y a eu plusieurs intervenants, y compris des groupes armés et nous craignons des débordements", a expliqué un membre du mouvement.

Le ministre de l'Intérieur par intérim, al-Seddik Abdelkarim, a ordonné aux services de sécurité de "protéger les manifestants pacifiques", selon l'agence officielle Lana.

A Tripoli, l'armée a indiqué avoir repoussé jeudi soir une attaque contre son quartier général menée par des "hommes armés qui ont tenté d'y entrer", mais qu'il n' y avait pas eu de victimes.

Mais selon une autre source militaire, il n'y a pas eu d'attaque et des combats ont éclaté après une dispute entre soldats.

Ces troubles interviennent au moment où le sort du Premier ministre Ali Zeidan, est toujours incertain, même après l'échec d'une motion de censure contre son gouvernement.

Ses détracteurs ont indiqué cette semaine que des blocs parlementaires avaient convenu de lui trouver un remplaçant dans un délai de deux semaines.

Cette instabilité politique risque d'affaiblir encore plus les autorités de transition incapables jusqu'ici de rétablir l'ordre et la sécurité dans un pays en proie à l'anarchie et aux violences meurtrières quasi-quotidiennes.

ila/tp

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